Jonas Pottiez (Groupe Balas) : « Nous nous concentrons principalement sur des partenaires français »
Par Mehdi Arhab | Le | Direction ha
Jonas Pottiez, directeur des achats du groupe Balas depuis octobre dernier, a fait de la RSE un élément de choix de sa politique achats car à même d’engendrer davantage de valeur. De telle façon d’ailleurs, qu’aujourd’hui, le critère en la matière a désormais été placé au même niveau que le critère prix dans ses appels d’offres.
Rares sont les sociétés qui peuvent se prévaloir d’une existence supérieure à 200 ans. C’est le cas du groupe Balas, fondé en 1804. Spécialisée à l’origine dans la couverture et la plomberie, la société Balas a su au fil du temps s’agréger de nouvelles compétences avec la CVC, l’électricité, la maçonnerie et plus récemment le tout corps d’état (TCE). Le groupe familial, aujourd’hui dirigé par Jérôme Balas, emploie près de 900 collaborateurs et revendique en 2022 un chiffre d’affaires consolidé de 180 millions d’euros.
Il se compose, outre la société Balas, de trois filiales. CCR, établie à Champagne-sur-Oise - et ses 80 collaborateurs - est spécialisée dans la restauration du patrimoine ancien. Grâce à ses compétences en taille de pierre, en maçonnerie et en ravalement de façades, elle intervient sur des monuments classés ou inscrits ainsi que dans des opérations de réhabilitation lourde patrimoniale. Framaco Fournier Guignard intervient quant à elle dans le secteur de l’installation, de la maintenance, du dépannage des installations frigorifiques et des cuisines professionnelles ainsi que dans la fabrication de mobilier inox sur mesure. La dernière, B’Bath est un showroom de 300m², situé en plein cœur de Paris, entièrement dédié à l’univers de la salle de bain contemporaine.
Un groupe, cinq pôles d’expertise
Le groupe francilien, dont le siège social est à Gennevilliers s’organise autour de cinq pôles opérationnels : le pôle Grands-Projets, celui de l’enveloppe du bâtiment (couverture et étanchéité), celui propre à la rénovation (CET/TCE), celui dédié aux clients privés et enfin celui voué aux collectivités et organisme publics (travaux, maintenance, entretien et dépannage). À titre d’exemple, le groupe intervient actuellement sur cinq gares des projets Eole et Grand Paris Express, sur l’hôpital Lariboisière et celui de Meaux, sur la Tour Pleyel en Seine Saint Denis et sur la future Tour Triangle dans le XVème arrondissement. Il est également intervenu sur le chantier de la Cathédrale Notre-Dame de Paris.
Le « sourcing » pour minimiser le risque majeur d’indisponibilité
Jusqu’ici responsable des achats, Jonas Pottiez a été promu en octobre dernier directeur des achats du groupe Balas et, à ce titre, il est membre du comité de direction. Jonas Pottiez pilote une équipe de quatre acheteurs multi-compétents qui couvre l’ensemble des métiers (plomberie, couverture, étanchéité, CVC, électricité, maçonnerie …) et supervise en particulier la sous-traitance. Une règle intangible dicte l’obligation de passer par le département des achats au-delà d’un certain montant. C’est un « service majeur » fait savoir son directeur, qui ne cesse de monter en compétence avec objectif prochain de se doter d’outils SI achats.
Arrivé au sein du groupe le 17 mars 2020 au premier jour du confinement, Jonas Pottiez avait pour mission la création d’un service achat pour le pôle Grands-Projets. Période de pandémie oblige, il a dû faire face à une situation de ruptures et de pénuries. Sa politique a alors été de « sourcer en masse » ; technique en laquelle il croit énormément, poussant dès lors ses collaborateurs à s’y investir fortement. « Nous nous concentrons principalement sur des partenaires français et européens », explique Jonas Pottiez, avant de se remémorer.
« Le contexte de la fin de l’année 2020 a été très difficile et s’est traduit par un manque de matériel associé à une augmentation des prix. Pour autant, nous sommes parvenus à faire face en travaillant conjointement avec les fabricants et les distributeurs. Il a fallu développer notre méthode de sourcing et veiller à conserver d’excellentes relations avec nos fournisseurs pour être servi dans les meilleures conditions. Travailler de la sorte nous a donné un nouvel élan ».
Une dynamique bienvenue qui a par ailleurs poussé Jonas Pottiez à imposer une vision RSE à la politique achat du groupe. « J’assume une certaine forme d’intransigeance en la matière et quitte à changer les habitudes, autant le faire en profondeur. Mon choix est celui d’accélérer le mouvement », développe Jonas Pottiez. En ce sens, il a décidé de placer au même niveau le critère RSE et celui du prix. Une « petite » révolution et un sacré coup dans la fourmilière. « Nous ne transigerons pas, car la notion RSE est devenue maintenant un critère de choix dans nos appels d’offres. Entre deux produits équivalents, le plus vertueux, même s’il est légèrement plus coûteux, sera privilégié », assure le directeur des achats.
Les emballages dans le collimateur !
Nous veillons quand cela est possible à être livré directement par les industriels sur nos chantiers pour réduire les temps de trajets et les émissions carbones de l’industriel au distributeur
Ainsi en lien avec les directions opérationnelles, Jonas Pottiez, accompagné de la directrice RSE, a lancé une politique d’achat dite responsable et rigoureuse. Désormais, une très grande partie des livraisons pour les ateliers de préfabrication du groupe se font dans des caisses réutilisables. L’objectif ? En finir avec les emballages cartons et autres matières plastiques. « Nous veillons quand cela est possible à être livré directement par les industriels sur nos chantiers pour réduire les temps de trajets et les émissions carbones de l’industriel au distributeur », développe en complément le directeur des achats. Jonas Pottiez avoue par ailleurs plancher sur la livraison à vélo pour les petits approvisionnements.
Outre le gain en équivalent CO², Jonas Pottiez relève d’autres satisfactions dans cette démarche. En particulier une, concernant les opérationnel sur le terrain : celle de ne plus déballer des cartons mais se concentrer sur l’essentiel. « Nos collaborateurs n’ont plus à déballer des cartons, ce qui est relativement ennuyeux et peu valorisant. Ils peuvent désormais se concentrer, dès la réception de la commande, sur des tâches à plus forte valeur ajoutée et plus gratifiantes. Cela permet aussi de mieux réceptionner les livraisons », fait savoir le directeur des achats.
Nous nous obligeons à respecter nos engagements de paiements vis-à-vis de nos partenaires
Et si ce genre d’initiative séduit en interne, c’est aussi parce que Jonas Pottiez et ses collaborateurs refusent d’opérer en vase clos. « Il n’est pas question de décider seul. Nous nous impliquons aux côtés des opérationnels et avons pensé ce service conjointement. Nos décisions sont collégiales » insiste Jonas Pottiez, avant de conclure. « En lien à cette politique achat, nous nous obligeons bien à respecter consciencieusement nos engagements de paiements vis-à-vis de nos partenaires. Le groupe a toujours entretenu de très bonnes relations avec ses fournisseurs et ses sous-traitants. C’est le cœur de son fonctionnement ».