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Nouvelle ère pour les Handiformelles

Par Mehdi Arhab | Le | Ha inclusif

La huitième édition des HandiFormelles a été l’occasion pour Hosmoz, entité issue de la fusion entre le Réseau Gesat et Handeco, de s’affirmer enfin. Son objectif est simple : mettre en lumière les professionnels du secteur du handicap et les entreprises du SIAE.

Nouvelle ère pour les Handiformelles
Nouvelle ère pour les Handiformelles

La chose avait été annoncée, mais voilà qu’elle a pris forme, formellement, lors de la huitième édition des Handiformelles. Hosmoz, la nouvelle entité issue de la fusion du Réseau Gesat et de Handeco, a été lancée devant près de 400 professionnels et institutionnels qui se sont réunis le 14 novembre à l’Institut Pasteur, en présence de nombreuses personnalités du secteur du handicap et de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) parmi lesquelles Marie-Agnès Poussier-Winsback, ministre déléguée chargée de l’ESS, de l’intéressement et de la participation. « L’édition 2024 des Handiformelles revêt une dimension assez particulière, en ce sens où, cette année, elle met à l’honneur la création et le lancement de notre nouvelle marque, Hosmoz », a introduit Denis Charrier, directeur général d’Hosmoz.

Ce rapprochement avait été confirmé lors de la précédente édition des Handiformelles par Jean-Louis Garcia, alors président d’Handeco. Hosmoz est ainsi devenu l’unique tête de réseau économique des structures inclusives, avec une raison d’être réaffirmée, celle de « faire grandir la valeur par l’inclusion », en soutenant l’insertion professionnelle des 170 000 personnes en situation de handicap qui montent en compétences au quotidien et en facilitant l’intermédiation entre les 2 400 ESAT/EA et leurs futurs clients. « Parce que le travail est structurant, qu’il permet d’être reconnu et d’exister, Handeco et le Réseau Gesat ont œuvré pour accompagner les EA et ESAT à répondre à cette mission par le travail », a retracé Denis Charrier. Hosmoz ne le cache pas : il veut en faire de même à travers une équipe unie et renforcée. « Le réseau s’appuie sur des compétences éprouvées et solides, un engagement et des résultats. Hosmoz a vocation à s’associer trois priorités pour l’emploi des personnes en situation de handicap : le développement de nouveaux débouchés commerciaux, la montée en compétences des salariés et la fluidification des parcours au sein des ESAT et EA », a décrit de son côté Charlotte Parmentier Lecocq, ministre déléguée chargés des personnes handicapées.

Pour renforcer son rôle d’intermédiation, Hosmoz propose plusieurs nouvelles solutions destinées aux ESAT-EA et aux clients privés et publics, à travers notamment son entité Hosmoz Conseil, une société de conseil déclarée en qualité d’entreprise de l’Économie Sociale et Solidaire. Cette structure vise à développer les relations économiques à fort impact inclusif, en co-construisant avec son équipe de consultants et son réseau de partenaires de l’ESS, des solutions sur-mesure en termes d’achats inclusifs et de développement responsable. Mais son offre ne s’arrête pas là. Hosmoz Fonds de dotation accompagne de son côté la transformation du réseau de prestataires inclusifs face à trois impératifs de responsabilité collective : inclusion sociale, production, locale et urgence climatique. Ce fonds de dotation soutient ainsi le développement et la structuration de l’offre des ESAT et EA.

Un secteur fonctionnel et opérationnel

Chaque jour, les clients nous disent ô combien ils sont satisfaits de la qualité des produits et des services made in ESAT/EA. 97 % des clients qui se déclarent satisfaits ou très satisfaits des prestations réalisées

À l’instar des années précédentes, les organisateurs des Handiformelles se sont employés à rappeler, avec passion, à quel point le secteur adapté va au-delà des murs et peut à inspirer des modèles d’organisation ici et là. Denis Charrier l’a clamé : Hosmoz, comme le Réseau Gesat et de Handeco en leur temps, s’emploiera pour valoriser comme il se doit le savoir-faire des travailleurs en situation de handicap et l’intérêt des ESAT et EA pour la société. Ce dernier a par ailleurs rappelé combien le secteur faisait preuve d’agilité et de flexibilité. « Plus de 170 000 professionnels handicapés se lèvent et rendent chaque matin en ESAT et EA pour y exercer leur métier et monter en compétences dans plus de 200 d’univers ». Pour les acheteurs, ce sont (évidemment) tout autant de possibilités d’achats. « Chaque jour, les clients nous disent ô combien ils sont satisfaits de la qualité des produits et des services made in ESAT/EA. Ce sont en tout et pour tout 97 % des clients qui se déclarent satisfaits ou très satisfaits des prestations réalisées », a-t-il assuré.

