Avec sa conférence Sustain, EcoVadis frappe fort
Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité
Comme de tradition désormais, EcoVadis, célèbre pour sa plateforme d’évaluation RSE, a réuni les 13 et 14 mars derniers près de 1 000 personnes au théâtre Le Trianon - et bien plus à distance - dans le cadre de sa conférence phare Sustain, millésime 2023. Cet événement dédié aux Achats responsables mobilise chaque année une communauté venue des quatre coins du globe.
EcoVadis ne perd pas ses bonnes vieilles habitudes. Après avoir levé en juin dernier pas moins de 500 millions d’euros, la plateforme d’évaluation RSE, créée en 2007 et de dimension internationale aujourd’hui, a cette fois-ci refait surface dans le cadre d’exception du théâtre Le Trianon. Celle qui a dépassé le statut de « licorne », pour entrer dans la catégorie des « centaures », a tout récemment organisé Sustain, sa conférence annuelle consacrée aux Achats responsables, développement et finance durables. Après l’avoir organisé trois ans de suite en virtuel, pandémie de Covid oblige, cette 7ème édition, hybride, portait sur le thème #Commited.
Comptant plus des centaines et des centaines de donneurs d’ordres dans sa besace, lesquels cumulent quelque 3 000 milliards de dollars d’achats, EcoVadis ne cesse de se développer et de fédérer nombre de professionnels. Un engouement qui peut s’expliquer, comme l’a évoqué en introduction Pierre-François Thaler, co-fondateur d’EcoVadis, par un « monde environnementalement, socialement, économiquement et d’un point de vue géopolitique également rempli d’incertitudes ». « Dans cette période d’incertitudes justement, la communauté EcoVadis, forte de 100 000 entreprises évaluées, constitue une force du changement », embraye de son côté Frédéric Trinel, co-fondateur d’EcoVadis. De son côté, le champion français emploie 1 400 personnes, établis dans différentes contrées en Europe, aux États-Unis et en Asie.
La collaboration, clé de la décarbonation des opérations
Invité d’honneur d’EcoVadis, Bertrand Piccard, illustre psychiatre, explorateur et environnementaliste suisse, connu pour avoir créé la fondation Solar Impulse ainsi qu’avoir codéveloppé et copiloté l’avion solaire du même nom, avec lequel il a réalisé un tour du monde, a en ce sens rappelé que « protéger l’environnement est économiquement profitable à tous. Le développement durable est une opportunité incroyable de croissance (…) Il existe de nombreuses solutions à déployer. »
Nous devons démystifier les questions autour du scope 3
Alors que les enjeux relatifs au scope 3 sont de plus en plus prégnants au sein des entreprises, les chaînes d’approvisionnement devant faire face à des défis colossaux, largement aggravées par les différentes crises successives des trois dernières années, une table ronde traitait de l’amélioration des pratiques pour réduire efficacement ses émissions. Or, la résolution des problématiques liées au scope 3 est loin d’être évidente pour bon nombre d’organisations. En effet, la réduction des émissions de la supply chain reste l’un des aspects les plus complexes à traiter. « Nous devons démystifier les questions autour du scope 3 », a d’ailleurs indiqué Alexander Nick, directeur du Climate Action. « Une data parfaite pour agir sur le sujet n’est pas nécessaire », a quant à lui tempéré, Dexter Galvin, directeur au sein du CDP, qui voit dans le scope 3 quelque chose de « sexy ».
Prié de témoigner sur ses bonnes pratiques, Christophe Quiquempoix, VP Global Procurement - Sustainable Procurement de Schneider Electric a détaillé le plan d’action de sa structure en matière de décarbonation. « Ne détenant pas la vérité absolue », dixit l’intervenant, le géant français avance pas à pas, mais ne manque pas d’ambition. « Nous visons la neutralité carbone à l’horizon 2050. Donc, pour y arriver et décarboner la supply chain, il nous faut obligatoirement embarquer nos fournisseurs », a expliqué Christophe Quiquempoix. Le groupe a ainsi lancé le « Zero Carbon Project », poussant ses 1 000 principaux fournisseurs, qui représentent 70 % de son empreinte carbone, à réduire de moitié leurs émissions de CO2 d’ici à 2025. Pour ce faire, l’entreprise leur fournit des outils qui les aideront à établir et à atteindre leurs propres objectifs de réduction de leur empreinte sur l’environnement. Un vaste chantier, d’autant que Schneider Electric a « découvert que 70 % de [ses] fournisseurs démarraient leurs initiatives en matière de décarbonation ».« Nous ne devons pas seulement aux fournisseurs de décarboner, nous devons les soutenir, travailler main dans la main avec eux et les inviter à partager les meilleures pratiques ».
Des perspectives au beau fixe
Décorée du prix Best Value Chain Engagement l’année dernière pour ses initiatives de durabilité et d’engagement interne dans la mise en place de programmes d’achats responsables, la direction des achats de Schneider Electric a vu les services achats de Clariant et Deutsche Post DHL lui succéder. Les deux lauréats ont été primés pour leur programme visant à engager les fournisseurs, non seulement sur ce qu’il faut faire, mais aussi sur les raisons de le faire. La direction des achats de Lidl International et Lenovo ont été également récompensées d’un trophée pour leur initiative d’approvisionnement durable. Pour les féliciter de leur progression en matière de développement durable EcoVadis a également primé les directions des achats d’Estée Lauder, Evonik et Shiseido Company.
Juste avant l’annonce des différents lauréats 2023 de Sustain, EcoVadis a exposé ses perspectives pour l’année 2023. Grâce à sa plateforme technologique et ses innombrables experts, EcoVadis assure avoir évalué plus de 100 000 entreprises sur la base de preuves établies. Le mastodonte français estime également couvrir plus de 200 catégories d’achats, ainsi que plus de 175 pays. EcoVadis affirme avoir « screené 1,3 million d’entreprises » et également séduit plus de 1 000 donneurs d’ordres ; LVMH, L’Oréal et donc Schneider Electric étant certains des plus connus.
Afin d’améliorer sa proposition de valeur, Ecovadis prévoit des améliorations profondes de ses différents modules au cours des prochains mois. « Nous voulons continuer de développer et améliorer nos solutions », a confirmé Frédéric Trinel, qui a annoncé des investissements à ce sujet. En ce sens, après avoir lancé l’an dernier le module d’action carbone, EcoVadis propose désormais la « Carbon Heatmap », un outil qui prend la forme d’une cartographie de ses émissions carbones.