Avec sa filière innovation & achat durable, UniHA espère améliorer la qualité de service à l’hôpital
Par Mehdi Arhab | Le | Environnement
UniHA a créé une filière innovation et achat durable, laquelle est coordonnée par Stéphanie Geyer, directrice des achats du GHT Sud Lorraine. Son positionnement, original et particulier, lui laissera le champ libre pour coordonner des actions transversales au sein du groupement de coopération sanitaire et produire des marchés spécifiques. Pour UniHA, c’est une nouvelle manière de répondre aux besoins de ses adhérents, lesquels ont toujours à cœur d’améliorer la qualité du service rendu.
UniHA a tout récemment annoncé la création d’une filière « innovation et achat durable », dont la principale mission est de développer l’accès des hôpitaux aux techniques et dispositifs durables et innovants. Cette filière devra à la fois coordonner des actions transversales au sein d’UniHA et produire des marchés spécifiques. Ce projet, préparé tout au long de l’année 2023, vient confirmer les ambitions d’UniHA en matière d’achats responsables, d’innovation également donc. Pour conduire sa destinée, UniHA a choisi Stéphanie Geyer, directrice des achats du GHT Sud Lorraine et cheffe du Département Territorial investissement et logistique du CHRU de Nancy. La filière comprend en outre deux autres membres, Julie Létang précédemment acheteuse au sein de la filière ressources humaines et prestations intellectuelles d’UniHA et Pierre Hubert, spécialiste des achats publics. La première s’intéressera davantage aux questions liées à l’innovation, le deuxième aux questions relatives au développement durable. À cette équipe s’ajoute un renfort de choix, à savoir Jean-Yves Vadot, responsable achats au sein des Hospices Civils de Lyon, qui endossera la tunique de coordonnateur adjoint.
Nous ne concevons pas l’achat durable et l’innovation l’un sans l’autre. L’achat durable, par définition, réclame de l’innovation et une transformation de nos pratiques et processus. En somme, une innovation ne l’est vraiment que si elle est durable
Pour UniHA, il était plus que logique d’associer les problématiques d’achats durables et d’innovation. Cette filière découle finalement d’une conviction profonde : innovation et durabilité sont complémentaires et ne peuvent être séparées. Le groupement de coopération sanitaire, premier acheteur public du secteur de la santé en France, qui pilote les achats de plus de 1 300 établissements hospitaliers, dont 122 GHT et ce pour un montant d’achats qui a avoisiné 6,7 milliards d’euros en 2023, a d’ailleurs fait du développement durable et, plus précisément, de la décarbonation des hôpitaux un de ses enjeux prioritaires de sa politique d’achats. L’innovation en est, évidemment, un autre. « Il est pour tout acheteur public essentiel de s’intéresser aux problématiques d’achats durables. Et celles-ci ne peuvent, à nos yeux, être dissociées de la question de l’innovation. Nous ne concevons pas l’achat durable et l’innovation l’un sans l’autre. L’achat durable, par définition, réclame de l’innovation et une transformation de nos pratiques et processus. En somme, une innovation ne l’est vraiment que si elle est durable ; elle doit nécessairement intégrer les problématiques de durabilité et de soutenabilité », clame Véronique Bertrand, directrice générale adjointe chargée de l’offre au sein d’UniHA.
De nombreux chantiers menés de front
Cette filière, transverse, une première du genre pour UniHA, doit ainsi repérer et impulser les leviers et stratégies qui permettront à toutes les filières de la centrale d’achat de proposer des marchés, produits et services qui répondent aux ambitions des établissements de santé adhérents. « L’idée n’est pas d’être redondant, mais bien de capter et relayer les sujets auprès des filières », confirme Stéphanie Geyer. En ce sens, la filière, dont le travail a débuté en début d’année, a attaqué plusieurs chantiers d’envergure.
