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AXA France : « Doubler la dépense vers le STPA et le SIAE entre 2022 et 2026 »

Par Guillaume Trecan | Le | Ha inclusif

Pascal Pelon et Leo Roesch, respectivement directeur des achats France et responsable innovation et impacts sociétaux d’AXA, font le point sur l’avancement des objectifs du Collectif d’entreprises pour une économie plus inclusive, qui vise un accroissement de 30 % de leurs achats au STPA (Secteur du travail protégé et adapté) et aux SIAE (Structures de l’insertion par l’activité économique) entre 2022 et 2025.

Pascal Pelon, directeur des achats et Leo Roesch, responsable innovation et impacts sociaux.. - © D.R.
Pascal Pelon, directeur des achats et Leo Roesch, responsable innovation et impacts sociaux.. - © D.R.

Où en êtes-vous de l’objectif fixé par le Collectif d’entreprises pour une économie plus inclusive d’augmenter leur montant d’achats au STPA et au SIAE de 30 % entre 2022 et 2025 ?

Leo Roesch : Lorsque nous avons fixé ce cap, en 2022, nous avions une estimation d’un point de départ à 150 millions d’euros d’achats. Mais, plus qu’une cible en valeur, notre objectif consiste à faire en sorte que les quarante signataires du collectif progressent. Au regard du chemin parcouru en 2022 et 2023, nous sommes en bonne voie puisque nous avons déjà progressé de plus 15 %. Au sein du Collectif, tous les membres progressent de manière homogène. Leurs achats sont répartis pour deux-tiers vers le STPA et un tiers vers le SIAE.

Les membres du collectif ont-ils des difficultés à tracer ces achats inclusifs dans leur portefeuille total de fournisseurs ?

Pascal Pelon : Chez AXA France, nous nous sommes plutôt concentrés sur les entreprises adaptées et les entreprises d’insertions. Nous ne traçons pas la dépense vers les entreprises des QPV (Quartier prioritaires de la ville) ou des ZRR (Zone de revitalisation rurale). Il est plus simple de suivre les entreprises du STPA (Secteur du travail protégé et adapté) ou du SIAE (Structures de l’insertion par l’activité économique), notamment grâce à l’initiative de l’Etat qui les a référencées sur la plateforme Le Marché de l’inclusion. Cette liste est mise à jour régulièrement. Nous pouvons donc suivre la dépense assez facilement, en croisant ces bases avec nos bases de dépenses.

LR : Toutes les entreprises ne partent pas du même point de départ en ce qui concerne l’acculturation à ces enjeux et il était important pour nous de trouver un dénominateur commun avec des périmètres très clairs. C’est pour cela que, le Collectif s’est focalisé sur le STPA et le SIAE. Le Marché de l’inclusion était d’ailleurs présent au Forum des achats inclusifs, où ils ont pu mieux diffuser et expliquer leur démarche. Cela ne nous empêche pas de réfléchir à élargir notre démarche à d’autres sujets, plus tard, quand nous serons un peu plus matures.

Comment fonctionne ce Collectif ?

LR : Toute entreprise, de taille importante peut s’y joindre, sous réserve d’adhérer à l’ensemble de ses engagements, à commencer par cet objectif collectif de plus 30 % d’achats au STPA et au SIAE, ainsi qu’aux objectifs qui vont au-delà des achats, sur le mentorat, l’apprentissage, etc. Un engagement personnel du CEO est également nécessaire. Le principe de ce Collectif repose en effet sur des rencontres récurrentes entre CEO de grands groupes, qui se réunissent trois à quatre fois par an pour faire le point sur les objectifs et les actions en cours. Notre conviction c’est que, pour que les choses avancent, il est important qu’il y ait un engagement personnel venant d’en haut. Cela permet de mobiliser.

Tout le monde est enthousiaste pour travailler sur les achats inclusifs mais ces sujets demeurent un peu plus compliqués à mettre en place

Comment faire en sorte que cette impulsion venant d’en haut n’entre pas en contradiction avec les autres objectifs donnés aux acheteurs sur le terrain ?

PP : Développer ces engagements environnementaux-sociaux fait partie intégrante de la stratégie d’AXA France et c’est un des piliers de notre stratégie achats. Nous faisons en sorte d’aligner les acheteurs et les métiers pour trouver des sujets qui permettent de répondre à cet axe stratégique. Mon rôle consiste justement à trouver ces opportunités : les catégories d’achats, les prestations qui peuvent être couvertes, mais surtout les bonnes personnes. Un facteur clé de succès consiste à trouver le bon binôme acheteur et métier qui va être capable de construire ce genre de sujet. Tout le monde est enthousiaste pour travailler sur les achats inclusifs mais ces sujets demeurent un peu plus compliqués à mettre en place.

LR : C’est justement l’objet du Forum de contribuer à lever ces freins. Le Forum des achats inclusifs est ouvert aux acheteurs et aux fournisseurs mais également à des personnalités d’autres horizons susceptibles de participer à l’acculturation nécessaire. Lever les a priori passe par du dialogue et des rencontres.

Tout le monde doit faire ce travail de sourcing et de mise en relation avec un métier pour que cela aboutisse

Comment pilotez-vous ces objectifs au niveau de la direction des achats d’AXA France ?

PP : Notre objectif consiste à doubler la dépense vers le STPA et le SIAE entre 2022 et 2026. C’est un objectif partagé par toutes les équipes de la directions achats. Toutes les catégories achats sont concernées. Certaines se sont plus développées que d’autres, notamment la partie informatique mais tout le monde doit faire ce travail de sourcing et de mise en relation avec un métier pour que cela aboutisse.

Comment fonctionne l’échange de bonnes pratiques entre les membres du Collectif ?

PP : Le Forum en lui-même participe à cette notion d’échange de bonnes pratiques. Les 50 fournisseurs qui y ont exposé ont été sélectionnés parce qu’ils étaient recommandés par les entreprises partie prenante du collectif. Cet échange de bonnes pratiques vient ensuite des témoignages des dirigeants d’entreprises, de directeurs achats ou de CEO de membres du collectif.

LR : parmi ses exposants, les deux-tiers (62 %) étaient d’ailleurs là pour la première fois. Chaque entreprise membre du Collectif devait venir avec deux fournisseurs, dont au moins un présent pour la première fois sur l’événement. Ces exposants représentent des secteurs d’activité divers : alimentaire, facility management, IT, conseil… mais aussi des organismes tels que Le Marché de l’inclusion », ou encore l’ANRH. Tous sont rassemblés sur un annuaire mis à disposition des membres du Collectif.

Comment envisagez-vous les objectifs du Collectif au-delà du cap de 2025 ?

LR : La perspective dans laquelle nous nous inscrivons pour l’avenir consiste à comprendre comment ces achats se traduisent concrètement en impact social, notamment en termes d’emploi. Nous devons donc construire une coopération sur ce sujet avec les pouvoirs publics. Le marché de l’inclusion a lui-aussi pris ce sujet à bras-le-corps.