La sécurisation des approvisionnements, axe central de la stratégie d’UniHA
Par Mehdi Arhab | Le | Direction ha
Après avoir renouvelé son conseil d’administration et dévoilé son nouvel organigramme à la fin de l’année 2022, le groupement de coopération sanitaire UniHA a récemment présenté ses grands projets stratégiques pour les années à venir. Au cœur de sa feuille de route : la sécurisation et la souveraineté des approvisionnements, le développement durable et la cybersécurité.
Les arrivées conjuguées de Walid Ben Brahim et de Pierre Thépot, respectivement aux postes de directeur général et de président, actaient la fin d’une ère pour UniHA. La conclusion d’une époque qui s’explique (surtout et avant tout) par la pandémie de Covid 19, laquelle a profondément bousculé les stratégies d’achats des établissements de santé, imposant par la même occasion une nécessaire prise en compte des risques à des niveaux plus élevés. « Les établissements de santé français font face à de grosses turbulences et des vents contraires », rappelle d’ailleurs en introduction Pascal Thépot.
Un sujet des plus importants donc, à plus forte raison au regard du périmètre d’action de la centrale d’achat qui administre les achats de près de 1 300 établissements hospitaliers, dont 132 GHT (sur 135 !) et ce pour un montant d’achats dépassant les 6 milliards d’euros. Pour rappel, à sa création il y a quinze ans, le réseau coopératif était porté par une cinquantaine d’établissements uniquement et regroupait « seulement » 800 millions d’euros d’achats.
Les approvisionnements, coûte que coûte
Dans ce contexte, UniHA entend passer d’une vision favorisant la sacro-sainte massification à celle encourageant la performance globale des achats. Pour ce faire, le groupement de coopération sanitaire a fait de la sécurisation et de la souveraineté des approvisionnements une priorité absolue. Celles-ci sont désormais partie intégrante des critères de choix exprimés dans ses appels d’offres.
Nous nous réservons la possibilité de ne choisir que des fournisseurs européens pour toutes les molécules et tous les produits jugés critiques
Cela concerne en premier lieu les marchés stratégiques et critiques à destination de ses adhérents, à savoir les marchés relatifs aux masques ou encore à l’antibiothérapie. Une évidence tant les médicaments et produits de santé constituent le principal volume d’achats du réseau - quelque quatre milliards d’euros. « Nous nous réservons la possibilité de ne choisir que des fournisseurs européens pour toutes les molécules et tous les produits jugés critiques », avance Walid Ben Brahim, qui promet que l’année 2023 sera le théâtre d’un déploiement plus large de cette approche.
La gestion des ruptures des chaînes d’approvisionnement se révèle ainsi comme la question centrale du réseau. Cette dernière place en effet la satisfaction de ses adhérents en tête des enjeux qu’elle a à relever. La structure assure du même coup avoir développé une expertise en matière d’achat lui permettant d’identifier et d’anticiper au mieux les risques de rupture pour mieux les gérer dans la durée. Une montée en compétence qui trouve son origine dans le déploiement d’outils de systèmes d’information dans un objectif d’offrir le maximum de visibilité́ et lisibilité aux établissements adhérents et fournisseurs. Durant toute l’année 2022, les acheteurs d’UniHA ont suivi une formation de pilotage des actions d’achat par le risque. Un programme complet a dès lors conduit chaque filière à repenser ses stratégies achats sous l’angle du risque.
Outre les produits de santé, les équipes du groupement ont fortement œuvré face aux difficultés d’approvisionnement en énergie. « Les sujets liés à l’énergie ont fortement occupé la fin d’année 2022. Nos équipes sont encore sur le pont pour garantir à nos adhérents les meilleurs contrats en la matière au meilleur prix possible, assure Walid Ben Brahim. Nous achetons aujourd’hui autant d’énergie que de solutions d’efficacité énergétique », poursuit-il, affirmant au demeurant qu’une équipe dédiée se consacre à plein temps à ce sujet.
