Vincent Deschamps : « Le grand chantier qui s’ouvre à nous est environnemental »
Par Guillaume Trecan | Le | Direction ha
Le nouveau directeur des achats de la Région Auvergne Rhône-Alpes, Vincent Deschamps, doit gérer un portefeuille d’achats en hausse de 750 millions d’euros d’achats par an et met le cap sur la RSE et le catégorie management.
Vincent Deschamps est à la tête d’une équipe de 66 personnes dont deux tiers de juristes et un tiers d’acheteurs positionnés sur l’amont, sur des activités de sourcing et de construction de stratégies d’achats avec les clients internes. Il est lui-même rattaché hiérarchiquement au secrétariat général en charge des moyens généraux et de la direction juridique.
Basculement de la convention de transport ferroviaire dans la concurrence
Sur un portefeuille en hausse de 750 millions d’euros, la mobilité figure en tête des dépenses du Conseil régional, avec tous les marchés de conventions du ferroviaire et de transport routier. Ce second domaine comprend le transport périurbain et le transport scolaire. Le premier, réserve quant à lui des enjeux colossaux pour l’avenir de la direction achats, avec une convention SNCF pluriannuelle d’un montant de 3,5 milliards d’euros qui basculera progressivement dans la concurrence, en vertu de la réglementation européenne. Un dossier dans lequel Vincent Deschamps perçoit « des enjeux techniques, organisationnels et financiers énormes. »
Les dépenses liées aux lycées, avec un portefeuille d’investissement d’environ 150 millions d’euros, constituent la deuxième grande famille d’achats du Conseil régional, avec notamment des enjeux de performance énergétique et de remise aux normes. Le troisième portefeuille le plus important est celui de la formation professionnelle, avec 80 à 100 millions d’euros de dépenses par an. Le reste des achats étant plus diffus : IT, services, frais généraux, etc.
Une centrale d’achats prometteuse
Vincent Deschamps doit également piloter une centrale d’achats dédiée aux acheteurs publics de la région, à laquelle se consacrent sept acheteurs de son effectif. Cette structure, qui fonctionne avec plus de mille adhérents, achète par exemple des denrées alimentaires ou encore de la téléphonie, sans doute plus à l’avenir. « C’est un très bel outil qui va continuer à se développer et qui nous permet de mutualiser beaucoup d’achats, notamment des fournitures pour les lycées, les collèges, les mairies, les communautés d’agglomération, ou encore des universités », avance Vincent Deschamps.
Nous devons avoir une vision un peu plus stratégique de la RSE et donc, à terme, produire une politique RSE
Le nouveau directeur des achats de la Région a principalement deux priorités en haut de sa feuille de route : RSE et catégorie management. « Nous devons nous structurer en termes de pilotage RSE et d’avoir une fonction plus impliquée dans l’animation de ses réseaux internes et externes. Nous devons aussi avoir une vision un peu plus stratégique de la RSE et donc, à terme, produire une politique RSE, une planification avec des potentiels d’application identifiés, soit sur le volet environnemental, soit sur des enjeux sociaux et sociétaux », annonce le nouveau directeur des achats.
L’axe environnemental vecteur de transformation
Pour Vincent Deschamps, si la RSE remonte en priorité numéro un dans sa feuille de route, comme dans celle de très nombreux directeurs achats nommés cette année, c’est un signe de maturité pour la fonction. « Peut-être que la fonction achats a déjà coché un certain nombre de cases. La question de la continuité de service ou de la couverture contractuelle ne se pose plus. La question de la valeur ajoutée des achats sur le volet économique et la contribution à la marge est également dans nos gênes. Les sujets d’industrialisation, avoir des éléments de doctrines qui nous permettent d’amener de la souplesse et de trouver des solutions et faire un peu d’ingénierie, ce sont également des cases cochées. Si l’on se projette sur la direction achats du futur les zones d’effort sont sur la RSE. »
En la matière, le premier axe travaillé à la demande de l’exécutif est l’achat local. « Le grand chantier qui s’ouvre à nous est l’approche environnementale », estime maintenant Vincent Deschamps pour qui c’est à la fois une obligation face à la pression réglementaire, « un levier de transformation » et « une façon d’avoir un projet transverse et de mobiliser les équipes sur un projet commun. »
Une approche plus stratégique des catégories
En ce qui concerne la montée en gamme du catégorie management, Vincent Deschamps entend s’appuyer sur les points forts de la direction achats pour passer à un nouveau stade de maturité. « Nous faisons très bien tout ce qui est production opérationnelle. Mais nous avons besoin d’avoir une approche plus stratégique de nos catégories avec des visions à cinq ans », analyse Vincent Deschamps. Pour permettre aux acheteurs de se concentrer sur des tâches à forte valeur ajoutée, il confesse un besoin d’automatisation.
Une direction achats tournée vers l’extérieur
Vincent Deschamps assorti cette feuille de route d’un objectif global de conduite du changement au sein de son service pour en faire « une direction achats tournée vers l’extérieur. » Que les acheteurs passent plus de temps en dehors de leur bureau, avec plus de retour d’expérience, plus d’interactions avec les fournisseurs, plus de benchmarks, plus de sourcing.
PORTRAIT
Vincent Deschamps (48 ans, Ecole des élèves-officiers du personnel navigant, Grenoble Ecole de Management) était précédemment directeur des achats de la région Île de France. Il a commencé sa carrière par huit ans et demi dans l’armée de l’air. Il a commencé sa carrière d’acheteur à la Délégation générale pour l’armement avant de rejoindre RFF, puis SNCF Réseau, dont il a exercé les fonctions de directeur de la stratégie achats.