Raja : « la notion d’écoresponsabilité va bien au-delà du produit seul »
Par Mehdi Arhab | Le | Environnement
Désireux de fournir davantage de produits écoresponsables, le groupe Raja vient de lancer sur le marché Européen le papier bulle et le papier étirable manuel de palettisation. Deux innovations pilotées par la centrale d’Achat du spécialiste de l’emballage. Ces projets, largement salués et multiprimés, ont reçu la médaille d’or du fournisseur le plus innovant lors de la quinzième édition des Trophées des Achats.
« Venez participer avec nous à la révolution écologique de l’emballage » : telle est la devise de la centrale d’achats du groupe Raja, fondé en 1954 par Rachel Marcovici et Janine Rocher. Comprenant une centaine d’acheteurs-chefs de produits, basés pour une moitié à Villepinte, siège de l’entreprise et répartie pour l’autre moitié dans toute Europe, la direction des achats contribue activement au succès du spécialiste de l’emballage et de la fourniture de bureau. Elle administre pour un milliard d’euros de dépenses, conçoit et optimise en continu l’offre produits, en synergie avec la direction générale et la direction commerciale. Raja, qui réalise 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires et compte 4500 collaborateurs ainsi que 26 filiales implantées dans 19 pays européens, est résolument investi dans le développement durable.
Au demeurant, au moins 75 % des emballages du groupe seront écoresponsables d’ici la fin de l’année 2022. Et c’est avec le lancement en fin d’année dernière du papier bulles et du papier étirable manuel de palettisation que le groupe s’est particulièrement distingué. « Nous travaillons depuis de nombreuses années sur la notion d’écoresponsabilité et avons multiplié les initiatives, avec le lancement d’emballages en papier/carton en alternative aux matières plastiques, de manière à supprimer les emballages polluants ou non-recyclables, rappelle Ulrick Parfum, directeur des achats et marketing produits du groupe Raja. Nos emballages en papier/carton ont été écocertifiés FSC et PEFC. Nous avons également éliminé de notre offre les plastiques vierges, en proposant des produits composés de plastiques recyclés et recyclables ».
La satisfaction client en ligne de mire
Petit retour en arrière : à la suite d’une analyse des besoins et irritants clients, pour qui l’écoresponsabilité apparaît comme un critère de choix fondamental, une dizaine d’acheteurs-chefs de produits du groupe ont été mobilisés dès la fin d’année 2018 pour proposer des produits novateurs. Ainsi, un « RajaLab », sorte d’observatoire des pratiques des emballages du e-commerce et de la logistique, a été mis en place au sein de la direction des achats.
Nous comptons pas moins de deux millions de clients. Beaucoup souhaitent cesser d’utiliser du plastique
Pour parfaitement comprendre leurs besoins, Achats et force de vente ont multiplié les visites en commun chez les clients du groupe, avec, parmi eux, de nombreux acteurs du e-commerce. « Nous comptons pas moins de deux millions de clients. Beaucoup souhaitent cesser d’utiliser du plastique, développe Ulrick Parfum. Le film-bulle classique répond très bien à leurs besoins mais il est constitué de matière plastique. Il nous fallait donc trouver une alternative en papier/carton, tout en résolvant la problématique de la conservation de l’air dans une bulle papier ».
Pour relever ce challenge, durant un an, les acheteurs ont testé différentes versions du produit, en collaboration avec leurs fournisseurs - qu’ils nomment partenaires-fabricants. Ces fournisseurs sont à 97 % européens, sachant que 86 % des produits vendus par Raja sont achetés en Europe.
Les Achats au cœur de l’innovation
Véritable prouesse technique et solide alternative aux films plastique, le papier bulle est une solution de calage respectueuse de l’environnement, biosourcée et recyclée. Fabriqué en Europe à partir d’une technologie exclusive - air capturé entre deux feuilles de papier alvéolé -, il protège les marchandises des chocs, salissures et déchirures durant le cycle d’expédition. « Nos produits sont intégrés dans le cycle de production de nos clients. Il s’agit donc de proposer des emballages qui garantissent de réels avantages utilisateurs », souligne Ulrick Parfum.
Il ne fait pas sens de référencer et d’élaborer un produit intrinsèquement écoresponsable s’il est acheté à l’autre bout de la planète
De son côté, le papier étirable manuel de palettisation est une innovation qui a nécessité plusieurs années de recherche. Fabriqué en Europe au plus proche des entrepôts du groupe, de façon à limiter l’incidence du transport, ce produit est issu de forêts gérées durablement. « La notion d’écoresponsabilité va bien au-delà du produit seul. Je suis convaincu de la nécessité d’avoir une démarche systémique ; il ne fait pas sens de référencer et d’élaborer un produit intrinsèquement écoresponsable s’il est acheté à l’autre bout de la planète. Nos exigences en termes de RSE sont très strictes », clame Ulrick Parfum.