En somme, ESAT et EA nous invitent à faire avec les ressources à notre disposition. L’idée que l’on puisse employer des femmes et des hommes en situation de handicap ne requiert pas de faire un petit pas de côté. Pourtant, ESAT et EA continuent de souffrir de nombreux clichés : le coût des produits serait plus élevé, la qualité des services serait insuffisante … Que nenni ! « Nous affirmons, qu’en ESAT ou en EA, on peut se dépasser, s’épanouir grâce à la qualité produite », a une nouvelle fois affirmé Denis Charrier avec vigueur, avant d’ajouter. « La grande diversité des métiers exercés grâce aux nombreux clients partenaires des EA et ESAT permet à de nombreux professionnels en situation de handicap de faire carrière, de se former et d’évoluer, peut-être un jour, vers le milieu classique du travail lorsque c’est possible ». « La vie est compliquée quand on est en situation de handicap. C’est un combat permanent pour avoir sa place en société et au travail, pour établir du lien avec les autres », a regretté après coup Jean-Louis Garcia.

Faire un pas vers l’autre

Convaincu de la qualité et de l’agilité des ESAT et EA, de nombreux grands donneurs d’ordre ont accéléré le pas et se positionnent désormais comme des partenaires de choix pour les EA et ESAT, les aidant notamment à acter de nouvelles activités. Acheter aux ESAT et EA n’est pas encore devenu un réflexe, mais peut-être tend-il à l’être. Le Réseau Gesat et Handeco ont, pendant de nombreuses années - 55 ans en cumulé -, tenté de sensibiliser, de convaincre les donneurs d’ordre d’aller vers ces structures. Un travail de tous les instants ; marteler, encore et encore, que les produits et services des ESAT et EA ne souffrent d’aucun manque et répondent aussi à cette recherche de performance. « L’ESS dans son ensemble est un terreau fertile, qui a de l’avenir. Seulement, il faut coopérer et le renforcer pour porter les valeurs qui le caractérisent », a déclaré Denis Charrier.

Nous avons fait des études avec le Réseau Gesat et Handeco qui laissent entrevoir un certain potentiel

Avec ses 15 milliards d’euros d’achats et plus de 18 000 fournisseurs actifs, la SNCF possède une force de frappe sans commune mesure. Elle est, par la force des choses, un acteur qui participe grandement à dynamiser les territoires et, par conséquent, les ESAT/EA. Pour la SNCF, les achats représentent d’ailleurs un levier majeur de déploiement du développement durable. Les achats inclusifs ont pesé sur ce total plus de 42 millions d’euros en 2023. Un montant qui peut sembler dérisoire, mais qui ne l’est pas, d’autant que ces dépenses sont effectuées auprès de partenaires de longue date et tendent à augmenter. «  Nous souhaitons rehausser sensiblement cette proportion. Au regard de ce que peuvent dépenser chaque année les sociétés ferroviaires du groupe SNCF, cela peut paraître dérisoire. Mais nous avons fait des études avec le Réseau Gesat et Handeco qui laissent entrevoir un certain potentiel », a expliqué Fabrice Morel, directeur stratégie achats de la SNCF qui était invité à s’exprimer au cours d’une table ronde.

Ainsi, le groupe a annoncé vouloir tripler son montant d’achats directs vers ESS à l’horizon 2030. « Nous voulons dépasser les 100 millions d’euros d’achats directs auprès du secteur de l’ESS. Les 42 millions d’euros dépensés aujourd’hui le sont pour moitié auprès du secteur de l’insertion et pour l’autre auprès du secteur du travail protégé et adapté dans toute la France », a-t-il précisé. Pour y parvenir, la SNCF a noué des partenariats solides avec Le marché de l’inclusion et les structures de l’insertion, ainsi qu’avec Hosmoz, des ESAT et des EA sur l’ensemble des terres de France et de Navarre. La direction des achats a quant à elle, spécifiquement, tenu à développer le réflexe achats responsables de ses équipes, en les formant ; chose qu’elle fait également avec ses prescripteurs. « C’est un objectif suivi par le conseil d’administration du groupe lui-même », a insisté Fabrice Morel. « La co-traitance ou encore les clauses d’insertion sont des moyens extrêmement utiles pour faire croître notre montant d’achat auprès de ces structures », a-t-il ajouté.

Et les compétences recherchées par la SNCF chez les EA et ESAT sont nombreuses. La direction des achats a ouvert de nombreux marchés à leur égard, sur diverses familles d’achats - nettoyage et propreté, prestations intellectuelles informatiques, transport routier et travaux - qui réclament parfois un très haut niveau de technicité. « Nous avons veillé à ouvrir des chantiers d’insertion, l’un des plus emblématiques étant celui de la Gare d’Austerlitz à Paris qui a mobilisé des milliers d’heures d’insertion professionnelle », a exposé Fabrice Morel.