Révolution dans le monde bancaire, Banque Palatine s’équipe de smartphones reconditionnés
Par Mehdi Arhab | Le | Environnement
Banque Palatine, filiale à 100 % du groupe BPCE, a décidé de renouveler sa flotte mobile. Et plutôt que de se tourner comme de coutume vers des produits neufs, la Banque, ETI parmi les ETI, a décidé d’équiper ses plus de 1 000 collaborateurs de smartphones reconditionnés. Une initiative importante et qui a réclamé une collaboration des Achats avec la DSI et la direction RSE. Décryptage :
Spécialisée dans la gestion du patrimoine et opérant au service des ETI du territoire hexagonal, Banque Palatine, filiale à 100 % du groupe BPCE, a récemment engagé une démarche RSE notable : celle d’équiper ses plus de 1 000 collaborateurs en smartphones reconditionnés. Une initiative nouvelle et significative, pilotée par la direction des services informatiques, la direction RSE et, bien sûr, les Achats. « Nous travaillons avec quelques entreprises du secteur adapté et protégé. Mais il s’agit assurément de notre première grande action en matière d’achats responsables. Jamais nous n’avions initié une démarche de cette ampleur, intégrée aux process achats », expose Alexis Menon, directeur environnement et achats de la filiale, dont le périmètre global s’élève à 30 millions d’euros et qui a piloté, côté Achats, la mise en œuvre du projet avec une de ses collaboratrices.
Des économies carbones phénoménales
À la faveur de ce choix stratégique, Banque Palatine revendique une économie de quelque 82 tonnes de matières premières liées à la fabrication de téléphones portables neufs et de plus de 70 tonnes équivalent CO2 d’émission. Dans l’ensemble, la banque intermédiaire estime économiser pas moins de 90 % en équivalent CO2 d’émission.
Il est novateur pour une entreprise, d’autant plus une banque, d’équiper ses collaborateurs avec ce type de produit
Bénéfique du point de vue environnemental, ce projet d’entreprise a démarré au deuxième trimestre 2022, sous l’impulsion de la direction générale de la filiale. Celle-ci souhaitait développer une démarche pionnière dans le secteur bancaire, au sein duquel la sécurité des données occupe tous les esprits. « Il est novateur pour une entreprise, d’autant plus une banque, d’équiper ses collaborateurs avec ce type de produit », commente d’ailleurs Alexis Menon à ce sujet.
La sécurité informatique, face cachée du projet
Après consultation, le choix de Banque Palatine s’est porté sur Phone Recycle Business, un acteur français du secteur. Le prestataire est au demeurant la filiale de leasing de Phone Recycle Solution, nom bien connu de la téléphonie reconditionnée, avec plus d’un million de téléphones vendus en 2021. D’autres protagonistes du marché du reconditionné, davantage orientés consommateurs, avaient aussi été sourcés, mais peu d’entre eux paraissaient en mesure de répondre rapidement aux attentes de Banque Palatine. « Nous nous étions intéressés, lors de la phase de sourcing, à des acteurs bien connus sur le marché BtoC. Mais ceux-ci ne déployaient pas de solution de cet ordre sur le BtoB », retrace Alexis Menon.
La DSI a été particulièrement regardante sur le sujet, donnant son aval. En tant que banque, nous avons tout particulièrement été attentifs à l’enjeu de la sécurité des données.
Au-delà de son aptitude à répondre aux volumes demandés, Phone Recycle Business a convaincu Banque Palatine - et plus particulièrement sa direction des services informatiques - en répondant à un certain nombre de prérequis techniques en matière de sécurité informatique. Passé au crible, le prestataire a en effet su s’accorder aux enjeux de son client en s’associant comme il se doit à ses procédures durant une phase de test longue de trois mois. Celle-ci vient du reste de prendre fin. « La DSI a été particulièrement regardante sur le sujet, donnant son aval. En tant que banque, nous avons tout particulièrement été attentifs à l’enjeu de la sécurité des données. Nous avons été totalement convaincus par l’intégration dans nos processus sécurisés de notre prestataire, qui nous a apporté toutes les garanties nécessaires », développe Alexis Menon.
Des gains budgétaires de 20 %
Indépendamment des questions de sécurité informatique et des bienfaits environnementaux de cette initiative, Banque Palatine peut se satisfaire de la performance économique remarquable de son choix. Alors que le déploiement du projet est imminent, la direction des achats assure d’ores et déjà accrocher des gains budgétaires de l’ordre de 20 % en coût complet. « Pour être franc, nous nous attendions à une performance économique plus importante », glisse même Alexis Menon. Si ce dernier a fait le choix de la location, il avoue également avoir envisagé de recourir à la location de matériels neufs ou à l’achat de matériels neufs en mode évolutif - revendu ensuite. « Nous avons comparé les différents scénarios », ajoute-t-il, indiquant que les gains de performance sur l’achat de matériels neufs, revendus, sont plus conséquents qu’il n’y paraît.
Quoi qu’il en soit, le mode locatif permet d’obtenir des gains économiques non négligeables ; le paiement d’un loyer pesant parfois moins lourd dans les finances que le fait de sortir souvent du cash. En outre, Banque Palatine renforcera avec cette approche sa réactivité dans la captation des innovations du marché ; de nouvelles générations de smartphones émergeant régulièrement.
L’installation des ateliers de PRB dans la capitale, où l’entreprise réalise 100 % de son activité de reconditionnement, associée à sa capacité de déployer les volumes attendus ont constitué des éléments de choix
Banque Palatine préserve ainsi sa compétitivité, ses fonds propres et développe sa démarche RSE. La filiale de BPCE profitera d’ailleurs du savoir-faire de son prestataire, fondé sur une connaissance profonde des équipements proposés et disponibles sur le marché, avec une maîtrise opérationnelle des circuits d’économie circulaire. Des circuits dans lesquels s’intègre son centre de reconditionnement établi à Paris, dans le 18ème arrondissement. Une logique de circuit court qui a compté pour la direction des achats, forcément. « L’installation des ateliers de PRB dans la capitale, où l’entreprise réalise 100 % de son activité de reconditionnement, associée à sa capacité de déployer les volumes attendus ont constitué des éléments de choix. Nous avons la sensation de revenir à des valeurs de base perdues », se satisfait Alexis Menon.
Réemploi, réutilisation et recyclage
D’ailleurs, l’ancienne flotte mobile de Banque Palatine sera envoyée auprès de Phone Recycle Business pour un usage actif comme matériel d’occasion. Les équipements seront réparés le cas échéant, mis à jour et nettoyés, pour être, in fine, reconditionnés. Ces actifs technologiques seront ensuite remis sur le marché de la seconde main. Une démarche complète, qui tenait à cœur d’Alexis Menon ainsi que de la direction RSE et qui rapportera, aussi, des gains financiers à Banque Palatine. « C’est un cercle vertueux. Nous passons au recyclé et alimentons le marché avec nos téléphones actuels. Tous ceux en état d’usage auront une seconde vie », confirme Alexis Menon.
La Banque concilie performance financière et développement durable promouvant par la même occasion des initiatives de productivité responsable et durable. Un gain majeur en termes d’image renvoyée qui pourrait, peut-être, donner d’autres idées, notamment sur l’usage des ordinateurs portables. Alexis Menon assure néanmoins que ce n’est pas d’actualité, en raison « des enjeux d’un autre type en matière de sécurité informatique, qui paraissent infiniment plus complexes ».