Fondation Mascir : « Ancrer le service achats dans une culture totale d’agilité »
Par Mehdi Arhab | Le | Direction ha
Fatine Tounsi, directrice des achats de la Fondation Mascir, fondation marocaine à but non lucratif, a poussé la création d’un CSP avec l’objectif d’accompagner les projets scientifiques de start-ups locales. En bonne place dans sa feuille de route opérationnelle également, la digitalisation des process achats.
Douze ans après être entrée en fonction à la Fondation Mascir, fondation à but non lucratif qui oeuvre dans la recherche, créée par les pouvoirs publics marocains en 2007 et qui relève de l’université Mohammed VI polytechnique, Fatine Tounsi ne ressent aucune lassitude. Elle dirige une équipe de cinq acheteurs et éprouve de la satisfaction et de la fierté à l’aune des accomplissements de cette dernière. « Mon souhait était d’ancrer le service achats dans une culture totale d’agilité et je l’ai fait. Le capital humain reste notre principal atout », glisse-t-elle, ajoutant que son effectif devrait se renforcer d’un ou plusieurs éléments avant la fin 2022.
Selon les années et les projets scientifiques menés par la fondation, qui compte 220 collaborateurs, cette ancienne responsable achats de Maroc Telecom a sous sa responsabilité un montant d’achats qui évolue.
« Les budgets ne sont pas les plus importants au regard de notre statut de fondation, la R&D et la masse salariale représentent le plus gros de nos dépenses. Par ailleurs, nous ne faisons jamais la même chose d’une année sur l’autre, nous adressons différents projets chaque année. De fait, nos montants d’achats changent souvent », explique Fatine Tounsi.
Nous œuvrons au quotidien pour assurer la performance des projets R&D de la fondation afin de permettre la mise en place de nouveaux produits innovants 100 % marocains.
Comprendre le langage des clients internes
Le pôle achats et logistique, structuré en quatre business unit - matériaux ; biotechnologie, microélectronique et affaires générales - s’attache à accompagner les chercheurs et ingénieurs dans la réalisation de leurs projets R&D. En tête de son portefeuille d’achats : des équipements, des matières premières ou encore des consommables ; suivent ensuite des prestations intellectuelles, des services et frais généraux. « Nous avons de nombreux achats stratégiques. Ceux-ci restent vraiment complexes », rappelle Fatine Tounsi, pour qui il est important de parler le langage des clients internes, majoritairement des chercheurs et ingénieurs donc.
« Nous œuvrons au quotidien pour assurer la performance des projets R&D de la fondation afin de permettre la mise en place de nouveaux produits innovants 100 % marocains. Nous travaillons également à élever le rôle du service achats et sa compétence pour fournir des avantages significatifs à la Fondation, en étant créateur de valeur ».
Instauration d’un CSP
La Fondation Mascir a pour mission principale la promotion de la recherche et développement appliquée et applicable autour de trois pôles technologiques : la biotechnologie, la microélectronique et les matériaux. Les différents projets de recherche adressent différents secteurs, comme la santé, l’agriculture, l’industrie 4.0, le développement durable ou encore les énergies renouvelables. Par la création d’une société anonyme, Mascir Valor, la fondation accompagne pas moins de dix start-ups sur les différents processus métiers, ainsi que sur la levée de fonds. Du côté des Achats, il s’agit de répondre à leurs différentes injonctions. Pour ce faire, Fatine Tounsi a engagé la création d’un CSP en 2020. Un projet d’envergure, encore en route.
En approvisionnant le réseau du ministère de la santé au Maroc, nous avons assuré une certaine souveraineté sanitaire à notre pays
« Notre objectif consiste à mutualiser et consolider les différents besoin », explique-t-elle. En ce sens, la direction des achats a par exemple accompagné les équipes de biotechnologie de la start-up Moldiag dans la confection et la production de trois millions de kits de dépistage coronavirus 100 % marocain. Une opération des plus symboliques sur le plan politique et social. « En approvisionnant le réseau du ministère de la santé au Maroc, nous avons assuré une certaine souveraineté sanitaire à notre pays, à un moment où il était difficile de se procurer ce type de produit sur le marché international », expose-t-elle.
Si le contexte de crise ne favorise pas la performance achats, Fatine Tounsi s’applique à se fournir localement. Des 200 fournisseurs à l’actif de la direction des achats, la majorité s’établit dans le royaume, le reste se trouve en Europe, en Chine et pour quelques-uns, aux États-Unis. Une manière en somme de soutenir le tissu entrepreneurial local et de sécuriser ses approvisionnements en ces temps incertains.
Un outil SI Achats fait maison
Pour les Achats, la dernière grande réalisation, datant d’octobre 2021, réside dans la digitalisation des process ; cela sans même se pourvoir en outil externe. Pour résumer, l’effectif achats, accompagné du pôle SI, a développé et personnalisé un logiciel en open source, dont il détient la propriété intellectuelle. Celui-ci répond aux besoins de la structure en matière d’homologation des fournisseurs par famille, de gestion électronique des consultations jusqu’à la contractualisation. Un projet démarré en réalité avant la pandémie, mais qui avait été mis en stand-by par la crise et qui ne demande qu’à mûrir.
« Cela a été fait par les acheteurs et pour les acheteurs. Désormais, le volet de l’homologation fournisseur par famille, la gestion électronique des consultations, l’émission des bons de commande, ainsi que la gestion des réceptions des commandes ont été digitalisés. La prochaine étape pour nous sera de mettre en place la facturation électronique », se réjouit Fatine Tounsi, qui pousse à la création d’une fintech pour le développement et la commercialisation de logiciels professionnels marocains. Cette dernière souhaite promouvoir ses équipes et leurs accomplissements, en présentant un dossier aux trophées des achats du Maroc.
Pour les acheteurs, le gain de productivité est notable et ils peuvent se concentrer sur les tâches à forte valeur ajoutée
« En digitalisant et en harmonisant ses processus achats, Mascir bénéficie d’une meilleure efficacité de son processus d’approvisionnement. Pour les acheteurs, le gain de productivité est notable et ils peuvent se concentrer sur les tâches à forte valeur ajoutée. Ils bénéficient de l’automatisation des tâches chronophages, ce qui leur permet de libérer du temps et se focaliser sur des tâches plus stratégiques », commente Fatine Tounsi. Ainsi, les Achats ont également pu fiabiliser les données récoltées dans un système davantage intégré pour en faciliter l’exploitation. Cela permettant d’ailleurs d’ouvrir des perspectives nouvelles et donc, une montée en compétences des acheteurs.
Cap sur la RSE
En outre, Fatine Tounsi met un point d’honneur à ce que ses prestataires, de services et ESN, respectent le droit du travail de leurs opérationnels. La direction des achats de Mascir veille à ce que ces derniers n’effectuent pas plus de huit heures de travail par jour - non douze comme cela se fait par instants - et soient au moins rémunérés au SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti). « Nous sommes en cours de labellisation RSE et pour nous il est primordial de faire valoir les droits des travailleurs. Nous devons être plus regardant sur ces aspects », conclut Fatine Tounsi, qui promet encore de nouvelles innovations dans son service.