Siemens : « La prise de conscience de l’empreinte environnementale des achats IT progresse »
Par Guillaume Trecan | Le | It
Nissrine Massaq, Directrice des achats Siemens Smart Infrastructure France décrit son plan pour réduire l’empreinte environnementale de ses achats IT. Elle sera grand témoin du prochain dîner-débat du Club Managers Achats, le 13 février à Paris.
Dans quelle mesure votre politique achats responsables s’applique-t-elle à la famille des achats IT ?
Nous avons mis en place une politique d’achats IT durables depuis plusieurs années, intégrée dans notre programme DEGREE lancé en 2021, qui structure notre démarche RSE. Cette politique couvre l’ensemble de nos achats IT, incluant le software et le hardware. Nous travaillons également sur l’impact environnemental des prestations intellectuelles, un sujet particulièrement complexe, mais essentiel pour notre équipe achats.
Nous avons allongé la durée d’utilisation de nos PC et téléphones
Quelles actions avez-vous entreprises pour réduire l’impact environnemental de vos achats IT ?
Dans le cadre de nos accords de leasing, nous avons allongé la durée d’utilisation de nos PC et téléphones, contribuant ainsi à une réduction significative de leur empreinte environnementale. Nous avons également optimisé la logistique en supprimant des étapes intermédiaires permettant ainsi une expédition directe aux utilisateurs finaux et réduisant les émissions liées au transport.
Nous privilégions l’achat d’accessoires sans suremballage ou fabriqués à partir de matériaux recyclés, comme des coques en plastique recyclé. Pour garantir leur durabilité, ces accessoires sont systématiquement testés par un panel de salariés sélectionnés aléatoirement. Nos anciens téléphones sont revalorisés et nous privilégions toujours la possibilité de leur donner une seconde vie. En retour, nous recevons un certificat d’impact détaillant les économies réalisées en CO₂, en eau et en matières premières, ce qui nous permet de suivre nos progrès en matière de durabilité.
Par ailleurs, nous collaborons avec des Esat pour l’achat de packagings 100 % recyclables destinés à certains accessoires. Enfin, nous favorisons des partenaires comme Samsung et Apple, dont les engagements RSE et la protection de la vie privée sont plus conformes à nos exigences mais ne manquons pas de les challenger lorsque cela est nécessaire avec les bonnes pratiques du secteur et ou certain concurrent novateur sur ces sujets.
Travaillez-vous également sur les usages des collaborateurs ?
Nous avons mis en place plusieurs initiatives pour encourager nos collaborateurs à adopter des pratiques plus responsables en matière d’utilisation du matériel IT. Tout d’abord, nous les sensibilisons à l’entretien de leurs équipements pour prolonger leur durée de vie. Des communications régulières leur rappellent, par exemple, la procédure pour sécuriser et protéger leurs équipements, afin d’éviter des casses inutiles. Par ailleurs, si un téléphone est accidentellement cassé dans une période donnée après son attribution, nous privilégions dans la mesure du possible les remplacements de modèle équivalent disponible dans notre parc. Concernant les achats, si un collaborateur souhaite commander un produit en dehors de la liste des équipements éco-responsables référencés, il doit justifier sa demande auprès du service IT, garantissant ainsi la cohérence avec notre politique d’achats durables. Tous les ordinateurs sont paramétrés de manière à réduire la consommation d’énergie en cas d’inactivité.
Nous avons lancé des campagnes de sensibilisation conseillant les utilisateurs sur les meilleures pratiques pour prolonger la durée de vie de leur matériel
Enfin, nous avons lancé des campagnes de sensibilisation conseillant les utilisateurs sur les meilleures pratiques pour prolonger la durée de vie de leur matériel, notamment en adoptant des gestes simples pour préserver la batterie de leur téléphone.
Quelle trajectoire chiffrée avez-vous définie ?
Nous évaluons l’empreinte carbone de nos fournisseurs à l’aide du questionnaire Carbon Web Assessment, basé sur leurs déclarations et complété par des audits permettant de vérifier et fiabiliser les données. Notre ambition à l’échelle mondiale est de couvrir 80 % de l’empreinte CO₂ de nos fournisseurs grâce à ces évaluations. Cet objectif s’inscrit dans notre stratégie de réduction des émissions indirectes et nous permet d’identifier les leviers d’amélioration prioritaires au sein de notre chaîne d’approvisionnement.
Comment les motivez-vous pour qu’ils s’investissent dans ces sujets ?
Nous avons effectué un travail d’explication pour les convaincre de remplir notre questionnaire et nous les accompagnons dans ce processus, comme s’ils étaient des collaborateurs de Siemens. Une personne de mon équipe est dédiée à cette tâche, et elle vérifie également les informations qu’ils nous fournissent. Nous avons priorisé les fournisseurs à embarquer dans la démarche en fonction de leur caractère stratégique et de leur volume d’achats, les abordant par vagues.
A l’avenir, seuls les fournisseurs répondant à nos critères RSE seront sélectionnés
Pensez-vous que les fournisseurs et vos clients ont bien conscience de l’empreinte environnementale de l’achat IT ?
La prise de conscience de l’empreinte environnementale des achats IT progresse, mais reste variable selon les acteurs. Certains de nos clients nous interrogent sur nos engagements en matière de RSE, et nous appliquons la même exigence à nos fournisseurs. Ils ont bien compris que ce sujet est devenu un critère clé de sélection. Le 19 décembre, lors de nos Sustainability Suppliers Days, nous avons adressé un message fort à nos partenaires : à l’avenir, seuls les fournisseurs répondant à nos critères RSE seront sélectionnés. Pour renforcer cet engagement, nous avons commencé à utiliser un système de bonus-malus fondé sur les résultats du Carbon Web Assessment. Bien qu’il ne soit pas encore totalement déployé, il s’inscrit dans notre trajectoire et sera progressivement intégré dans nos décisions d’achats pour privilégier les fournisseurs les plus engagés.