Natallia Mitchanka succède à Jérémy Pégard à la tête des achats de La Poste Immobilier

Ancienne chef du service achats industriels du groupe La Poste, Natallia Mitchanka est devenue en mars dernier directrice des achats de La Poste Immobilier. Elle a pris la succession de Jérémy Pégard, parti conduire la destinée de la direction des achats hors programme du premier groupe audiovisuel français (pour ce qui est de l’audience), France Télévision. Elle supervise une filière achats d’une quarantaine de personnes, structurée en trois grands pôles : Projet & Travaux ; Exploitation et, enfin, Excellence. En plus de sa présence au niveau national, la direction des achats de l’opérateur global immobilier du groupe La Poste compte quatre équipes régionales : la direction régionale Nord-Ouest / Ouest ; la direction régionale Centre-Est / Est ; la direction régionale Sud-Ouest Atlantique - Île-de-France et la dernière, la direction régionale Sud-Est / Occitanie.

Rattachée à Rémy Feredj, directeur général de la filiale du groupe La Poste créée en 2005 (lire son interview dans Républik Supply Le Média), Natallia Mitchanka est membre du comité de direction. Chaque année, ses équipes achats couvrent entre 500 millions et 600 millions d’euros d’achats. Depuis deux ans, le montant des achats atteint des sommets, compte tenu de la tendance haussière sans précédent qui touche les prix de l’électricité et du gaz. « Cette hausse du montant des achats est intimement liée à la famille d’achat énergie. L’inflation ne cesse de se faire ressentir », témoigne Natallia Mitchanka.

Une petite particularité caractérise la direction des achats de La Poste Immobilier. Celle-ci intervient comme category manager sur la famille d’achat énergie pour l’ensemble du groupe La Poste. Les enjeux qui lui sont liés sont, de fait, décuplés. À l’aune de la conjoncture, la directrice des achats, en première ligne donc, réfléchit avec ses équipes dédiées à la manière d’adresser le sujet. Comme d’autres grands donneurs d’ordre qui ont déjà franchi le pas, la direction des achats de La Poste Immobilier songe à conclure un (ou des) PPA. Toutefois, rien n’est encore décidé. Pour rappel, ce mécanisme permet de maîtriser ses coûts en matière d’achat d’énergie et de se prémunir de la fluctuation des prix depuis le début de la guerre en Ukraine. Il est même, aujourd’hui, le seul appareil qui permet de prendre des positions d’achat d’énergie à moyen et long terme. « Nous nous y intéressons, mais rien n’est encore acté. Nous nous questionnons sur la stratégie achat à adopter en la matière. Comme beaucoup de grands donneurs d’ordre, nous achetons à terme. Nous avons adapté notre approche d’achats par clic pour prendre des positions à l’avance, minimiser les risques et atténuer la hausse des prix. Le groupe est couvert jusqu’en 2025, année qui sonnera d’ailleurs la fin du dispositif Arenh tel que nous le connaissons ; d’ici là, nous prendrons le temps de réviser notre stratégie et de voir ce qui se présente à nous », explique Natallia Mitchanka.

La diversification du groupe suivie par celle des Achats

Pour le reste, la nouvelle directrice des achats met un point d’honneur à accompagner la diversification de la filiale du groupe La Poste par une montée en compétence de ses équipes. La Poste Immobilier gère un parc de près de 10 000 bâtiments, parmi lesquels plus de 2 000 immeubles patrimoniaux, et dont le client prioritaire est bien sûr le groupe La Poste. Un patrimoine qui représente en tout et pour tout un peu plus de 6 millions de mètres carrés. À l’horizon 2027, celle qui exerce des activités de gestion d’actifs, de gestion du parc, de développement de projets, de maîtrise d’ouvrage et propose des solutions immobilières et de conseil, compte réaliser 30 % de son chiffre d’affaires en dehors de ses actifs historiques.

La foncière du groupe La Poste a déjà entamé sa mue, prenant une participation majoritaire dans Startway et en acquérant, l’année dernière, la société Multiburo, deux acteurs importants du coworking. La Poste immobilier, qui a enregistré 861 millions d’euros de chiffre d’affaires sur son dernier exercice fiscal, a, de la sorte, consolidé sensiblement son offre en la matière et caresse l’espoir de développer d’ici à 2027 un maillage de plus de 100 sites, adossés à une offre de services innovants. Son objectif : devenir un acteur européen de premier plan sur le marché du coworking et des centres d’affaires.

