Stratégie ha

La direction des achats de Covéa ouvre une nouvelle page de son histoire avec Jérôme Lamoureux

Par Mehdi Arhab | Le | Direction ha

Jérôme Lamoureux, nommé tout récemment à la tête des Achats du groupe Covéa, revient avec nous sur ses premiers pas à son poste. Sa feuille de route, construite autour de trois éléments structurants, doit permettre à la direction des achats de mieux se positionner dans l’entreprise et l’aider à gagner en efficacité opérationnelle. Ses objectifs ? Dégager davantage de performance financière et renforcer en sus la relation avec les directions métiers.

Jérôme Lamoureux, nouveau directeur de la performance et de la stratégie achats de Covéa  - © D.R.
Jérôme Lamoureux, nouveau directeur de la performance et de la stratégie achats de Covéa - © D.R.

Une page s’est tournée à la direction des achats de Covéa et un nouveau chapitre de son histoire est en train de s’écrire en ce moment même. Sylvie Noël, qui en était la patronne depuis 2012, a passé la main en fin d’année dernière. Jérôme Lamoureux, ancien directeur général délégué de Fidelia Assistance, la filiale chargée de plateaux d’assistance du groupe, a été choisi pour lui succéder.

Ce dernier a revêtu les habits de directeur de la performance et de la stratégie achats du groupe le 1er mars dernier. Sa nomination intervient peu après la décision de la direction générale de rattacher les Achats à la direction générale des finances et non plus à la direction des ressources humaines. Il rapporte à Aude Messin, directrice durabilité et transformation finance et pilote une équipe d’une cinquantaine de personnes, ainsi que près de 150 personnes en rattachement fonctionnel, positionnées au sein des directions métiers.

Avec ses effectifs, il administre près de trois milliards d’euros de dépenses, dont deux milliards d’euros d’achats dits de production et un milliard d’euros d’achats dits hors production. La première catégorie regroupe les achats assurantiels, liés pour l’essentiel aux sinistres (dépannage, experts, réparation pour véhicules et habitats) ; la deuxième regroupe des dépenses plus conventionnelles qui se rapportent à l’IT, au consulting, aux prestations intellectuelles, aux voyages d’affaires, à l’événementiel ou encore aux services généraux.

Un défi de taille

Diplômé d’un Master en gestion des achats internationaux de l’Essec Business School - et de l’Académie militaire de Saint-Cyr, Jerôme Lamoureux revient à ses premières amours. Après avoir commencé sa carrière professionnelle chez Air France-KLM comme responsable achats et responsable logistique exploitation, il intègre le groupe Covéa, et cette même filiale, Fidelia Assistance, en 2008. Il occupe alors la fonction de directeur réseaux prestataires. Il lui est alors demandé d’animer le réseau de prestataires de l’entreprise et du règlement des sinistres. Son portefeuille s’élève à 200 millions d’euros. Le reste de son parcours professionnel a fini par l’éloigner des Achats. Mais un temps seulement. Au regard de son parcours au sein de l’entreprise, Jérôme Lamoureux entend faire profiter à ses équipes (et à son entreprise) d’une vision holistique, plus large. Et il ne compte pas s’en priver pour les faire grandir. « Je pense avoir acquis une bonne vision d’ensemble de l’entreprise, de son fonctionnement, de ses enjeux », explique-t-il.

Comme tout assureur, nous avons horreur des risques. La direction des achats a donc énormément travaillé sur la notion de conformité et la gestion des risques fournisseurs. Le contexte de l’époque le réclamait aussi, il faut bien l’avouer. Elle a de fait multiplié ses efforts pour les minimiser au maximum, avec succès

Sa feuille de route, dont l’objectif premier est d’augmenter la valeur ajoutée des achats pour le groupe, est axée autour de trois dimensions : une logique d’intégration au sein de la direction générale des finances, l’apport d’une plus grande performance opérationnelle et financière et, enfin la RSE et la contribution des Achats au respect de la réglementation. Sur ce dernier point, il peut notamment s’appuyer sur l’important travail réalisé par sa prédécesseur et ses équipes. « Comme tout assureur, nous avons horreur des risques. La direction des achats a donc énormément travaillé sur la notion de conformité et la gestion des risques fournisseurs. Le contexte de l’époque le réclamait aussi, il faut bien l’avouer. Elle a de fait multiplié ses efforts pour les minimiser au maximum, avec succès », retrace Jérôme Lamoureux.

Le nouveau directeur des achats du groupe qui réunit les marques MAAF, MMA et GMF juge que les Achats ont su jusqu’à présent se montrer à la hauteur des défis qui se présentaient face à eux. Mais beaucoup de choses peuvent encore être réalisées pour faire des Achats une fonction encore mieux reconnue. « La direction des achats a beaucoup progressé. Elle a, avec Sylvie Noël, gagné ses lettres de noblesse. Il nous reste maintenant à lui faire passer un nouveau cap », expose Jérôme Lamoureux.

Un cycle nouveau autour de la recherche de performance financière

Ce rattachement a été pensé pour nous permettre de générer des gains de performances financière et opérationnelle. Le groupe a subi des hausses de prix conséquentes, en particulier sur les achats assurantiels liés à l’automobile et sur les achats de prestations intellectuelles. Nous avons souffert du contexte inflationniste et il nous faut mieux le maîtriser

Et justement, ce rattachement à la direction générale des finances doit contribuer à mieux positionner la direction des achats au sein de l’entreprise. « Une évolution de l’organisation achats est attendue du fait de cette intégration », indique Jérôme Lamoureux. Ce projet doit in fine permettre aux Achats de gagner en efficience opérationnelle et de contribuer encore plus fortement à l’efficacité financière du groupe. « Ce rattachement a été pensé en premier lieu pour permettre aux Achats de générer des gains de performances financière et opérationnelle. Le groupe a subi des hausses de prix conséquentes, en particulier sur les achats assurantiels liés à l’automobile et sur les achats de prestations intellectuelles. Nous avons souffert du contexte inflationniste. Il nous faut aujourd’hui mieux le maîtriser et nous avons un rôle de premier plan à jouer », synthétise Jérôme Lamoureux.

