La direction achats de France Télévision mise sur une expertise, et un pilotage accrus

La direction des achats hors programme, à la tête de laquelle Jérémy Pégard a été nommé en mars dernier, gère 830 millions d’euros d’achats par an, des achats indirects classiques et des achats cœur de métier : le numérique, la diffusion et les technologies, des achats d’équipement et d’infrastructure de médias, beaucoup d’achats IT, infrastructures télécoms et de prestations ad hoc.

Une organisation matricielle partagée avec les directions opérationnelles

L’organisation achats hors programmes du groupe France Télévision est semi décentralisée. L’équipe placée sous la responsabilité directe de Jérémy Pégard comprend 25 personnes. Une partie de l’activité opérationnelle achat est gérée par des cellules dédiées dans des directions opérationnelles. Tous les marchés au-delà de 215 000 euros sont gérés par l’équipe de la direction achats hors programme. Le reste est géré au niveau des directions opérationnelles qui doivent appliquer des contrats cadres, mais une grande partie du flux opérationnel reste de leur responsabilité.

Nous devrions être plus présents sur l’amont et sur l’aval du processus achats

Parmi les enjeux prioritaires définis par Jérémy Pégard, il entend notamment relever un défi d’évolution de l’organisation achat pour qu’elle soit plus orientée vers de l’expertise catégorielle. Ce qui nécessitera une évolution culturelle pour des équipes achats « orientées en priorité vers la passation de marché et le respect de la conformité des marchés publics ». « Nous devrions être plus présents sur l’amont et sur l’aval du processus achats. En amont, être plus tournés vers de l’expertise, vers la définition de stratégies par catégories pour que les achats apportent plus de valeur ajoutée au business. En aval, nous devons nous organiser pour suivre la bonne exécution de contrats, piloter la performance des fournisseurs et s’assurer de la bonne application de nos politiques », explique le nouveau directeur des achats hors programmes.

Simplifier les achats et adapter les efforts aux enjeux

Parallèlement à ces efforts portés sur l’organisation, un travail de simplification doit aussi être mené sur les process achats afin de concentrer les forces de l’organisation achats sur les dossiers à plus fort enjeu pour l’entreprise. « Nous ne devons pas dépenser la même énergie et déployer le même dispositif de pilotage et de suivi selon qu’il s’agit d’achats de classe A, de classe B ou classe C », illustre Jérémy Pégard, qui prône un principe de flux différenciés en fonction des différents marchés, ou encore le déploiement de catalogues achats.

Le troisième enjeu, qui découle des deux précédents est tourné vers une gestion plus fine de la relation fournisseurs. « Nous devons former les équipes à faire du sourcing en amont et du pilotage de la performance des fournisseurs », précise Jérémy Pégard.

Aujourd’hui, les approvisionnements n’étant pas intégrés à la direction des achats, nous n’avons pas la vision des dépenses et leur maîtrise

Le quatrième enjeu consiste à mettre sous pilotage le flux dès la commande. « Aujourd’hui, les approvisionnements n’étant pas intégrés à la direction des achats, nous n’avons pas la vision des dépenses et leur maîtrise. Nous n’avons pas non plus de visibilité sur la conformité des politiques achats », regrette le directeur achats du groupe France Télévisions. A l’heure actuelle, au sein du groupe, l’approvisionnement est en effet une fonction décentralisée au niveau des directions opérationnelles, dont les outils et les process ne sont pas harmonisés.

Intégrer les enjeux RSE dès la prescription

Le dernier enjeu de sa feuille de route, mais pas en importance, est la RSE. Jérémy Pégard ne veut pas seulement que les critères RSE soient pris en compte dans la sélection des fournisseurs. « Nous devons en venir à introduire ces exigences sociales et environnementales dès la construction des cahiers des charges. Les acheteurs ont déjà cette sensibilité, mais il y a une acculturation à faire aussi en interne au niveau des prescripteurs », explique le nouveau directeur achats hors programme, qui entend « bâtir une véritable stratégie d’achat avec des objectifs RSE clairs et des plans d’action associés. »