EcoVadis réunit un plateau de choix pour l’édition 2024 de Sustain
Par Mehdi Arhab | Le | Environnement
À l’occasion de Sustain, son événement annuel dédié aux Achats Responsables, EcoVadis a invité les directions achats de L’Oréal, d’AstraZeneca, d’Air France-KLM et la direction générale de Clarins à évoquer l’importance que revêt le sujet au sein de leur organisation. Les débats furent riches et, évidemment, extrêmement intéressants. Compte-rendu non exhaustif.
EcoVadis a enfin lancé son année 2024, en organisant Sustain, sa conférence annuelle consacrée aux Achats responsables, développement et finance durables. Et cette huitième édition, au format hybride encore une fois, qui a tout de même réuni plus de 600 personnes le premier jour au Docks de Paris, à Aubervilliers, a marqué les esprits. La plateforme d’évaluation RSE, créée en 2007 et de dimension internationale, a réuni pour l’occasion un plateau de choix. Virginie Courtin, directrice générale du groupe Clarins a été invitée à monter sur scène, tout comme, plus tard Séverine Thery-Cave, directrice des achats directs du groupe L’Oréal, Stéphane Masson, VP global procurement de Marriott International, Jurriaan Lombaers, CPO d’Air France-KLM et Nataša Vidmar, CPO du groupe pharmaceutique suédo-britannique AstraZeneca.
Tous ont évoqué leurs engagements en matière de RSE, aussi bien du point de vue environnemental que du point de vue social et sociétal. La première citée, dont l’entreprise veille à faire « pousser » la beauté avec des plantes, a rappelé à quel point la RSE irriguait toutes les décisions stratégiques de l’entreprise. Et ce, depuis près de vingt ans. « Je pense sincèrement que nous avons toujours été très engagés et nous veillons, chaque jour, à être responsable, de façon à protéger les êtres humains et les ressources naturelles. Nous avons commencé à agir par conviction et non parce que le consommateur nous le réclamait », a introduit Virginie Courtin. Et la raison d’être du groupe, Rendre la vie plus belle, transmettre un monde plus beau, le confirme. « Toutes nos actions sont définies à l’aune de cette phrase. Nous tâchons de nous questionner quotidiennement afin de faire plus que notre part du chemin », a expliqué Virginie Courtin.
Le sujet des achats responsables : une question qui intéresse au plus haut niveau
D’ici à 2025, le groupe de cosmétiques entend devenir 100 % neutre en matière plastique, en garantissant que tous les contenants et emballages de ses produits soient recyclables, avec 50 % de matériaux recyclés. Le groupe ambitionne, à cette date également, de réduire de 30 % ses émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, le groupe prévoit, d’ici le même horizon encore, de n’utiliser que des ingrédients naturels, issus de l’agriculture régénératrice. Pour le moment, 80 % de ses actifs employés sont extraits de plantes bios, le reste étant constitué d’ingrédients de synthèse de qualité nécessaires à l’efficacité des produits. Et son engagement dans le développement durable n’entame en rien sa bonne santé économique. Le groupe continue de gagner des parts de marché et peut se féliciter d’excellents résultats.
Nous pensons qu’investir dans le futur et dans la durabilité plus largement est une opportunité. Investir de la sorte est toujours une excellente décision
Depuis 2007, année lors de laquelle le groupe a commencé à réaliser sa photo carbone comme le rappelle Virginie Courtin, le groupe a lancé ses premiers programmes de commerce équitable. Et depuis quelques années, a suivi la création du « Domaine Clarins », de façon à ne s’approvisionner que de façon durable. Une initiative notable, qui illustre l’engagement du groupe. « Nous avons une feuille de route claire, avec des plans d’action précis. Nous pensons qu’investir dans le futur et dans la durabilité plus largement est une opportunité. Investir de la sorte est toujours une excellente décision », a exposé Virginie Courtin. S’il n’est pas toujours aisé de demander à ses fournisseurs d’embrasser les mêmes ambitions, le groupe Clarins a fait preuve de patience, de pédagogie. « Nous avons pris la décision d’acheter des terres et développer nous-même des cultures. Nous veillons à travailler avec l’ensemble de notre panel fournisseurs. Nous croyons à l’intelligence collective et leur partageons de ce fait nos retours d’expérience et nos bonnes pratiques », a synthétisé Virginie Courtin, pour qui il est important de « donner l’exemple et montrer la voie » en tant que donneur d’ordre. « Il est plus facile de convaincre un fournisseur de faire quelque chose en lui disant qu’il en est capable et parce que nous le faisons ».
