Etude PWC : La RSE et la gestion des risques au cœur des feuilles de route des directions achats
Par Mehdi Arhab | Le | Consultant
La dernière étude sur la digitalisation des fonctions achats réalisée par PwC révèle que ces dernières prévoient d’investir massivement dans une solution d’évaluation de leur empreinte carbone. Elles concentrent également leurs efforts sur le re-sourcing et la gestion des risques. Toutefois, leur niveau de digitalisation interpelle.
La transformation digitale n’est pas vraiment mise à l’honneur au sein des feuilles de route des fonctions achats françaises, à l’inverse de leurs confrères étrangers. En effet, comme le montre la dernière étude menée par PwC, leur taux de digitalisation est inférieur de 30 % à la moyenne mondiale. Les écarts avec l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Amérique du Nord sont conséquents. « Peu importe les métiers, les dépenses en technologies sont moins importantes en France. Mais les directions achats françaises ne font pas forcément moins bien que leurs homologues étrangers, elles agissent simplement autrement », explique Isabelle Carradine, associée, spécialiste de la transformation de la fonction Achats au sein de PwC France et Maghreb.
La RSE, le re-sourcing et la gestion des risques en tête des préoccupations
Poussées notamment par la pandémie de Covid et la crise, les directions achats concentrent leurs investissements sur d’autres thématiques. Si le Source-to-pay ne constitue plus un objet pour ces dernières - près de 80 % des structures achats étant outillées en la matière - les enjeux RSE, le re-scourcing, la gestion des risques et la data deviennent leurs grandes priorités à horizon 2025. « La RSE est désormais au cœur des objectifs et des investissements à venir des directions achats. Elles s’intéressent également au re-sourcing. Cela constitue l’une de leurs priorités », note Isabelle Carradine, qui rappelle également l’importance de la réduction des coûts pour les directions achats.
La RSE est perçue comme une solution leur permettant de réduire les risques d’approvisionnement.
35 % des répondants estiment en effet que le re-sourcing est un sujet essentiel de leur feuille de route et plus du tiers des structures achats interrogées jugent qu’il est indispensable d’investir dans une solution de calcul de leur empreinte sur l’environnement, contre 13 % au niveau mondial. Une différence qui s’explique par le fait que les directions achats françaises sont considérées comme incontournables dans la mise en place d’une stratégie globale respectueuse des objectifs de développement durable. « La RSE est perçue comme une solution permettant de réduire les risques d’approvisionnement. Elle permet aux directions achats de se concentrer sur des circuits d’approvisionnement plus courts et d’avoir une meilleure maîtrise de leur process », commente Isabelle Carradine.
Le management des risques occupe aussi fortement les esprits des directions achats. La notion de « Risk Management » prend par ailleurs le nom de « Risk and Crisis Management » dans de nombreuses entreprises étrangères. 25 % des sondés s’inquiètent par ailleurs des risques cyber, indiquant avoir déjà enduré une attaque. « Le management des risques est encore trop peu industrialisé. Les secteurs bancaire, financier et assurantiel ont opéré une transformation digitale complète en la matière et se révèlent performants sur le sujet. Le risk management est ancré dans leur ADN, l’approche know your customer, déclinée en know your supplier, s’avère plus efficace. Les entreprises, industrielles notamment, devront la retranscrire à leur secteur », appuie Isabelle Carradine.
La digitalisation des fonctions achats françaises moins perceptible
Les directions achats françaises ne se distinguent donc pas particulièrement sur le sujet de la digitalisation. Le taux de digitalisation s’est même quelque peu réduit ; celui-ci ayant été revu à la baisse de 6 % en moyenne par les Achats. « Le niveau d’investissement des directions achats dans la transformation digitale est tout de même plus important que par le passé », soutient Isabelle Carradine, qui confirme que la digitalisation des directions achats se poursuivra doucement mais sûrement dans les années à venir.
Nous observons un lien de corrélation direct entre le taux de digitalisation et la facilité à gérer et à utiliser la donnée »
Une nécessité, la digitalisation permettant à terme un accès facilité à la donnée, ainsi qu’une meilleure utilisation et valorisation de celle-ci. « Nous observons un lien de corrélation direct entre le taux de digitalisation et la facilité à gérer et à utiliser la donnée. De nombreuses directions achats déclarent encore rencontrer des difficultés à créer de la valeur à partir de leurs données et tout cela ne pourra passer que par la digitalisation », conclut Alexandre Roux, consultant senior en transformation achats chez PwC France et Maghreb.