Des mesures de soutien au BFR, face aux tensions sur les approvisionnements
Par Guillaume Trecan | Le | Direction ha
A défaut de pouvoir aider les entreprises à résoudre leurs difficultés d’approvisionnement, Bercy mobilise de nouvelles mesures compensatoires pour soulager leur trésorerie, à la demande des patrons de filières industrielles réunies le 13 décembre.
Si le gouvernement s’est mobilisé dès le début de la crise sanitaire pour engager un travail de fond sur la nécessité de rapprocher de la France certains achats stratégiques, force est de constater qu’il a peu de cartes en main pour répondre au problème immédiat de tensions sur les approvisionnements. Le manque d’acier, de plastiques, de bois et bien sûr de composants électroniques pénalise les chaînes de production avec des conséquences lourdes pour certaines filières.
3,5 millions de véhicules non produits en Europe
Dans l’automobile en particulier, la PFA (Plateforme de la filière automobile) estime que les ruptures d’approvisionnement de composants électroniques empêchent de produire 15 % des véhicules en 2021. En Europe, ce sont 3,5 millions de véhicules qui n’auront pas été produits en 2021 à cause de ce problème et 500 000 pour la seule marque Renault.
Il faut ajouter à cela les hausses des prix de l’énergie et de l’acier d’environ 10 % et surtout une deuxième année sans croissance au niveau des ventes après celle de 2020 en chute de 25 % par rapport à 2019.
Face à ce grave effet de ciseau, la priorité portée par les patrons de filières à l’attention de Bercy a donc été de soutenir le BFR des entreprises - en particulier des PME - qui vont devoir faire face dès mars prochain à l’échéance du remboursement de leur PGE.
Un prêt Bpifrance sur dix ans
Pour soulager le BFR des entreprises, Bpifrance mobilise et crée un « prêt pour l’industrie », pouvant être remboursé sur dix ans au lieu de sept maximum, avec un différé d’amortissement du capital de deux ans. Ces prêts peuvent aller de 50 000 euros jusqu’ici cinq millions d’euros. Pour les garantir, Bpifrance débloque une enveloppe de 700 millions d’euros d’encours, en redéployant des fonds non utilisés, destinés initialement à d’autres projets.
Ce prêt pour l’industrie sera cumulable avec les dispositifs d’avances remboursables et de prêts bonifiés prévus pour les PME et les ETI, prolongés jusqu’en juin 2022. Leurs conditions d’octroi seront assouplies. Bercy décide également un étalement des charges fiscales et sociales. A ce jour, 50 milliards d’euros de reports fiscaux et de cotisations sociales ont déjà été accordés par l’Etat.
Jusqu’où décaler les remboursements de PGE
Enfin, l’épineuse question de la prolongation des PGE a été partiellement tranchée, puisque le délai supplémentaire accordé par Bercy ne court pour l’instant que jusqu’en juin 2022, soit une rallonge de trois mois, beaucoup plus courte que celle revendiquée par les patrons de filière. Luc Châtel, le président de la PFA, a par exemple évoqué la nécessité de décaler les remboursements d’un an.