Pour tenir bon face au ramp-up de l’aéronautique, Aresia mise sur ses achats et sa supply chain
Par Mehdi Arhab | Le | Direction ha
Née de la fusion de six PME, Aresia est sans doute l’ETI du secteur de l’aéronautique civil militaire la plus en vue du moment. Le groupe compte 11 sites en France et vise pas moins de 250 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’horizon 2025. Et dans un temps où l’exécutif français veut convertir l’industrie de la défense à l’économie de guerre, Aresia compte sur la collaboration de sa direction achats et direction supply chain pour poursuivre sa marche en avant.
Rafaut Group s’est effacé, son logo avec, laissant place en 2022 à Aresia. Née d’un rapprochement entre six différentes entités du secteur de l’aéronautique, l’entreprise se fonde sur des histoires ainsi que des compétences riches et complémentaires. Aresia s’appuie d’ailleurs sur un savoir local et français. En effet, le groupe compte 11 sites industriels, de taille différente, tous installés sur les terres de France et de Navarre ; emploie plus de 600 personnes, dont plus de 200 sur son atelier de Valenton. Aresia vise au demeurant pas moins de 180 millions d’euros de chiffre d’affaires sur son prochain exercice fiscal et au moins 250 millions d’euros d’ici à 2025. Une ambition de croissance marquée qui s’explique en grande partie par le nombre important de commandes reçues, mais aussi par les problématiques capacitaires à gérer de ses fournisseurs.
Détenue à 60 % par le fonds d’investissement HLD Europe, avec Tikehau Ace Capital, Étoile Capital et BNP Paribas Développement, Aresia se qualifie comme un partenaire majeur d’organismes étatiques et de grandes entreprises de l’aéronautique civile et de défense, parmi lesquels Airbus, Safran et, surtout, Dassault. Et en tant que partenaire stratégique de nombreux mastodontes du secteur, Aresia est pressée par leurs différentes exigences. Le groupe propose des équipements et systèmes d’emport respectivement pour le civil et le militaire, des palonniers, des équipements électroniques embarqués, des solutions radar, des roues, des freins ou encore des systèmes de commandes de vol. De sa position - en première ligne, Aresia fait face à une montée en puissance simultanée, inédite et significative de l’aéronautique civil et militaire. « Le secteur est à un pivot de son histoire », décrit d’ailleurs Mélanie Bulourde, nouvelle directrice supply chain du groupe.
Un pilotage de la relation fournisseur particulièrement resserré
De fait, le défi pour Aresia est immense s’agissant de tenir la cadence et, plus précisément, ses taux de service vis-à-vis de ses clients. Le groupe manœuvre sur des cycles produits particulièrement longs, avec des spécificités marquées et des matières contrôlées et homologuées. Or, certaines sont en pénurie et, à la suite de la pandémie de Covid et des confinements successifs, certains fournisseurs et sous-traitants ont mis la clé sous la porte. La problématique d’approvisionnement a de fait enflé, rendant la tâche d’Aresia éminemment ardue, mais considérablement challengeante. « Compte tenu du ramp-up du secteur, nous devons livrer plus tôt et à des cadences plus importantes, cela sans que la chaîne d’approvisionnement n’ait pu être suffisamment préparée en amont », note Mélanie Bulourde.
Il nous faut structurer, sécuriser cette partie opérationnelle et apprendre à travailler en crise
Pour remédier à cette difficulté, le groupe a défini de nouveaux processus pour travailler en interne mais aussi avec ses tiers amont. Le groupe table désormais sur un process d’escalade fournisseurs commun à tous ses sites. Et, en réunion, la direction des achats et la direction de la supply chain ont mis en place depuis le début de l’année une équipe dédiée, baptisée Supplier Quality Development (SQD), pour mieux collaborer avec leurs fournisseurs. L’objectif : les aider et les accompagner, faire des revues de carnets de commandes et prioriser lorsque le capacitaire fait défaut.
Une pratique bien connue dans le civil, beaucoup moins dans le militaire. Mais cette forme de pilotage, des plus minutieuses et rigoureuses, était nécessaire. « Les commandes de Rafale pleuvent et nous obligent à accélérer la cadence pour livrer en temps et en heure notre client. Les besoins sont énormes sur les systèmes d’emport et les roues que nous manufacturons. Il nous faut structurer, sécuriser cette partie opérationnelle et apprendre à travailler en crise », expose la directrice supply chain.
Mariage d’amour et de raison entre Achats et Supply
S’il ne peut offrir à ses fournisseurs et sous-traitants un support financier, le groupe a largement rehaussé son degré de coopération avec ces derniers. « Nous ne nous inscrivons pas seulement dans une relation transactionnelle client-fournisseur, mais bien dans une logique de partenariat resserré et d’échanges constructifs », affirme Mélanie Bulourde. Aresia se conforme en ce sens aux besoins de ses fournisseurs, aussi bien en termes de support au niveau de la gestion de leur propre supply chain, que du prévisionnel pour qu’ils puissent s’organiser et que de la priorisation lorsqu’ils sont en proie à des difficultés capacitaires. « Beaucoup de nos fournisseurs, manquant d’information sur la matière, réclament aujourd’hui un soutien sur leurs propres fournisseurs de rang 2 », commente Mélanie Bulourde. D’autres demandent à trouver des équivalences.
Une Supply Chain sans les Achats ne peut fonctionner correctement et vice-versa
Une nouvelle approche qui constitue finalement le premier fruit de « l’union » entre les Achats et le département supply chain et dans laquelle la direction qualité a aussi été mise à contribution. Elle est finalement le témoin du mariage entre Achats et Supply. « Pour le directeur des achats, Haïssam Hamahmy et moi-même, la gestion de la relation fournisseur est un vrai challenge. Une Supply Chain sans les Achats ne peut fonctionner correctement et vice-versa. Nous nous accordons au quotidien pour avancer dans le même sens », clame Mélanie Bulourde, avant de poursuivre : « nous avions très vite remarqué le besoin de support de certains de nos fournisseurs, aussi bien sur la partie financière que qualité. Nous ne travaillons pas avec des produits sur étagère ; les procédés sont complexes, les exigences qualités nombreuses et difficiles à satisfaire au niveau industriel », rappelle-t-elle.