En plus de coordonner la politique d’achat durable de l’institution, qui se traduira par l’adoption d’un SPASER (schéma de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsable) au courant de l’année 2024 - travail sur lequel est mobilisé Pierre Hubert ainsi que les plus hautes instances d’UniHA bien entendu, la filière entend prochainement produire un marché de conseil en développement durable, afin de permettre aux adhérents d’être accompagnés par des spécialistes dans la conception et le suivi de leurs actions en la matière. Un autre marché d’envergure, qu’elle produira dans les semaines qui viennent, devra permettre à ses adhérents de réduire leur empreinte carbone ou de mettre en valeur leur responsabilité sociétale. « Nous travaillons sur une offre qui permettra aux établissements d’être accompagnés aussi bien sur une politique de décarbonation générale par exemple que sur des actions ciblées », explique Stéphanie Geyer.
« Les principaux sujets sont centrés sur le renouvellement des stratégies achats des filières, par exemple en matière d’emballages et de déchets. Les enjeux sont nombreux et les façons de revisiter les stratégies des filières le sont tout autant. Nous travaillons également sur des offres de matériels reconditionnés, notamment sur les mobiliers de bureau, besoin qui émerge chez nos adhérents », complète cette dernière.
Les futurs marchés d’innovation portés par la filière sont quant à eux axés pour le moment sur des pratiques organisationnelles. L’optimisation des parcours patients constitue d’ailleurs pour UniHA, et ses adhérents au demeurant, une priorité prioritaire. La filière innovation et achat durable dit vouloir adopter une approche transversale et globale dans les outils qui pourront être proposés aux adhérents (en amont, pendant et après le prise en charge de l’établissement hospitalier), dans une optique de responsabilité populationnelle et d’innovation digitale. À cela vient se greffer un autre sujet, tout aussi important pour la filière innovation et achat durable d’UniHA, lié à la réforme de la protection sociale complémentaire (PSC). Celle-ci vise à renforcer la couverture complémentaire des fonctionnaires en offrant une meilleure prise en charge des frais de santé non couverts par la Sécurité Sociale.
Un changement des pratiques pour une meilleure offre
En recherchant de la sobriété, des modes de fonctionnement différents, nous générons des innovations que l’on n’attendait pas forcément et qui sont extrêmement bénéfiques
Derrière, se cache l’envie pour UniHA d’impulser un élan nouveau, toujours au service de ses adhérents. De la sorte, le groupement de coopération sanitaire espère en effet bien faire naître de nouvelles pratiques de consommation et des changements organisationnels qui bénéficieront dans la durée au personnel hospitalier et aux patients. « C’est pour cela qu’il est intéressant de réfléchir sur ces deux sujets ensemble, avec la même approche », défend Véronique Bertrand, pour qui, bien souvent, les achats durables ont été une source d’innovation pratique (plus que) précieuse. « En recherchant de la sobriété, des modes de fonctionnement différents, nous générons des innovations que l’on n’attendait pas forcément et qui sont extrêmement bénéfiques ». Et quoi de mieux que de le prouver dans le domaine de la santé, publique qui plus est ?
Toute notre action est pensée pour améliorer la pratique médicale
UniHA a déjà longuement travaillé sur ses pratiques, s’orientant vers une approche TCO et s’éloignant ainsi de la moins disance pour s’inscrire dans une logique à acheter de la valeur. Dès lors, ses nombreux adhérents ne seront pas dépaysés, puisque cette l’action de la filière innovation et achat durable s’inscrit dans cette lignée. « Toute notre action est pensée pour améliorer la pratique médicale », rappelle Véronique Bertrand. Dans un contexte pour le moins tendu, UniHA met effectivement un point d’honneur à contribuer au bon fonctionnement d’un service public que beaucoup décrient et critiquent vivement. Et cela passera évidemment par l’amélioration des services rendus, d’une part au personnel soignant pour leur permettre de se concentrer sur leur cœur de métier et, d’autre part, aux patients derrière. Pas une mince affaire, mais un défi passionnant, en tout point. « Je n’ai pas réfléchi longtemps avant d’accepter la proposition de coordonner cette filière », s’amuse d’ailleurs Stéphanie Geyer.