La décarbonation et l’approvisionnement durable dans toutes les têtes
Cette approche responsable, qui essaie d’intégrer au mieux la supply chain, est encourageante. L’Oréal a lancé il y a de cela 15 ans désormais un programme d’engagement des fournisseurs autour de la réduction de leurs émissions. Une action nécessaire, puisque la part du scope 3 amont représente l’immense majorité des émissions totales du groupe. « Il n’a jamais été question d’imposer quoi que ce soit à notre panel fournisseurs, ni de les forcer à quoique ce soit, mais bien de les accompagner, de les aider et de leur fournir des outils pour s’améliorer », a rappelé Séverine Thery-Cave. D’ici à 2030, L’Oréal affirme que l’ensemble de ses fournisseurs stratégiques réduira de 50 % en valeur absolue leurs émissions directes de gaz à effet de serre (scope 1 et 2) par rapport à 2016. À même échéance, le géant français des cosmétiques compte réduire de 50 % en moyenne et par produit fini les émissions de gaz à effet de serre liées au transport de ses produits par rapport à 2016.
Autour de Chanel, le groupe a récemment rejoint le tout nouveau consortium TRASCE, qui désire, purement et simplement, améliorer la traçabilité de leur chaîne d’approvisionnement des composants clés des formules et des emballages de la filière des cosmétiques. Et si la pression réglementaire croissante qui pèse sur les donneurs d’ordres à compter pour beaucoup dans l’envie d’unir les forces, les situations de rupture et de pénurie, liées à la crise Covid, aux perturbations climatiques et multiples tensions géopolitiques, ont poussés les membres du consortium, dont L’Oréal, à presser le pas et revoir leur approche en profondeur.
Notre stratégie RSE repose sur plusieurs piliers nécessaires : un meilleur accès aux soins, la protection de l’environnement et la transparence, sans cela nous ne pouvons construire de futur durable
Du côté d’AstraZeneca, les ambitions en matière de décarbonation sont extrêmement élevées, marquées. Le groupe pharmaceutique vise la réduction, pure et simple, de ses émissions de gaz à effet de serre sur ses opérations (Scope 1 et 2) de 98 % d’ici 2026. Le groupe, qui a été l’un des premiers à s’aligner sur l’initiative Science Based Targets Initiative, entend également atteindre la neutralité carbone sur l’ensemble de notre chaîne de valeur (Scope 3) en 2030. Et d’ici à 2045, le géant pharmaceutique compte réduire ses émissions carbones de 90 % sur l’ensemble chaîne de valeur, et ce, sans mesures compensatoires. « Notre stratégie RSE repose sur plusieurs piliers nécessaires : un meilleur accès aux soins, la protection de l’environnement et la transparence, sans cela nous ne pouvons construire de futur durable », a d’ailleurs clamé Nataša Vidmar, la directrice des achats du groupe.
AstraZeneca a déjà fait un bon bout de chemin, revendiquant avoir réduit de près de 60 % ses émissions de GES depuis 2015. La direction des achats joue un rôle prépondérant et multiplie les actions pour aider le groupe à atteindre ses objectifs. Désormais, la quasi-totalité de l’électricité du groupe provient de sources d’énergie verte. Air France-KLM, par la voix de son directeur achats groupe, a également réaffirmé ses ambitions. Le groupe a promis de réduire de 30 % ses émissions de CO2 par passager/km à l’horizon 2030. Pour ce faire, le groupe a grandement investi dans des carburants d’aviation durable et promet également d’en intégrer au moins 10 % à la même échéance. La flotte d’avions du groupe est également en train d’être renouvelée, afin d’atteindre cet objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre. « Le groupe investit chaque année plusieurs milliards d’euros pour renouveler sa flotte. Nous travaillons par ailleurs avec l’ensemble de nos parties prenantes pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 », a confirmé Jurriaan Lombaers.
Les directions achats d’AstraZeneca et d’Innio récompensées pour leurs efforts
Comme d’accoutumée, la première journée de l’événement s’est achevée par une remise de prix du leadership en matière d’achats responsables. La direction des achats d’AstraZeneca a été récompensée pour l’ensemble de son œuvre en matière de politique d’achats responsables et, plus particulièrement, sa stratégie d’engagement de ses partenaires commerciaux et tout particulièrement sur le dispositif d’onboarding des fournisseurs du groupe. La direction des achats du groupe autrichien Innio, spécialisée dans la production de moteurs à gaz et d’équipements électriques, s’est quant à elle vu décerner, parmi dix-neuf candidats, le prix du meilleur nouveau programme d’achats responsables. Pilotée par Thomas Janvier, la direction des achats d’Innio aligne désormais ses processus d’approvisionnement sur les principes du développement durable. Une approche qui affiche quelques promesses et quelques résultats probants.