Achats et directions métiers, main dans la main pour doper le business
Par Mehdi Arhab | Le | Direction ha
Le dernier dîner-débat du Club Planète Sourcing a porté sur le sujet de la coopération entre métiers et directions achats. Les 25 directeurs achats présents, accompagnés pour certains de leur collaborateur des métiers, n’ont pas tu la nécessité d’engager des travaux collaboratifs pour assurer le bon développement de leur entreprise.
Tancées par les uns, incomprises et méconnues par les autres, les directions achats tentent d’ériger des relations de confiance et de transparence solides avec les différentes directions métiers de leur organisation professionnelle. Mais les impératifs liés à la baisse des coûts n’ont pas vraiment rendu service dans la mise en place d’une véritable complicité, d’autant plus que le métier des achats, relativement jeune dans certaines organisations, s’est façonné sur le tard. Cela à la différence des métiers.
« L’injonction de la performance financière n’a pas toujours aidé à l’instauration d’une véritable complicité. Il existait de vraies luttes de pouvoir entre les Achats et le business », constate en introduction du débat Thierry Bellon, ancien directeur des achats d’Air France et Président du Club Planète Sourcing. « Les directions achats sont souvent perçues comme la dernière roue du carrosse et vues comme trop contraignantes. Elles ne sont que trop peu mises en avant », concède quant à lui Olivier Nachba (PULPr), l’un des deux experts présents.
Un manque de reconnaissance
Pourtant, par son aptitude à couvrir de nombreux sujets, la fonction achats a su devenir l’associée privilégiée des directions métiers dans leur business. Les acheteurs se positionnent en effet comme des éléments d’importance, pouvant animer des équipes de travail différentes et engager des plans d’action communs. Malgré cela, la fonction souffre encore d’un déficit d’image. « Le rôle des directions achats n’est jamais aussi visible qu’en période de crise, car elles gèrent les risques fournisseurs, les achats responsables … », rappelle un directeur achats présent.
Il faut repartir du langage du métier car c’est par lui que commence l’histoire
Si pendant de nombreuses années elle a été dépeinte comme une simple fonction support, la fonction achats se pose désormais comme une structure créatrice de valeur, dépassant largement les impératifs d’une fonction support classique imposés par les directions générales. Charge à elle de le prouver et de briser les a priori, en établissant une coopération de premier plan avec les métiers, profitable à tous. Un défi tout bonnement vital pour les Achats ; cela alors que leur langage et celui des métiers sont souvent bien différents. « Il faut repartir du langage du métier car c’est par lui que commence l’histoire », affirme Gonzague de Thieulloy (Globality), lui aussi intervenant présent pour l’occasion.
Une « mécanique de précision »
Dès lors, la relation entre Achats et directions métiers relève d’une « mécanique de précision, qui n’a rien d’une évidence », décrit l’un des convives. En effet, cette coopération doit se traduire par des objectifs, des processus et des rituels de management communs. Plus que des clients internes, les métiers sont avant tout des business partner avec qui il faut co-construire les produits et les services de l’entreprise. Sans cela, difficile de ne pas tomber dans une relation supérieur-subordonné. En ce sens, les Achats doivent s’organiser de façon à simplifier la prise de décision des directions métiers pour, notamment, leur permettre de se différencier ; bien qu’elles « doivent être aussi sorties de leur zone de confort », note un directeur achats, issu au préalable du business. Le positionnement des achats au sein du processus de développement de nouveaux produits permet en effet d’établir une dynamique positive pour l’entreprise.
Le besoin, souvent spécifié par le métier, peut aussi être délimité par les Achats, selon l’une des invitées. « Les Achats peuvent aussi définir les besoins, en tant que service qui apporte des solutions et qui est à l’affût des nouvelles innovations sur le marché ». « L’expertise est aux métiers et nous devons avancer avec eux pour répondre à leurs enjeux et leur permettre de fonctionner correctement. Mais pour cela, il faut aussi avoir des KPI communs entre Achats et métiers. Lorsque le binôme Achats et métier fonctionne, la négociation s’en trouve renforcée », lance en conclusion une convive.