Solution et techno

MyTroc lève un million d’euros pour presser le recours à la seconde main en entreprise

Par Mehdi Arhab | Le | Marketplace

MyTroc vient de lever un million d’euros pour accompagner sa prometteuse croissance et étendre ses solutions de réemploi de matériels professionnels. Un deuxième tour de table, mené en deux temps pour cette startup fondée en 2015, auprès de plusieurs business angels et complété par BPI France, PIE et BNP. 

MyTroc lève un million d’euros pour presser le recours à la seconde main en entreprise
MyTroc lève un million d’euros pour presser le recours à la seconde main en entreprise

Après avoir lancé en 2018 la branche BtoB de sa solution de réemploi, MyTroc voit (enfin) ses efforts récompensés. La PME, qui a clôturé l’exercice 2022 avec plus de 500 000 euros de chiffre d’affaires dans la poche, a en effet vu son portefeuille clients enfler ces douze derniers mois. Carrefour, Veolia (et Suez), Keolis, Enedis, Les Arts et Métiers ou encore la région Bourgogne-Franche-Comté sont tous tombés dans son escarcelle et recourent à ses marketplaces en marque blanche qui permettent de recenser le matériel non utilisé, stocké, sous exploité, ou en surplus, au sein d’une organisation, pour les transmettre en interne à d’autres services ou collaborateurs. Une pratique qui prend de plus en plus d’ampleur, d’autant plus avec l’avènement d’une législation plus contraignante.  

Nous aspirons désormais à travailler avec tous les plus grands groupes du Cac 40

« En janvier, nous comptions cinq clients. Nous travaillons désormais avec une vingtaine de groupes et collectivités », se félicite Floriane Addad, une des trois fondatrices de MyTroc. « Nous aspirons désormais à travailler avec tous les plus grands groupes du Cac 40 », poursuit-elle. Cet accroissement s’accompagne désormais par une levée de fonds d’un million d’euros, réalisée par divers acteurs - les plus célèbres étant BPI France, PIE et BNP. Cette opération, qui entraîne la création d’un conseil d’administration, aidera MyTroc à concrétiser dès 2023 ses ambitions de développement sur le Vieux continent, à fignoler sa techno ainsi qu’une nouvelle plateforme et maintenir une croissance à trois chiffres.

Les pays francophones pour s’étendre 

Pour continuer de grandir et atteindre son objectif de deux millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024, MyTroc dessine, doucement mais sûrement, son internationalisation. Les sollicitations venant de Belgique, du Luxembourg et de Suisse sont d’ailleurs de plus en plus pressantes. « Les pays francophones représentent de réelles opportunités de croissance. Par ailleurs, certains de nos clients espèrent ouvrir rapidement leur marketplace à leurs filiales étrangères », explique Floriane Addad.

Une expansion qui implique le recrutement de nouveaux talents. En plus de ses treize collaborateurs, MyTroc prévoit l’embauche de deux développeurs seniors, un chargé de qualité, un account manager ainsi qu’un commercial. « Pour absorber la demande et satisfaire nos clients avec le bon niveau d’accompagnement, nous devons impérativement renforcer les équipes techniques et commerciales », affirme Floriane Addad. 

Un calculateur carbone boosté à l’IA 

MyTroc Pro est accessible au moyen d’une licence annuelle, dont le prix est indexé à la taille du client et aux options premiums desquelles il souhaite profiter. L’une d’elle, le calculateur carbone, a d’ailleurs valu à la startup le statut de jeune entreprise innovante. Cet outil, porté par Judicaël Decriem, directeur technique de MyTroc et une des trois figures historiques de l’entité, ainsi qu’un doctorant en intelligence artificielle, recruté en début d’année 2022, a été développé pour permettre aux clients de mesurer l’équivalent carbone et les tonnes de déchets évités, ainsi que les sommes économisées. Des données qui permettent par la suite aux entreprises clientes de renforcer leurs rapports RSE. 

Ce calculateur carbone intégrera d’ailleurs incessamment de l’intelligence artificielle, afin de le relier automatiquement aux bilans carbones des clients et à toutes les bases de données carbones disponibles, dont la principale, la base Ademe. « Il nous faut rendre nos outils plus ergonomiques et encore plus accessibles », commente Floriane Addad.

Selon les données révélées par cette dernière en 2017, les entreprises génèrent en France, en moyenne, 287 millions de tonnes de déchets chaque année. Avec ses marketplaces, MyTroc Pro permettrait, pour un grand groupe, d’éviter en moyenne quelque 550 tonnes de CO2 et d’économiser un million d’euros. À titre d’illustration, la SNCF revendique plus d’un million d’euros d’économie depuis le 1er juin 2018 grâce à l’utilisation de sa plateforme. Du côté d’Enedis, ce sont plus de 1 000 objets qui ont été réemployés grâce à sa plateforme « Réemploi », soit l’équivalent de 129 900 kg de déchets évités et 513 000 kg de CO2 préservés.

Une nouvelle plateforme pour moins gâcher

Revendiquant plus de 450 000 utilisateurs, parmi lesquels 40 000 collaborateurs de la SNCF et 8 000 salariés d’Enedis, MyTroc estime, qu’en moyenne, 57 % du matériel proposé via ses plateformes trouve une seconde vie en interne. Un taux honorable, mais qui doit, aux yeux de Floriane Addad, nécessairement augmenter. « Plus de 55 % des annonces trouvent preneurs en interne. Mais que faire du matériel et des ressources restantes ? Il faut parvenir à les reverser », clame-t-elle. 

Nous voulons agrandir l’écosystème et la pratique du réemploi. C’est un enjeu majeur

Pour ce faire, Mytroc prévoit, dès l’été 2023, de passer à la vitesse supérieure et dépasser les 90 % de matériel professionnel préservé en lançant une nouvelle plateforme, baptisée ReShop. L’idée ? Interconnecter l’ensemble des marketplaces de ses clients et y proposer le matériel qui ne trouve pas acquéreur. Pour maximiser les chances de réemploi des produits mis à disposition, Reshop intégrera également des TPE et PME locales. Au demeurant, pour ces ressources, MyTroc Pro avait déjà instauré des boucles ouvertes vers des associations et partenaires industriels de ses clients. « Nous voulons agrandir l’écosystème et la pratique du réemploi. C’est un enjeu majeur. Nombre de nos clients se montrent déjà intéressés et devraient nous suivre », conclut Floriane Addad.