Les achats d’Enedis à la recherche du juste équilibre face à la crise
Par Guillaume Trecan | Le | Direction ha
Les 5es Rencontres achats et approvisionnement d’Enedis, ce mardi 15 novembre, ont été placées sous le signe de la RSE, un sujet crucial pour maintenir un équilibre dans la recherche de la performance fournisseurs, dans un contexte où la crise énergétique menace les finances de l’entreprise et où l’inflation impacte déjà les fournisseurs.
Pour ces Rencontres achats et approvisionnement 2022, Bertrand Pouilloux aura réussi à garder le juste équilibre. Il est parvenu à motiver ses troupes en les réunissant dans le cadre prestigieux de l’hippodrome de Longchamp, à leur faire prendre de la hauteur avec des invités de marque tels que Yann Arthus-Bertrand et Pierre Pelouzet et il n’aura pas pour autant éludé les sujets difficiles.
Combiner investissement, inflation et crise énergétique
Ils ont notamment été abordés en fin de journée par la directrice finances, achats et assurances du distributeur, Corinne Fau, qui a rappelé l’équation délicate face à laquelle se trouve Enedis, qui a programmé 96 milliards d’euros d’investissement en capex dans un contexte où il est frappé d’une part par l’inflation et d’autre part par la crise énergétique. Ce montant a en effet été défini en tenant compte d’une inflation quasi inexistante et sera fatalement réévalué à la hausse. Une inflation qui frappe déjà plusieurs fournisseurs de plein fouet.
De son côté l’entreprise va également subir un choc important sur sa trésorerie en 2023, lorsqu’elle devra racheter les pertes techniques et non techniques sur son réseau. « Le coût de sourcing de nos pertes - 25 Twh par an - a considérablement augmenté, explique Corinne Fau. Cela signifie que nous allons nous endetter pour pouvoir financer ces achats de perte ». Ainsi, fin 2024, cette créance tarifaire devrait s’élever entre 4 et 5 milliards d’euros.
Nous devons trouver un juste équilibre entre les coûts de nos fournisseurs et ce que nous pouvons régler
Pour financer ses 96 milliards d’euros d’investissements d’ici à 2040, Enedis, peut compter sur un modèle résilient, un actionnaire fidèle - EDF - mais il devra aussi trouver des modèles de financement originaux, engager des négociations avec le régulateur et rechercher des optimisations de coût. « Nous devons trouver un juste équilibre entre les coûts de nos fournisseurs et ce que nous pouvons régler. Ce que nous payons à nos fournisseurs, c’est ce que nous facturerons à nos clients demain », rappelle Corinne Fau.
Des objectifs partagés avec les métiers
Face à de tels défis, il était donc une fois de plus crucial que le message adressé aux acheteurs soit également entendu par leurs prescripteurs dont la responsabilité dans ces recherches d’optimisation sera également cruciale. « Cet événement n’est pas un événement de la fonction achats, insiste le directeur achats d’Enedis, Bertrand Pouilloux, ce sont des rencontres de la filière achats et approvisionnements et des métiers du distributeur. » En effet, sur les quelque 290 personnes présentes, seules 160 étaient issues des Achats. Tous les autres représentaient les différents collaborateurs avec lesquels travaillent les acheteurs (approvisionneurs, utilisateurs des contrats, prescripteurs, comptables…) ; une population estimée par Bertrand Pouilloux à 15 000 personnes sur les 38 000 salariés de l’entreprise.
A ce titre, la présence du Médiateur des entreprises, Pierre Pelouzet, était également cruciale. Il a rappelé la bonne fortune du Label Relation Fournisseur et Achats Responsables qui concernait avant 2020 une quarantaine d’entreprises françaises et devrait atteindre les 80 labellisés d’ici la fin de l’année. Enedis fait déjà partie des 75 labellisés et devrait voir son label renouvelé pour la première fois d’ici la fin de l’année. Un renouvellement au bout de trois ans, loin d’être anodin pour Bertrand Pouilloux qui assure : « Le label est notre quotidien ».
Des médiations préventives sur les chantiers
Bien entendu, Pierre Pelouzet a aussi évoqué l’action de la Médiation, passée à 4 000 dossiers traités en pleine crise Covid, en 2020, puis à un chiffre plus raisonnable, mais toujours intense de 2 000 à 2 500 médiations cette année. Une action qui concerne par exemple la société de livraison des ouvrages olympiques, Solideo, avec laquelle une médiation de projet a été entreprise de manière préventive. « Les PME qui travaillent sur les chantiers ne peuvent plus tenir à cause de l’augmentation des prix des matières premières. C’est donc maintenant qu’il faut avoir une discussion et pas quand il sera trop tard », insiste le Médiateur. Un exemple pas neutre pour Enedis qui, sur ses quatre milliards d’euros d’achats, compte deux milliards d’euros de travaux.
Moins familier de l’environnement achats, Yann Arthus-Bertrand est quant à lui venu évoquer l’action « TPE pour demain », le partenariat passé entre l’association Les Canaux, qu’il préside, et Enedis. Les Canaux vont ainsi mettre gratuitement à disposition des 1 500 TPE/PME cœur de métier d’Enedis un outil d’auto-diagnostique RSE qui leur permettra de mettre en place des plans d’actions personnalisés.
La RSE est un attendu qui s’impose à nous tous dans nos différentes activités
La RSE était bien un élément clef de cette édition des Rencontres Achats et Approvisionnement. « C’est un attendu qui s’impose à nous tous dans nos différentes activités », explique Bertrand Pouilloux, qui précise : « dans mes propos, ce n’est pas une stratégie d’opportunité ».
Des outils de mesure et de pilotage RSE pour les fournisseurs
La RSE irrigue plusieurs des grands chantiers 2023 d’Enedis. Un de ces chantiers prévoit la mise à disposition d’un outil de calcul de l’empreinte CO2 des chantiers. L’empreinte carbone des matériels électriques achetés par Enedis fait également l’objet d’études spécifiques en lien direct avec les fournisseurs qui permettra également de servir de base à des plans d’amélioration. Enfin, la direction achats d’Enedis, travaille avec l’Afnor pour cartographier et évaluer les risques RSE liés à ses typologies de travaux. Un outil testé avec succès sur les prestations d’élagage.
Dans un tout autre domaine, l’année 2023 sera marquée les chantiers liés à la remise à plat de l’ERP d’Enedis, projet « Hanais ». En cours de déploiement à partir de 2024, cet ERP ne remettra pas en cause l’utilisation d’Ivalua pour les fonctionnalités d’e-procurement d’Enedis. En effet, en parallèle, une nouvelle version du Portail Achats associée à un cockpit achats est en effet en cours de déploiement.