Première convention fournisseur pour la direction achats non marchands de Carrefour
Par Guillaume Trecan | Le | Direction ha
Un grand événement organisé en octobre a sonné la mobilisation d’une centaine de fournisseurs européens dans la deuxième phase du plan de performance achats qui doit alimenter la transformation du groupe. Un plan de performance qui encore doit générer quatre milliards d’euros d’achats entre 2023 et 2026.
Pour la première fois dans sa déjà longue histoire, la direction des achats non marchands du groupe Carrefour a réuni près de son siège de Massy une centaine de ses fournisseurs stratégiques venus de toute l’Europe. Un événement important, voire indispensable pour le groupe, à l’heure où les Achats doivent monter au créneau pour apporter des marges supplémentaires qui donneront au groupe les moyens de se transformer plus efficacement.
Les économies que nous allons faire vont nous permettre d’alimenter ces investissements dans nos clients, nos innovations, nos services et dans la RSE
Entre 2023 et 2026, la direction des achats non marchands va encore devoir aller chercher quatre milliards d’euros d’économies, en plus des quatre milliards d’euros dégagés sur le précédent plan, 2019 à 2022. Des montants certes impressionnants au regard des neuf milliards d’euros d’achats non marchands du groupe, mais à mettre en regard avec les deux milliards d’euros d’investissements par an programmés par le groupe sur cette période, dont 200 millions d’euros de capex. « Les économies que nous allons faire vont nous permettre d’alimenter ces investissements dans nos clients, nos innovations, nos services et dans la RSE », confirme Claire Romain, dont les fonctions de directrice achats non marchands ont, cette année, été étendues aux achats MDD. « Ces efforts, nous les demandons aussi à nos fournisseurs. Nous qu’ils travaillent sur leur compétitivité et la réduction de leurs coûts pour nous alimenter avec des conditions meilleures », poursuit-elle.
Des leviers organisationnels pour mobiliser le G6
« Nous allons devoir travailler sur des leviers un peu plus compliqués pour aller chercher ces économies », reconnaît-elle, listant : « l’innovation, la gestion de la demande, la massification et la standardisation des spécifications à l’échelle européenne, des modèles opérationnels plus lean, ou encore des investissements ciblés vers une baisse des consommations énergétiques. »
Même si nous arrivions à construire un appel d’offres en commun avec nos six pays européens, nous continuions à avoir des spécifications différentes par pays
Cette deuxième phase du plan de performance achats qui accompagne la transformation du groupe incite la direction achats à transformer ses modèles organisationnels, notamment pour exploiter à fond les synergies à l’échelle européenne, en rapprochant les besoins de chaque pays. « Jusqu’ici, même si nous arrivions à construire un appel d’offres en commun avec nos six pays européens, nous continuions à avoir des spécifications différentes par pays. Nous négocions ensemble, mais avec chacun ses spécifications », note Claire Romain.
Près de 50 % de notre plan de performance se fait grâce à l’arrêt de dépenses d’une année sur l’autre
Coordonner le contrôle de la demande à l’échelle européenne
Ce travail sur les besoins sera désormais piloté au sein d’un Demand Control Excellence Center qui aura aussi pour mission de challenger les besoins pour faire la chasse aux achats superflus. « La meilleure économie, c’est l’achat que l’on ne fait pas, mais c’est la plus compliquée. Cela demande aux équipes de renoncer à acheter quelque chose. Nous avons beaucoup travaillé sur ce point et, aujourd’hui près de 50 % de notre plan de performance se fait grâce à l’arrêt de dépenses d’une année sur l’autre », indique Claire Romain.
Jusqu’ici cette démarche reposait sur l’échange de bonnes pratiques plus ou moins informelles mais elle bénéficie maintenant d’un pilotage européen. Au sein de ce Demand Control Excellence Center, une personne sera dédiée à plein temps à la coordination des actions de contrôle de la dépense à l’échelle européenne en s’appuyant sur des équipes présentes dans toutes les géographies. Des équipes plutôt issues du contrôle de gestion ayant une connaissance des opérations suffisantes pour mesurer précisément l’impact de ces coupes dans leur pays. Ces équipes seront en place d’ici la fin de l’année pour produire ses effets à plein en 2024.
Nous avons fait quelques pilotes qui nous ont montré que nous pourrions faire des économies substantielles si nous mettions cela sous contrôle d’un centre administratif achats
Externalisation des achats de Classe C
Un autre nouveau modèle opérationnel, portant sur l’externalisation des achats de classe C a été présenté aux fournisseurs pour les convaincre de la détermination du groupe à se transformer pour générer de la performance. « Aujourd’hui, nos achats de classe C sont délégués à nos équipes métiers. Nous avons fait quelques pilotes qui nous ont montré que nous pourrions faire des économies substantielles si nous mettions cela sous contrôle d’un centre administratif achats. L’idée est aussi de délester les acheteurs de tâches administratives pour qu’ils puissent se concentrer sur les stratégies de panel, les stratégies de négociation, les revues de performance », explique la directrice achats non marchands.
Ce CSP qui devrait voir le jour en 2024 pourrait être dans un premier temps confié à un partenaire externe avec une option de réinternalisation dans un second temps. Parmi les localisations envisageables, l’Espagne et la Roumanie sont des hypothèses crédibles. En Espagne 14 personnes gèrent déjà l’administratif achats au sein de l’équipe achats non marchands.
Nous devons être ensemble, avec les métiers, pour trouver les pépites qui correspondent bien à notre transformation
Vers les premières journées innovations fournisseurs
Une autre nouveauté devrait intervenir sur le levier innovation avec la création d’un comité européen pour lancer des Innovation Day en 2024 qui réunira achats et métiers. « Les Achats sont le partenaire idéal pour lancer des innovations. Mais nous devons être ensemble, avec les métiers, pour trouver les pépites qui correspondent bien à notre transformation et qui s’inscrivent dans notre stratégie », remarque la directrice achats non marchands.
Les innovations recherchées par les équipes de Claire Romain devront en grande partie servir notamment deux piliers de la transformation du groupe que sont la RSE et la digitalisation. Les innovations susceptibles d’apporter des solutions à la lutte contre le changement climatique sont donc les bienvenues, de même que celles qui permettront de réduire les emballages. « Nous avons aussi d’importants enjeux sur la partie digitale. L’e-commerce est en très forte croissance chez nous, nous avons rattrapé notre retard et, aujourd’hui, nous surperformons le marché », se félicite Claire Romain, qui rappelle aussi l’ambition du groupe d’avancer rapidement vers l’omnicanalité.