Oxalys acquiert IA-BTP et étoffe encore son portefeuille de solutions
Par Mehdi Arhab | Le | S2p
Après avoir annoncé sa première opération de croissance l’an dernier, Oxalys a officialisé une nouvelle acquisition. Cette fois, l’éditeur de logiciel s’est offert les services d’IA-BTP, un petit gestionnaire de données achats, qui traite avec des PME et ETI du segment BTP. Pour Oxalys, c’est l’occasion de compléter son offre et de renforcer un peu plus son avantage concurrentiel.
C’est en marchant (et pas qu’à force de tomber) que l’on apprend à marcher. Une lapalissade, qui rappelle toutefois que c’est de ses propres pratiques qu’Oxalys tire son essor. Un peu moins d’un an après avoir annoncé l’acquisition de CoBuy, la toute première de son histoire, l’éditeur de logiciel a officialisé une deuxième opération de croissance externe. Oxalys s’est cette fois offert une petite structure spécialisée dans la gestion de données achats de la filière du BTP, IA-BTP. Une partie de l’opération a été financée sous forme d’actions Oxalys et de ce fait, Saïd Abidi, fondateur d’IA-BTP, intègre l’éditeur en qualité d’associé et pilotera la destinée de ce qui devient désormais une BU.
Le changement de paradigme - à savoir intégrer de nouvelles structures - évoqué par Pierre Joudiou, le président d’Oxalys, l’année dernière, est parfaitement assimilé. « Nous avions senti depuis quelques années que des synergies étaient possibles avec IA-BTP. Son développement nous a confirmé que les possibilités étaient nombreuses. Dès lors, nous avons défini communément un projet pour intégrer au mieux IA-BTP », explique le patron de l’éditeur. Sortie de terre à Marseille en 2018, IA-BTP, qui revendique 300 000 euros de chiffre d’affaires, réunit quatre collaborateurs, dont trois data scientists. Plus de 150 entreprises, des PME pour l’essentiel, se sont laissé séduire par sa proposition de valeur. Et, en quelques années seulement, le gestionnaire de données a su se faire un nom et répondre à des problématiques sectorielles bien spécifiques. L’entreprise avait d’ailleurs lancé un « robot achat » dédié aux PME du secteur, afin de leur libérer du temps de travail.
Plutôt que de poursuivre l’aventure seul et de mettre sur pied un SI achats, Saïd Abidi a préféré se rapprocher d’un acteur complémentaire, en mesure de l’aider à servir la poussée de son joyau. « Des investisseurs et des éditeurs nous ont approché et ont fait état de leur intérêt au sujet de notre solution. J’ai longuement réfléchi à quel serait le partenaire idéal pour poursuivre notre trajectoire de croissance. Les données que nous traitons doivent in fine nourrir un outil, sans quoi, elles n’auraient que très peu d’intérêt. C’est pour cette raison que nous avons décidé de nous tourner vers un éditeur de logiciel. Et les discussions avec Pierre Joudiou ont fait jaillir un projet commun. Le mariage faisait sens », retrace Saïd Abidi.
Un panel de solutions élargi
La capacité d’IA-BTP à gérer des données de façon qualitative nous a séduit, d’autant plus dans le contexte actuel de transformation numérique
Alors qu’avec CoBuy, Oxalys se donnait l’occasion de mieux maîtriser les sujets liés aux achats industriels et à la qualité fournisseurs pour des marchés exigeants tels que ceux de l’agroalimentaire, de l’automobile ou de l’aéronautique notamment, l’éditeur se dote avec IA-BTP d’une nouvelle expertise pointue. Cet adossement, comme l’an dernier avec l’éditeur de SRM d’ailleurs, est le fruit d’une vision partagée sur les enjeux du marché. Il a également été pensé « dans une logique industrielle », et doit permettre d’une part à Oxalys d’enrichir son catalogue et, d’autre part, à IA-BTP de bénéficier d’un changement d’échelle certain. « La capacité d’IA-BTP à gérer des données de façon qualitative nous a séduit, d’autant plus dans le contexte actuel de transformation numérique. Le sujet gagne en importance et, à ce titre, cette solution nous donne la possibilité d’étendre nos connaissances techniques », expose Pierre Joudiou.
Avec cette acquisition, Oxalys complète son offre avec un gestionnaire de données fiable et renforce ainsi un peu plus son avantage concurrentiel. Le groupe, qui emploie un peu moins de 50 personnes et qui table sur un peu moins de cinq millions d’euros de chiffre d’affaires cette année, compte déjà dans son portefeuille clients quelques grands noms du secteur du BTP. Outre quelques filiales du groupe Vinci et de Veolia, NGE a jeté son dévolu sur Oxalys, suivant la voie tracée par le mastodonte Bouygues Construction, qui a interfacé depuis quelques années désormais son outil d’e-procurement à SAP. Ceux-ci et le reste des clients du BTP d’Oxalys pourront bénéficier du savoir-faire du gestionnaire de données et, à l’inverse, les clients d’IA-BTP pourront également profiter d’une offre intégrant les solutions d’Oxalys.
La barre des 10 millions d’euros espérée d’ici à 2026
La collaboration va rapidement se concrétiser par une offre qui conjuguera les forces de notre outil au data management opéré par IA-BTP
L’éditeur, qui adresse historiquement le mid market, est ainsi en passe de répondre à un ensemble élargi de PME et ETI expertes du BTP, avec une solution clé en main très dense. Avec son panel de solutions, Oxalys gagne assurément en poids, cela sans perdre en cohérence. « La collaboration va rapidement se concrétiser par une offre qui conjuguera les forces de notre outil au data management opéré par IA-BTP », assure Pierre Joudiou. L’un des objectifs : aider les entreprises du secteur à prendre des décisions plus réfléchies.
Pour IA-BTP, cet adossement constitue une opportunité de choix. Et pour cause, Oxalys lui octroie les moyens techniques et financiers nécessaires pour concrétiser ses ambitions de développement. « Nous mettons en commun et à disposition de nos BU notre centre de recherche, notre méthodologie projet, ainsi que notre capacité de gestion », commente à cet effet Pierre Joudiou. Pour rappel, quelque 25 % du chiffre d’affaires généré par Oxalys est dédié à la R&D. D’ailleurs, avec l’arrivée d’IA-BTP dans ses rangs, l’éditeur, ancré sur toute la chaîne S2P, prévoit également de bâtir une data factory. D’importants moyens y seront consacrés. « Nous prévoyons des investissements pour mener à bien ce projet, que nous conduirons avec des centres de recherche, dont les partenariats sont en train d’être finalisés. Cette dimension est parfaitement complémentaire à notre cœur de métier et viendra irriguer l’ensemble de nos solutions », précise le président d’Oxalys.
Pour le reste, au même titre que celle faite avec CoBuy, l’acquisition d’IA-BTP constitue une marche non négligeable dans le plan de croissance global d’Oxalys. Par la voix de son président, le groupe confirme encore une fois son désir d’atteindre la barre symbolique des 10 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’horizon 2026. Pour y parvenir, Pierre Joudiou ne s’interdit rien et prévoit de mener de nouvelles opérations de croissance externe.