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Le cabinet AdVaes présente l’empreinte carbone des principaux acteurs du numérique

Par Mehdi Arhab | Le | It

Le cabinet AdVaes s’est attaché à collecter les données des empreintes carbone des principaux acteurs du numérique en France, les analysant et les publiant. Un nouvel outil qui affiche quelques limites mais qui se révèle extrêmement utile pour les donneurs d’ordre.

Le cabinet AdVaes présente l’empreinte carbone des principaux acteurs du numérique
Le cabinet AdVaes présente l’empreinte carbone des principaux acteurs du numérique

Pour se conformer aux réglementations actuelles et à venir - notamment la CSRD -, les entreprises n’ont plus d’autres choix que de publier la structure de leur empreinte carbone globale. Elles s’intéressent évidemment à leurs émissions directes internes (scope 1), à leurs émissions liées à la production par des tiers d’énergie utilisée (scope 2), mais aussi à leur chaîne de valeur et donc leurs émissions indirectes (scope 3), lesquelles sont souvient bien plus complexes à estimer. Et le scope 3 comprend évidemment les prestataires du numérique. Transférer un SI d’un datacenter interne à un prestataire externe (cloud ou non) transfère l’énergie utilisée pour son fonctionnement du scope 1 au scope 3. Et, quoi qu’il arrive, cette donnée doit être calculée et comptabilisée. Le cabinet AdVaes a récemment publié une étude sur l’empreinte carbone des prestataires du numérique actifs en France.

Première du genre, cette étude est plus que bienvenue pour les donneurs d’ordre, quand bien même elle affiche quelques petites limites, lesquelles sont clairement indiquées par le cabinet. D’une part, l’information n’est pas toujours disponible pour le seul marché français (certains acteurs sont de fait exclus des classements) et d’autre part, les chiffres donnés relèvent tout de même du seul déclaratif. «  L’analyse conduite s’est heurtée au manque d’informations objectivées ainsi que de données plus précises quant aux indicateurs analysés. Plusieurs explications peuvent être données : caractère sensible des informations, mesure non encore effective, faible maturité, sujet non stratégique… », indique le cabinet.

Des résultats disparates

Toutefois, les chiffres communiqués peuvent servir de base pour les premiers travaux des entreprises. L’étude donne des chiffres sur un total de 80 prestataires pour les années 2021, 2022 et 2023. Les classements se basent sur les rapports millions de tonnes CO² sur millions d’euros de chiffres d’affaires. Ils tiennent donc compte de l’évolution de l’activité. Les classements indiquent également les évolutions de ce rapport afin de valoriser ceux qui améliorent leur performance et ceux qui, au contraire, voient leur performance se dégrader.

Près de la moitié des répondants (49 %) dit avoir défini des objectifs de décarbonation d’ici à 2030. Plus inquiétant en revanche, 15 % des structures interrogées ont indiqué n’avoir aucune idée de ce que représente la CSRD, directive qui impose un reporting extra-financier des impacts. Par ailleurs, sur la moitié des entreprises qui ont défini une feuille de route en matière de réduction de leur empreinte environnementale, seules 34 % ont d’ores et déjà travaillé sur une analyse de double matérialité. Une organisation sur trois ne s’est pas attachée à entamer leur analyse des risques extra-financiers ou au rapport de durabilité. Advaes précise toutefois que les prestataires qui ne sont pas directement concernés dans les deux ans à venir par la directive devraient commencer à s’y intéresser, car leurs donneurs d’ordre et fournisseurs seront désormais plus vigilants sur le sujet et potentiellement soumis à la chose.

Pour les 7 entreprises sur 10 qui indiquent avoir réalisé leur bilan carbone, 4 sur 5 indiquent avoir calculé leur scope 3. Selon les données récoltées par le cabinet, les émissions directes de gaz à effet de serre ont chuté de 14 % entre 2022 et 2023 chez ceux qui les mesurent, mais elles ont augmenté de 5,6 % en scope 2 (émissions indirectes liées à l’énergie) et de 1,9 % en scope 3. Beaucoup d’entreprises (78 %) indiquent avoir promu les mobilités douces et réduit les voyages d’affaires. Dans l’ensemble, les analystes du cabinet affirment que «  pour 50 % des prestataires analysés, les émissions de GES globales s’élevaient à plus de 300 millions de mtCO₂ équivalent pour un chiffre d’affaires mondial cumulé de plus de 2 200 milliards d’euros ». Des chiffres évidemment extrêmement importants, mais bien moins que ceux d’autres secteurs. Les pistes d’amélioration sont nombreuses, notamment en matière de consommation énergétique. Près de 4 répondants sur 10 indiquent par exemple ne pas connaître précisément la leur. La consommation d’énergie électrique en MWh a, selon les données récoltées, augmenté de 14,1 %, celle provenant des énergies dites vertes a crû de 4,4 %.

Beaucoup de répondants indiquent en revanche s’intéresser à la durée de vie de l’ensemble de leurs matériels. Par exemple, celle des ordinateurs et des smartphones semble « avoir été étendue d’au moins 1 an en moyenne entre 2023 et 2024 ». Plus de la moitié des répondants disposent de serveurs dont la durée de vie est comprise entre trois et six ans (cinq ans en moyenne). L’économie circulaire est désormais intégrée par bon nombre de prestataires. Le prolongement de la durée de vie des matériels est cité par plus de 80 % de ceux-ci, tout comme le recours à des produits en seconde vie et au recyclage.