FreelanceRepublik : « Le développement du freelancing fait échos à une transformation sociétale »

Le freelancing a connu un grand boom ces dix dernières années. Est-il en train d’atteindre un palier de maturité ? Est-on au sommet de la vague ?

Un palier de maturité, oui, dans la mesure où toutes les entreprises, y compris les grandes entreprises françaises, ont pris conscience que les freelances étaient incontournables et ont intégré les plateformes spécialisées à leurs panels de fournisseurs. Les choses ont beaucoup évolué également côté freelances. Ils sont maintenant accompagnés sur tous les aspects de leur quotidien, et c’est encore plus vrai dans l’informatique, un marché pénurique en ressources sur lequel on peut facilement trouver une mission. L’appel d’air est énorme pour tous ceux qui veulent se lancer.

Mais sommes-nous au sommet de la vague ? Non. Le développement du freelancing fait écho à une transformation sociétale qui va bien au-delà du seul marché du travail. On parle du Covid comme d’un point de départ mais il n’aura été que l’accélérateur d’un mouvement profond qui était déjà en marche.

Comment une plateforme comme FreelanceRepublik, qui compte 40 collaborateurs, peut prétendre connaître et animer des dizaines de milliers de freelances ?

D’une part nous sommes spécialisés. Nous n’adressons que les métiers de l’informatique dans le cadre de missions long terme. Nous le faisons en plus dans une logique très sélective, puisque parmi les 70 000 freelances inscrits sur notre plateforme, 12 000 seulement ont été présélectionnés et ont rejoint notre communauté, pour la qualité de leurs parcours et leur volonté de s’engager durablement dans leurs missions. Surtout, 100 % de notre activité quotidienne est tournée vers le développement de cette communauté, son animation, sa maîtrise, et le développement des outils qui nous permettent de la mobiliser efficacement pour nos clients. Nous pourrions être deux fois moins nombreux que nous le ferions toujours beaucoup mieux que nos clients ou des ESN dont ce n’est pas le métier. Nous ne connaissons pas intimement chaque freelance de notre communauté, mais nous les connaissons mieux chaque jour et mieux que n’importe qui d’autre.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres plateformes ?

Mettons de côté ce que les principales plateformes proposent en standard, comme la gestion administrative de la relation ou le suivi des candidats et des missions. Ce qui nous distingue chez FreelanceRepublik : 100 % métiers de l’IT ; 100 % missions long terme ; 100 % du travail de recherche et de présélection fait par FreelanceRepublik, avec l’objectif d’un recrutement sur-mesure ; la volonté de construire une communauté de freelances engagés sur leurs projets et dans les équipes qu’ils rejoignent, qui inspirent fiabilité et confiance. C’est un objectif que nous partageons avec nos clients et que nous considérons être un enjeu majeur de notre développement.

Un freelance ne pose ni plus ni moins de questions d’engagement et de confiance qu’un salarié

Est-ce que cela signifie que les donneurs d’ordres conservent des réticences quant à la volatilité de cette population ?

Ils ont parfois ce sentiment, et c’est donc un sujet clé sur lequel nous travaillons beaucoup. En réalité, un freelance ne pose ni plus ni moins de questions d’engagement et de confiance qu’un salarié. La question de l’engagement des équipes dans l’entreprise vaut aussi pour les internes ou les prestataires salariés d’ESN. Et elle est donc centrale pour nous qui, avec notre communauté de freelances, ne travaillons que sur des missions long terme. Chez FreelanceRepublik la durée moyenne des missions sur lesquelles s’engagent nos freelances est de 18 mois. Ils sont très engagés dans ce qu’ils font et n’ont rien de volatiles.

Nous utilisons les LLM et la vectorisation de nos données pour identifier les 100 freelances les plus pertinents pour une mission parmi les 70 000 inscrits sur notre plateforme

Quel usage faites-vous de l’IA ?

Depuis dix ans, la tech est au cœur du développement de FreelanceRepublik, comme outil de performance au service de nos équipes. S’agissant de l’IA, que nous intégrons aujourd’hui à tous les étages dans l’entreprise pour optimiser nos process internes, nos actions de communication et de Marketing, ou pour répondre mieux et plus vite à nos clients, elle a déjà de nombreuses applications. Elle nous aide par exemple à faire un premier filtre encore plus pertinent des freelances qui collent au besoin exprimé par un client. Concrètement, nous utilisons les LLM et la vectorisation de nos données pour identifier les 100 freelances les plus pertinents pour une mission parmi les 70 000 inscrits sur notre plateforme.

Jusque-là notre moteur de matching utilisait principalement la recherche sémantique, qui se base sur des mots-clefs et des synonymes. Les LLM nous permettent maintenant d’analyser et de rapprocher beaucoup plus facilement les données non normalisées, comme les descriptifs de missions, les descriptifs des expériences ou même les soft skills.

Chez FreelanceRepublik, ce sont donc toujours les équipes de sales et de Talent Advocates qui garantissent la qualité du matching et de la mise en relation, mais l’IA ouvre de nouvelles perspectives et permet, sans nuire à la qualité du delivery, de répondre plus rapidement aux besoins de nos clients et des freelances de notre communauté.

Comment percevez-vous le repli que connaît actuellement le marché de l’informatique ?

Il n’y a pas de repli. Nous pouvons parler de ralentissement temporaire de la croissance en 2023 et en 2024 du fait de la conjoncture économique et géopolitique. Mais le marché de l’informatique connaît une très forte croissance depuis des années, et même ralentie, avec des budgets parfois repensés par les entreprises, elle reste stimulée par les enjeux autour de la cyber-sécurité, du Cloud et de la Data notamment.

La croissance du marché ne va pas manquer d’accélérer à nouveau

S’il y a un impact, encore une fois très temporaire et conjoncturel, c’est dans le domaine de la prestation informatique. Sur un marché historiquement très pénurique en ressources, les entreprises qui ne parvenaient plus à recruter en CDI depuis des années en profitent en ce moment pour prioriser l’embauche avant de recourir à la prestation. Mais comme nous l’avons vécu fin 2020 après la secousse causée par le COVID, la croissance du marché ne va pas manquer d’accélérer à nouveau, et les services IT et Achats seront à nouveau confrontés à la nécessité de recourir à la prestation, domaine dans lequel les freelances sont devenus incontournables.