[CHRONIQUE 5/6] Quelles compétences pour une fonction achats réellement stratégique ?
Par Guillaume Trecan | Le | Direction ha
Cinquième et avant-dernier épisode des chroniques de Ruxandra Ispas sur la conduite du changement dans un monde d’injonctions contradictoires sur les ressources et compétences des services achats. En plus de l’excellence sur les basiques, la fonction achats doit développer de nouvelles compétences - vision business, compétences tech et data… - mais surtout des savoir-être axés sur la capacité à engager des collaborations gagnantes.
Nous avons mis en évidence à plusieurs reprises les changements auxquels la fonction achats doit faire face et notamment la Transition écologique, l’Innovation et la Digitalisation. Cette transformation se traduit par une évolution de compétences nécessaires pour exercer la fonction d’acheteur et a un impact immédiat sur les profils que les entreprises recrutent.
Forte sur ses fondamentaux et pertinente sur beaucoup d’autres choses
Mais rappelons le début de ces chroniques, nous vivons dans un monde d’injonctions contradictoires. Il ne s’agit pas ici de faire l’apologie exclusive des nouvelles compétences et oublier les fondamentaux de ce métier, la réduction des coûts, la sécurisation de la supply et la maîtrise des risques. Aucun CEO ne comprendrait que les acheteurs parlent de digitalisation et d’innovation alors que l’inflation fait rage et que les usines manquent de matières premières.
En plus d’être excellente dans son périmètre historique, la fonction achats, plus que toute autre, doit agrandir son éventail de compétences pour faire face au monde d’aujourd’hui
Une étude récente de Gartner montre que seulement 14 % des CPOs considèrent qu’ils disposent des talents adéquats aux enjeux de leur fonction. Si la plupart sont confiants dans le fait que les compétences actuelles leur permettent de répondre aux enjeux à court terme, ils sont inquiets concernant leur capacité à faire face aux enjeux futurs ou à servir comme conseils stratégiques au business.
Selon cette étude, 69 % des CPOs interrogés considèrent que le business acumen a largement gagné en importance dans les douze derniers mois, 68 % d’entre eux considèrent que les compétences technologiques et data ont gagné en importance sur la même période, alors que seulement 26 % pensent que les compétences dites traditionnelles ont progressé en importance
Des savoir-être et une capacité à impulser le changement
Pour commencer, les acheteurs doivent intensifier l’attention portée à la Supply Chain étendue, en considérant l’effort de formulation et de production et en les factorisant dans le coût total. L’animation cross fonctionnelle, la persuasion, l’influence, la conduite du changement deviennent alors indispensables pour impulser le changement.
Concernant les enjeux plus récents, Le Journal of Purchasing and Supply Management fait le trait d’union entre digitalisation, Innovation et RSE et met en évidence les nouvelles « soft » compétences, notamment autour du leadership et de la collaboration.
L’intensification de la digitalisation demande, en plus, de l’éducation numérique, une conduite du changement et une conscience éthique pour faire bon usage des progrès de la science éviter le sentiment de mise à l’écart de l’humain
En synthèse, empathie, communication, collaboration, engagement de toutes les parties prenantes se rajoutent à l’éducation numérique en environnementale et deviennent plus que jamais les clefs d’un positionnement stratégique réussi de la fonction Achat.
Des nombreux établissements d’enseignement supérieur intègrent désormais dans leur parcours Achats des modules additionnels ciblés sur ces compétences. Néanmoins, en attendant que ces nouvelles recrues arrivent sur le marché, les entreprises et leurs CPOs, en collaboration avec les RH, doivent mettre en place des programmes de formation et de mentoring, voir de coaching, pour aider les acheteurs à ces nouvelles compétences et comportements indispensables et assurer le positionnement tant désiré de la fonction achats comme business partner du CEO.
Références :
Journal of Purchasing and Supply Management