Un pilotage serré pour monter en cadence en matière d’achats responsables
L’autre ambition forte d’UniHA se niche sur une autre question d’actualité, le développement durable. Celle-ci forme l’une des orientations majeures du réseau, lequel souhaite « devenir le partenaire incontournable des hôpitaux publics dans leurs actions de décarbonation ». Le groupement a d’ores et déjà lancé de nombreuses initiatives autour des marchés du reconditionné sur de petits équipements et matériels médicaux lourds. Néanmoins, de nombreuses choses restent encore à faire en matière de décarbonation.
Pour autant, UniHA ne pourra avancer seul sur le sujet. « Nous allons loin dans l’évaluation des rejets d’usine et des mécanismes de production des molécules et médicaments, avec l’établissement de critères environnementaux dans nos appels d’offres », soutient tout de même Walid Ben Brahim, qui en appelle à des démarches collectives solides.
Nous travaillons pour sécuriser les ressources et permettre la continuité de l’activité
Sur le terrain de l’attractivité et de la fidélisation des hospitaliers, la pénurie marquée des ressources humaines médicales et non médicales à l’hôpital public est un autre enjeu de taille auquel UniHA compte bien répondre. Le réseau va lancer un vaste programme de travail sur ce thème, en y associant les principaux acteurs du secteur, afin de proposer, dès cette année, des offres d’intérim co-construites. « Nous travaillons pour sécuriser les ressources et permettre la continuité de l’activité, sur les métiers pénibles avec des tâches lourdes et répétitives, dans la restauration ou encore la blanchisserie. Cela passera notamment par un positionnement sur des solutions liées à la robotisation afin de faciliter la vie et libérer le travail du personnel », explique Walid Ben Brahim.
Encourager le travail commun
Pour apporter davantage de services à ses adhérents, UniHA poursuit son partenariat avec le Resah, avec qui une structure d’achats commune a été créée au plus fort de la crise sanitaire. Baptisée ReUni, elle avait notamment permis de soutenir un projet de réindustrialisation dans la Sarthe, permettant la création de 200 à 300 emplois autour de la production de gants. Un travail de rapprochement et d’articulation avec différents groupements d’acheteurs hospitaliers régionaux est aussi en cours. Des actions communes avec la direction des achats de l’État et l’agence générale des équipements et produits de santé (Ageps) de l’APHP sont également prévues.
En outre, une synergie autour de trois filières d’achat - Santé Digitale et Numérique ; Biologie et Ingénierie Biomédicale - a été encouragée. Baptisé « Data Diagnostic », ce programme de travail a pour objectif de structurer la politique achat au plus proche de différentes innovations observées dans les établissements de santé́ français et chez les industriels du secteur. Des premiers rapprochements sont déjà à l’œuvre, avec, à titre d’illustration, le marché́ de pathologie numérique qui intègre des solutions d’intelligence artificielle au service de l’anatomopathologie.
Le digital pour permettre aux établissements d’être plus efficaces
Dans cette lignée de travail collaboratif, UniHA et la CAIH, la centrale d’achat de l’informatique hospitalière, créée en 2014 sous l’impulsion de six membres fondateurs, travailleront également ensemble en 2023 afin de rendre cohérentes et lisibles leurs offres. Un impératif tant les cyberattaques se sont multipliées ces dernières semaines à l’encontre des établissements hospitaliers. « Face à ce sujet majeur qu’est la cybersécurité, il nous faut construire et fournir des offres globales performantes et adaptées pour nos adhérents confrontés à ce risque », expose Walid Ben Brahim.
Dans le même sens, UniHA prévoit d’accompagner ses établissements adhérents dans le déploiement de SI achats performants, permettant de « piloter la fonction achats de manière efficace ». Un service, Appui Conseils, a pour cela récemment été créé. Son rôle sera d’aider les établissements dans la conduite de projets de la transformation de la fonction achats.