Stallergenes Greer crée une direction achats groupe pour unir Europe et Etats-Unis
Par Guillaume Trecan | Le | Direction ha
Stéphane Lebarbier vient de prendre le poste créé de directeur achats groupe du laboratoire spécialisé dans le traitement des allergies Stallergenes Greer. Après deux ans de mission d’audit et pilotage des Achats Europe, il étend son action aux activités américaines du groupe.
Le nouveau directeur achats groupe du leader du traitement des allergies est un spécialiste des achats dans le secteur pharmaceutique qui, à 55 ans, a déjà été directeur des achats Europe d’Astellas Pharma et d’Astra Zeneca France. Partie d’une mission de soutien opérationnel aux équipes achats européennes conduite par le cabinet Mazar, la fonction de Stéphane Lebarbier chez Stallergenes Greer s’est étendue à une mission d’audit de l’organisation achats, puis, depuis janvier à la création d’un poste de directeur achats groupe, Etats-Unis compris, qu’il a accepté d’endosser.
Dans ses fonctions nouvellement élargies aux activités américaines de Stallergenes Greer, Stéphane Lebarbier reporte au directeur financier du groupe, Nicola Lamacchia et dirige une équipe de quinze personnes, dont six collaborateurs aux Etats-Unis, où le recrutement d’un acheteur supplémentaire est en cours. Stéphane Lebarbier gère 130 millions d’euros d’achats, notamment des achats de production, consommables, R&D et des indirects, y compris des études de marché, des agences de communication et des capex.
Parler d’une seule voix au marché fournisseur
L’ETI Stallergenes Greer, rachetée par le fonds Waypoint Capital, dont le siège est à Genève et qui emploie un peu plus de 1 000 salariés, possède cinq sites de production dans le monde, dont deux en France, à Antony et Amilly et trois en Amérique du Nord, en Ontario, en Caroline du Nord et en Californie. « Nous essayons maintenant de parler d’une seule voix au niveau d’une direction achats globale et plus seulement de la région Amériques d’un côté et Europe de l’autre », affirme Stéphane Lebarbier.
Nous aurons beaucoup moins de capacités à massifier et à unifier les achats directs entre l’Europe et les Etats-Unis que les achats indirects
Les particularités du secteur pharmaceutique limitent les synergies achats qu’il pourrait espérer dégager de cette nouvelle vision globale. « Nous devons faire des contrôles extrêmement rigoureux dès que nous devons changer la moindre ligne, ce qui limite beaucoup notre capacité à changer nos fournisseurs d’achats directs. Nous aurons beaucoup moins de capacités à massifier et à unifier les achats directs entre l’Europe et les Etats-Unis que les achats indirects », confirme Stéphane Lebarbier. La conduite du changement en matière de sourcing se justifie aussi par des différences industrielles, Make or Buy ou sur les procédés de fabrication qui subsistent entre Stallergenes et Greer, deux sociétés fusionnées en 2015. « En matière d’achats indirects, en revanche, nous avons déjà engrangé quelques succès, par exemple en uniformisant toutes les assurances du groupe. Nous avons désormais un seul courtier pour le monde entier », se réjouit Stéphane Lebarbier.
Des process et un reporting unifiés
Il entend désormais « continuer les efforts entrepris en Europe pour faire connaître les acheteurs des métiers ». « Une confiance a été établie, qui leur permet de piloter des stirco et de porter des dossiers jusqu’au niveau comité de direction », se réjouit Stéphane Lebarbier. Cette collaboration acheteurs directions métiers, qui doit également prendre corps aux Etats-Unis s’accompagne d’une clarification du reporting. Tout le reporting a été mis à plat, afin de communiquer sur les économies, gains sur achats et évitement de coûts, le ratio d’achats couverts, ou encore l’implication dans les grands projets stratégiques.
Nous réfléchissons à un outil commun d’e-procurement. Nous allons commencer par un outil de gestion d’appel d’offres. L’objectif est d’avoir un seul outil des deux côtés de l’Atlantique
Cette vision globale s’appuie également sur une dimension outil. Stéphane Lebarbier travaille pour l’heure avec deux ERP différents, SAP en Europe et Oracle JD Edwards aux Etats-Unis. « Nous réfléchissons à un outil commun d’e-procurement. Nous allons commencer par un outil de gestion d’appel d’offres. L’objectif est d’avoir un seul outil des deux côtés de l’Atlantique. C’est un projet structurant qui doit être finalisé cette année », annonce le directeur achats.
L’inflation s’invite dans la feuille de route achats
Le contexte actuel n’est évidemment pas sans apporter quelques bouleversements à sa prise de fonction, à commencer par son influence sur les achats d’énergie. Stallergenes Greer bénéficie en effet d’un contrat avec Gazprom depuis deux ans qui prévoit un mégawattheure à cinq euros. « Sur notre site d’Antony, dont les besoins s’élèvent à 3 400 mégawattheures, notre facture annuelle est de 17 000 euros. Avec les prix du marché d’aujourd’hui elle monterait à 480 000 euros », s’inquiète le nouveau directeur achats groupe. « Dans les achats directs, tous nos prix ont explosé. Nos indirects aussi sont concernés, ne serait-ce que le transport. Le mouvement d’inflation est global. Or, dans l’industrie pharmaceutique, nous ne pouvons pas toucher à nos prix de ventes, nous devons répercuter ces hausses sur nos marges », explique-t-il.
La guerre en Ukraine a aussi des conséquences indirectes très importantes sur l’activité du laboratoire, l’Ukraine et la Russie étant des pays où les patients participant aux études cliniques sont traditionnellement très nombreux.