CyberVadis veut renforcer sa position à l’international après sa première levée de fonds
Par Mehdi Arhab | Le | Décisionnel
Tout juste un an après avoir quitté les bras d’EcoVadis pour prendre seule en main sa destinée, CyberVadis, plateforme d’évaluation des risques cyber, a levé sept millions d’euros. Une grande première pour la start-up française qui espère, avec cette opération, concrétiser ses ambitions à l’international. Elle vise plus précisément le Vieux continent et les États-Unis.
Et d’une ! Née dans le giron d’EcoVadis, CyberVadis a réalisé la première levée de fonds de son histoire. Une annonce officialisée en cette fin de mois de mai, un an seulement après que CyberVadis ait pris son indépendance et acté sa scission avec EcoVadis, spécialisée, elle, dans l’évaluation RSE. Un choix effectué juste après la levée de fonds de 500 millions d’euros de sa grande sœur. « L’activité CyberVadis s’inscrit dans tout autre chose, il était donc logique de se séparer. Nous nous adressons à un autre marché », commente Estelle Joly-Foillard, fondatrice et COO de CyberVadis. Dans le cadre de son indépendance, CyberVadis avait appelé Edouard Lacarriere pour prendre les responsabilités de CEO. Un DAF et un CTO avaient également été recrutés pour renforcer le top management.
Des recrutements prévus et l’international pour croître
Le tour de table de CyberVadis, lui, a été mené par le fonds d’investissement suédois Zobito, qui avait auparavant déjà placé ses billes chez EcoVadis. La structure actionnariale de la jeune pousse, dont le projet a vu le jour en 2016, n’est malgré tout pas bouleversée. Pierre-François Thaler ainsi que Frédéric Trinel, cofondateurs et CEO d’EcoVadis, CVC et Partech poursuivent en effet l’aventure. « Les investisseurs du fonds Zobito sont tous d’anciens entrepreneurs du monde de la tech. C’est un avantage certain », complète Estelle Joly-Foillard.
CyberVadis, qui fournit une plateforme de gestion des programmes d’évaluation des risques cyber des tiers (third party cyber risk management), souhaite à travers cette opération accélérer son développement à l’international. L’entreprise est d’ailleurs présente depuis trois ans maintenant en Allemagne et au Royaume-Uni. « Nous avons des équipes sur place et commençons à avoir des clients », révèle la COO.
Pour grandir et toucher du doigt ses ambitions, CyberVadis compte justement renforcer sa position en Europe et vise très rapidement les États-Unis. Une évidence puisque cette dernière région compte pour environ 30 % de sa clientèle. Et justement, sur cette contrée, CyberVadis a fait preuve d’anticipation. « Nous avons commencé à recruter des collaborateurs l’an dernier aux États-Unis », fait savoir Estelle Joly-Foillard. CyberVadis prévoit par ailleurs d’investir dans sa R&D pour développer et enrichir sa plateforme de nouvelles fonctionnalités. Celle qui prend désormais les formes d’une start-up a également jeté les bases d’un plan de recrutement pour accompagner sa croissance. Il comprend l’embauche de nouveaux talents sur les fonctions supports et commerciales plus particulièrement. « Notre équipe R&D représente 25 % de nos effectifs, elle est déjà très solide », note Estelle Joly-Foillard. Pour le moment, CyberVadis compte une centaine de collaborateurs dans ses rangs.
De nombreux grands groupes comme clients
Nous nous approchons davantage des 100 % de croissance que des 10 %
Si CyberVadis n’a pas souhaité communiquer son chiffre d’affaires et ses objectifs en la matière à moyen terme, elle revendique une croissance à deux chiffres sur son dernier exercice fiscal. « Nous nous approchons davantage des 100 % de croissance que des 10 % », assure Estelle Joly-Foillard. CyberVadis affirme également avoir séduit 25 % des entreprises du CAC 40. Et si ces dernières sont tombées dans son escarcelle, c’est avant tout parce qu’elles peuvent évaluer l’aptitude de leurs fournisseurs, les plus petits notamment, à détecter et réagir à une cyberattaque. Une épreuve qui peut avoir des répercussions de taille et immédiates sur leurs activités. À ces clients grands comptes qui dépassent largement le milliard d’euros de chiffre d’affaires, de nombreuses ETI et petites entreprises recourent également à la plateforme de CyberVadis. Celles-ci s’abonnent, pour 1 000 euros en moyenne, afin d’être évaluées et avoir une scorecard détaillée. « Souvent, ces structures ne comptent pas de ressources en matière de cybersécurité », rappelle Estelle Joly-Foillard.
Alors que le marché ne cesse de se développer, CyberVadis fonde sa proposition de valeur sur la fiabilité des informations qu’elle récolte. En effet, à la manière d’EcoVadis, la start-up indique s’appuyer sur des « preuves » et non des éléments déclaratifs, qui peuvent être, pour certains, inventés et fallacieux. « Nous avons eu la chance de tirer profit de toute l’expertise et du savoir-faire d’EcoVadis, de leur process et leur méthode d’analyse », reconnaît Estelle Joly-Foillard, qui ajoute : « nous contactons les fournisseurs qui nous donnent accès à des documents qui font office de preuve. C’est ce qui fait notre fiabilité ».
Pour les analyser, CyberVadis compte dans ses rangs de nombreux analystes et experts en cybersécurité. Ces derniers établissent à la fin de leurs travaux une note sur 1 000 et communiquent à leurs interlocuteurs un plan de remédiation priorisé. Une aubaine pour les grands groupes, qui réduisent indirectement leurs risques cyber en évaluant en amont leurs tiers fournisseurs en la matière. Et une bénédiction aussi pour les fournisseurs qui peuvent aussi, à la suite d’une procédure robuste et poussée, s’améliorer grâce aux recommandations et conseils portés par CyberVadis. Depuis son lancement, la société a évalué des milliers d’entreprises dans près d’une centaine de pays. Celles-ci opèrent sur divers secteurs d’activité. Près de la moitié sont établies en Europe (25 % en France), 30 % sur les Amériques, principalement aux Etats-Unis donc et 20 % en Asie.
Si CyberVadis ne s’interdit pas de lever de nouveau des fonds, l’entité n’en fait pas une obsession et préfère se concentrer sur sa structuration et son développement. « Nous attendons de croître pour opérer une plus grosse levée de fonds. Notre réussite réside dans le fait d’avoir en premier lieu monter une plateforme robuste, avec des clients pilotes qui nous ont aidés à la monter », expose pour conclure Estelle Joly-Foillard.