Il est extrêmement important que les gains de performance achats soient mieux tracés dans nos comptes. Notre action doit être mieux valorisée. Et quoi de mieux que d’être rattaché à la fonction Finance pour qu’ils le soient

Pour insuffler et faire vivre cette nouvelle dynamique collective, ou plutôt, ce « nouveau cycle », dixit Jérôme Lamoureux, qui doit donc apporter de la valeur tant en termes de performance opérationnelle et économique que de services, le nouveau directeur des achats de Covéa compte dénicher des leviers de massification, détecter les fournisseurs partenaires du groupe pour engager ce projet de massification et rationaliser son panel. Et ce (nouveau) rattachement hiérarchique des Achats à la Finance doit permettre par ailleurs de mieux valoriser les gains générés par les équipes de Jérôme Lamoureux. Un impératif selon lui pour que les Achats prennent encore du poids et gagnent en visibilité. « Il est extrêmement important que les gains de performance achats soient mieux tracés dans nos comptes. Notre action doit être mieux valorisée. Et quoi de mieux que d’être rattaché à la fonction Finance pour qu’ils le soient », estime-t-il.

Ce dernier n’en oublie pas les directions métiers du groupe avec qui il veut encore renforcer le niveau de coopération des Achats. Un discours qui s’inscrit d’ailleurs pleinement dans la continuité de ce qui a été fait par sa prédécesseur, comme il l’évoque ici. « Ce sont elles que nous servons et pour mieux les servir, nous devons travailler avec elles. Beaucoup de choses ont déjà été faites en ce sens et nous devons continuer ainsi pour faire gagner la fonction encore en maturité. La direction des achats écrit la politique, donne ses orientations, partage les processus, fixe les objectifs et délègue aux entités l’animation et la mise en œuvre de la politique achats. Elle est là pour cela car c’est ainsi qu’elle pourra accompagner les directions métiers dans leurs appels d’offre et la mise en œuvre de leurs projets sensibles. »

Après la conformité, la RSE en ligne de mire

Nous allons prochainement tester l’intégration de RPA et d’IA, tout en continuant à développer nos processus achats au sein de l’outil. Cela nous permettra, j’en suis sûr, de gagner en efficacité et de dégager du temps de travail à nos acheteurs pour qu’ils accompagnent pleinement les projets stratégiques du groupe

C’est donc sur toute la chaîne de valeur que Jérôme Lamoureux souhaite que les Achats soient présents. Et la digitalisation est un levier de réussite aux yeux du directeur des achats du groupe. Le groupe s’appuie sur l’outil porté par l’éditeur Ivalua. Le processus achats est ainsi digitalisé, de la gestion des budgets jusqu’aux bons de commande, en passant par les réclamations, les plans d’actions et les évaluations. Dès le choix du fournisseur, le parcours d’achats est dématérialisé. Il n’en reste pas moins que Jérôme Lamoureux réfléchit à l’intégration de briques innovantes proposées par son éditeur. « Nous allons prochainement tester l’intégration de RPA et d’IA, tout en continuant à développer nos processus achats au sein de l’outil. Cela nous permettra, j’en suis sûr, de gagner en efficacité et de dégager du temps de travail à nos acheteurs pour qu’ils accompagnent pleinement les projets stratégiques du groupe », annonce Jérôme Lamoureux. Des briques de savings devraient également être intégrées dans les mois qui viennent pour mieux valoriser l’action des Achats.

La plateforme d’Ivalua permet à la direction achats de Covéa, depuis un long moment désormais, de s’assurer que toutes les parties prenantes répondent aux mêmes règles. Les équipes juridiques et risques sont directement associées au processus afin de garantir la conformité réglementaire des achats de biens et services. « L’outil a été pensé avant tout comme un instrument de compliance. Nous devons en augmenter la couverture pour accroître notre périmètre afin qu’il soit le plus large possible », clame Jérôme Lamoureux.

Et ce périmètre achats couvre à ses yeux, bien sûr, la RSE. C’est, comme indiqué plus haut, l’un des axes forts de son plan de marche. Le groupe Covéa a d’ailleurs signé tout récemment la charte Relations fournisseurs et Achats responsables. En tant que groupe d’assurance leader en Auto et Habitation, Covéa est finalement directement concerné par le réchauffement climatique. La mobilité et l’habitat sont en effet responsables d’une part considérable des émissions de gaz à effet de serre. Le groupe s’attache également à faire de la diversité et de l’inclusion des richesses. Les Achats ont d’ailleurs largement avancé sur le sujet, après s’être fixé, il y a quelques années, l’objectif de multiplier par dix les dépenses du groupe auprès du STPA. « L’enjeu en matière de RSE est désormais attaché au scope 3. Nous devons aider nos fournisseurs à atteindre une trajectoire propre de décarbonation pour contribuer à la nôtre », considère Jérôme Lamoureux. Un travail préparatoire a été engagé par le directeur des achats et ses équipes afin d’adresser cette question. « Nous devons nous préparer pour que la composante RSE soit une partie intégrante de notre action et processus », conclut-il.