Carbo lève 5 millions d’euros pour développer son outil de mesure de l’empreinte carbone
Par Mehdi Arhab | Le | Environnement
Carbo, jeune startup fondée en 2019 accompagnant 400 entreprises dans la mesure et la réduction de leur empreinte carbone, a réalisé la première levée de fonds de son histoire, avec à la clé un financement de cinq millions d’euros. Un tour de table mené auprès de deux fonds, Maif Avenir et 115K, le fonds d’innovation de la Banque Postale, partenaire historique de la jeune pousse.
Depuis sa création en 2019, Carbo a su séduire nombre de citoyens, ne cessant de grandir, avec patience et bon sens. Si elle a d’abord imaginé une application web gratuite à destination des particuliers, la jeune pousse déploie désormais une solution SaaS permettant aux entreprises de calculer leur empreinte carbone et de la piloter. Aujourd’hui, la structure est parvenue à convaincre quelque 400 entreprises de recourir à son outil, parmi lesquelles de nombreuses PME et ETI, pêle-mêle : Izipizi, Malt ou encore Back Market. Carbo leur propose également des pistes de réflexion, les aidant ainsi dans leur plan de bataille pour réduire leur incidence sur l’environnement.
Début février, elle a cette fois réussi à captiver l’attention de deux fonds, Maif Avenir et 115K, le fonds d’innovation de la Banque Postale ainsi que de nombreux business angels, entérinant une levée de fonds de cinq millions d’euros. Un tour de table qui doit permettre à Carbo de développer sa technologie et d’étoffer ses effectifs. Cela afin d’atteindre son principal objectif, celui d’accompagner 5 000 entreprises à l’horizon 2025. Les trois fondateurs de l’entreprise, Simon Letourneau, Julien Janson et Emmanuel Watrinet poursuivent l’aventure entrepreneuriale et demeurent majoritaires.
Un pool clients engagé
« Nos clients sont pour l’essentiel des entreprises volontaires, qui interviennent dans des secteurs d’activité variés », souffle Simon Letourneau. « Il nous faut accélérer la prise de conscience des particuliers mais aussi des entreprises pour réduire notre empreinte carbone », poursuit-il. Un crédo qui prend d’ailleurs tout son sens suivant aussi (et sans doute) la législation. En effet, pour rappel, la mesure de l’empreinte carbone est obligatoire pour les seules entreprises de plus de 500 salariés et, pour le moment, les plus petites structures y sont exonérées. Néanmoins, comme l’indique Simon Letourneau, la législation pourrait à l’avenir évoluer et être étendue. « Les entreprises qui établissent leur bilan carbone dès maintenant auront un avantage », assure-t-il.
« De nombreuses directions des achats de grands groupes ou d’organismes publics, à l’instar de la SNCF, obligent leurs fournisseurs, sous-traitants et prestataires à réaliser un bilan carbone pour travailler avec elle et cela concerne même les plus petits. Leur approche carbone au sein de leur stratégie d’achat a changé du tout au tout et s’est durcie. Il y a un changement de paradigme sur le sujet », rappelle Simon Letourneau.
Un équilibre espéré à l’été 2024
En outre, Carbo a affiché en 2022 un revenu annuel récurrent d’un million d’euros et caresse l’espoir d’atteindre l’équilibre à l’été 2024 grâce à cette levée de fonds. « A priori, cette levée n’en appellera pas d’autre. Mais si nous avons à l’avenir d’autres idées, peut-être aurons-nous besoin de nouveaux financements », développe Simon Letourneau, qui emploie, avec ses deux associés, 31 personnes, réparties au sein de deux équipes : customer care et product. L’ouverture de son capital entraînera le recrutement d’une vingtaine (au moins) de talents sur l’année 2023, sur les fonctions customer success, product, data, marketing et développeur. « Au-delà des postes, nous recherchons des collaborateurs alignés sur notre mission, qui l’embrassent et qui pensent écologie », clame le dirigeant.
Nous avons beaucoup travaillé sur la donnée et sa précision, pour augmenter l’exactitude du calcul
Un financement et un plan de recrutement qui permettront au demeurant à Carbo de développer et d’améliorer en conséquence son outil. Ainsi, une partie des fonds sera consacrée à son département R&D. « Les prochains mois seront l’occasion d’enrichir notre solution. Nous avons beaucoup travaillé sur la donnée et sa précision, pour augmenter l’exactitude du calcul ; le niveau d’imprécision pouvant toujours être plus ou moins élevé », explique Simon Letourneau.
Un outil collaboratif
De leur côté, les équipes de la startup s’attachent à collecter les data clients, piochant au sein de plusieurs dizaines de bases de données. Carbo leur communique ensuite à chacun des résultats personnalisés et les aide à penser une trajectoire de réduction de leur empreinte environnementale. L’outil se veut accessible et s’adresse à chaque collaborateur des entreprises clientes. Les salariés peuvent en effet y saisir ou importer toutes les données liées à l’empreinte carbone des activités numériques de leur entreprise, à celle de leurs opérations ou encore aux achats de sorte à estimer en temps réel leur empreinte carbone. Avec l’idée derrière de favoriser la mise en place de plans d’action permettant de réduire les émissions de GES.
Nous offrons des clés ludiques pour que chacun et chacune puisse bien comprendre les enjeux liés à la réduction de l’empreinte carbone
En plus de son système de comptabilité complet, qui identifie, quantifie et analyse la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre de ses clients, Carbo propose des contenus didactiques pour aider ses clients à valoriser leur engagement en faveur du développement durable et de la décarbonation. « Nous offrons des clés ludiques pour que chacun et chacune puisse bien comprendre les enjeux liés à la réduction de l’empreinte carbone. Cela permet de motiver le passage à l’action », commente Simon Letourneau. Ce dernier n’en oublie donc pas l’humain, mettant un point d’honneur à nourrir la satisfaction de ses clients. « Notre force réside dans notre capacité à accompagner nos clients dans leurs démarches. C’est un atout sur lequel nous devons capitaliser », expose Simon Letourneau.