Objectifs marge, profitabilité et compétitivité
Une stratégie qui n’empêche pas Raja d’être compétitif. Bien au contraire. Et si les Achats ont été confrontés à un léger surcoût, ils sont parvenus à sécuriser leur approvisionnement, avec l’objectif de commercialiser des produits viables économiquement.
L’innovation a un prix, le papier coûte plus cher que le plastique
« L’innovation a un prix, le papier coûte plus cher que le plastique. Mais nos relations partenariales avec nos fabricants et notre politique tarifaire volontariste nous permettent de lier performance économique et écoresponsabilité. Nous faisons beaucoup d’efforts en amont pour ne pas trop grever les coûts. Nous savons aussi que la question de la rentabilité économique se résoudra d’elle-même avec le succès commercial du produit », assure le directeur des achats et marketing produits, qui rappelle que le papier-bulles et le papier étirable sont des best sellers en France, au Benelux, en Allemagne, en Italie, en Espagne et en Angleterre.
Si le groupe n’est pas pourvu d’un service R&D à proprement parler, la centrale d’achats met tout en œuvre pour capter l’innovation. S’appuyant sur une connaissance fine du marché et des outils de productions de leurs fournisseurs, les acheteurs instaurent de robustes politiques partenariales. Une nécessité pour développer la clientèle de Raja et satisfaire la base existante.
« Par nature, la centrale d’achat et marketing produits est orientée innovations, avec un fil rouge : toujours mieux aider nos clients à travailler plus efficacement, gagner du temps, de la place, valoriser leurs expéditions… Nos chefs de produits sont bien au courant des capacités de production des fabricants. Cela facilite les échanges et nous permet de réduire considérablement le time-to-market », déroule Ulrick Parfum.
Entre expérimentations originales et partenariats actifs
Pour s’assurer de la résistance et de l’ergonomie de ces nouveautés avant leur lancement, les Achats ont initié, avec les directions logistique et transport, des envois-tests de colis dans toute l’Europe. « Nous devions être certains que nos produits soient protecteurs, ergonomiques et simples à mettre en œuvre », relate Ulrick Parfum.
Cette implication des métiers, se double d’une co-construction avec les fournisseurs. Si des actions de resourcing ont été menées, les Achats ont poussé au plus haut point la collaboration avec une partie du panel de fournisseurs actifs. « La notion de partenariat que nous avons avec nos fournisseurs est celle d’un partenariat actif et non d’un partenariat dormant. Nous les challengeons beaucoup, afin d’être certains qu’ils nous apportent en permanence les meilleurs produits, services, prix et innovations. L’ensemble de nos projets ne pourraient voir le jour sans eux », salue Ulrick Parfum.
« Nous avons audité de nombreux fournisseurs avant de sélectionner ceux qui nous accompagneraient sur ces projets. Outre la qualité intrinsèque du produit, ses propriétés mécaniques, sa constance, ses vertus écoresponsables, il fallait s’assurer que les fournisseurs sélectionnés répondraient bien à notre cahier des charges achats, très exigeant. Nous intégrons dans nos grilles de choix des notes RSE à haut niveau de pondération ». La totalité des fournisseurs travaillant avec Raja sont signataires de la charte des achats responsables et du développement durable du groupe, qui s’appuie sur les dix principes du Global Compact de l’ONU, auquel Raja est adhérent. « Cette charte est très exigeante et il est impossible de travailler avec Raja si on n’est pas signataire », explique Ulrick Parfum.
Processus de labellisation RFAR enclenché
La centrale d’achats s’attache donc à entretenir des relations équilibrées avec ses partenaires, partageant de surcroît les fruits de sa croissance. Elle leur fournit en amont les forecasts qui permettent aux usines de planifier leurs charges et la rapidité de paiement est elle aussi fondamentale. « Puisque nous demandons à être livrés dans les temps, nous mettons un point d’honneur à payer dans les temps », fait savoir Ulrick Parfum.
Nous travaillons avec certains de nos fournisseurs depuis plus de 30 voire 40 ans et appliquons des protocoles stricts et objectifs
Afin de mettre en lumière la qualité de ses pratiques, la centrale d’achat chemine vers la labellisation Relation Fournisseurs et Achats Responsables (RFAR), prévue prochainement. « Nous avons toutes les cartes en mains pour obtenir la certification. Nous travaillons avec certains de nos fournisseurs depuis plus de 30 voire 40 ans et appliquons des protocoles stricts et objectifs », assure Ulrick Parfum.
De nouveaux projets et des recrutements à venir
Alors que Raja prévoit de nouveaux projets sur l’emballage, la manutention-stockage, la fourniture de bureau ou l’hygiène-entretien, la centrale d’achats recrute de nouveaux acheteurs-chefs de produits pour alimenter la croissance du groupe. « Raja est une véritable ruche, qui produit en permanence de nouvelles idées et projets. C’est un groupe passionnant. Je lance donc un appel à candidatures. Notre centrale d’achat constitue une aventure humaine formidable, induisant créativité, compréhension des enjeux du business et esprit d’entreprendre. Il y a vraiment de quoi s’y épanouir », conclut Ulrick Parfum.