Pour suivre l’évolution de la filiale et ses ambitions, nous devons être en mesure de nous développer au même rythme

Aux Achats, cela devra se traduire par de nouvelles pratiques. « Pour suivre l’évolution de la filiale et ses ambitions, nous devons être en mesure de nous développer au même rythme, tout en adressant comme il se doit le portefeuille traditionnel attaché à la gestion des achats relatifs à l’activité connue de La Poste Immobilier », fait savoir la directrice des achats. Les dépenses de la structure relèvent pour l’essentiel des achats de prestations intellectuelles, de maîtrise d’œuvre, de travaux de rénovation et de construction, de maintenance multitechnique des bâtiments et d’équipements ; sans oublier l’énergie donc.

Une organisation qui (se) doit être « entreprenante » et aller de l’avant …

Après une année 2023 marquée par l’intégration massive d’initiatives de fond en lien avec la stratégie RSE de la filiale et par l’obtention du Label RFAR - niveau exemplaire, l’année 2024 sera pour les Achats l’occasion de déployer un programme d’envergure de pilotage de la relation fournisseurs. Une brique supplémentaire apportée par Natallia Mitchanka au plan de transformation qui avait été pensé et mis sur pied par Jérémy Pégard, et sur lequel la nouvelle directrice des achats compte bien capitaliser.

« Toutes les actions aux Achats s’inscrivent dans l’ADN de la Poste Immobilier. Il nous faut ancrer ce qui a été entrepris lors de la mise en œuvre du plan de transformation et développer ce qui doit l’être encore. Les Achats sont très bien intégrés. Nous sommes vraiment performants sur la gestion des opérations, les stratégies à poser, mais il nous reste à affiner notre vision sur l’extérieur. Nous devons adapter nos pratiques, nous ouvrir sur de nouveaux écosystèmes, continuer à mener des benchmarks, faire davantage de veille pour traquer les innovations du moment et générer de la valeur. »

La mise en œuvre d’une approche collaborative plus poussée concernera les plus petits fournisseurs de La Poste Immobilier, non moins stratégiques pour la filiale. Un peu plus de six fournisseurs sur dix de la foncière du groupe La Poste sont des PME et 45 % de ses fournisseurs sont implantés sur le territoire où l’opération commandée prend forme. Des taux qui reflètent l’importance du marché des PME et du tissu entrepreneurial local dans la bonne santé de La Poste Immobilier, laquelle a, bien entendu, tout à gagner à les garder dans son giron.

… Pour traquer l’innovation

Contrairement aux grands groupes, les petites entreprises ne disposent pas des capacités et des ressources nécessaires. Il faut donc les aider, les accompagner

« Nous avons un ancrage territorial très fort qu’il faut absolument cultiver », commente la directrice des achats. Ce programme de pilotage des relations fournisseurs inclut des plans de marche commun et l’implication d’experts techniques de La Poste Immobilier, l’essentiel étant d’éviter aux entreprises embarquées de ne sortir de l’aire de jeu. « Les exigences et le cadre réglementaires se sont renforcés et sont plus complexes pour les petits fournisseurs. Ils ne sont malheureusement pas toujours en mesure de s’y plier. Contrairement aux grands groupes, les petites entreprises ne disposent pas des capacités et des ressources nécessaires. Il faut donc les aider, les accompagner en s’imprégnant de leurs problématiques et de leurs besoins », estime Natallia Mitchanka.

Les acheteurs doivent se positionner comme des acteurs de premier plan de l’entreprise et l’innovation est à inscrire dans le pilotage de la relation fournisseur.

En engageant sa direction de la sorte, la patronne des achats de La Poste Immobilier espère bien inscrire les relations fournisseurs dans une démarche de création de valeur qui profite à tous. Elle espère également faire naître une culture de l’innovation totale en interne et nourrir encore la curiosité de ses équipes. Elle veille ainsi à ce qu’elles ne s’enferment pas dans une forme de monotonie. Une manière de faire profiter, aussi, La Poste Immobilier d’un avantage concurrentiel. « Les acheteurs doivent se positionner comme des acteurs de premier plan de l’entreprise et l’innovation est à inscrire dans le pilotage de la relation fournisseur. Pour la capter, il faut échanger avec les prescripteurs, les interroger sur les axes d’innovation qu’ils recherchent et se tourner ensuite vers les fournisseurs. Ce sont eux qui détiennent le savoir, l’expertise et l’inventivité pour nous rendre plus compétitifs », décrit-elle.