Ivalua : « Nous avons enregistré 25 % de croissance l’an dernier »
Par Guillaume Trecan | Le | S2p
Le fondateur d’Ivalua, David Khuat-Duy revient sur les récents développements de la suite S2P Ivalua Buyer, à l’occasion de l’événement annuel Ivalua Now. La licorne, qui a réalisé en 2022 140 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie désormais 900 personnes,
Est-ce qu’Ivalua est encore une startup ?
Nous faisons partie du Next 40, nous avons une croissance forte, nous sommes restés jeunes dans l’âme et nous sommes considérés comme une licorne. Mais nous ne nous considérons pas comme une startup. Nous n’en avons pas toutes les caractéristiques. Nous sommes rentables depuis le début - cela fait déjà 22 ans - nous avons bien grandi, notre organisation est stable, avec des équipes bien structurées. Nous avons réalisé l’an dernier 140 millions d’euros. Nous comptons environ 900 collaborateurs répartis sur 17 bureaux répartis dans le monde.
Nous préférons consolider des marchés sur lesquels nous constatons de très bonnes dynamiques de croissance
Où en êtes-vous de la trajectoire définie lors de vos dernières levées de fonds, en 2019 ?
La période du Covid a peut-être un peu ralenti les budgets du côté des entreprises. Mais nous avons toujours une croissance forte pour notre taille. Nous avons enregistré 25 % de croissance l’an dernier. Mais notre stratégie, c’est de la croissance durable et profitable, pas de la croissance à tout prix. Nous recrutons cette année environ 200 personnes. Nous ne cherchons pas à investir sur tous les marchés en même temps. Nous étendons notre couverture géographique là où nous vendons notre solution, sachant qu’une grande partie de notre chiffre d’affaires est répartie entre l’Europe et les Etats-Unis. Nous préférons consolider des marchés sur lesquels nous constatons de très bonnes dynamiques de croissance, comme par exemple l’Allemagne, le Royaume-Uni ou encore les Pays nordiques. Nous sommes loin d’y être au même niveau qu’en France, où nous comptons parmi nos clients la moitié du CAC40. Nous sentons aussi un très bon potentiel de croissance à Singapour, ou encore au Moyen-Orient, où nous avons ouvert dernièrement un bureau à Dubaï.
Dans quelle mesure votre implantation et celle du cofondateur d’Ivalua, Daniel Amzallag, aux Etats-Unis a-t-elle modifié la culture de l’entreprise ?
Cela nous a permis de faire décoller toute la zone Etats-Unis et Canada, de structurer une équipe de direction répartie entre la France et les Etats-Unis. La culture d’entreprise a globalement basculé sur l’anglais. Le chief marketing officer et le chief financial officer sont américains. Le chief product officer est français mais vit aussi aux Etats-Unis. Nous avons bénéficié des atouts que nous avons vu sur le sol américain en termes de maturité sur le software, dans la Silicon Valley. Cela nous a permis de croître et nous sommes maintenant une entreprise mondiale. Cela ne veut pas dire que nous perdons notre attachement local. Lorsque nous travaillons avec des clients français, nous le faisons avec des équipes françaises. La culture française reste forte, aussi parce que notre équipe R&D, qui compte 150 personnes, reste en France. Mais nous avons une culture très diversifiée. En Inde par exemple, où nous avons une équipe importante, la culture indienne est très forte. Dans un mois, après l’Ivalua Now EMEA à Paris, nous organisons un EMEA à Nashville, où les nationalités des clients présents seront très différentes.
Quel est le contenu des échanges sur la plateforme communautaire que vous avez créée pour mettre en relation vos clients ?
Nos clients expriment un besoin de discuter entre eux pour partager des bonnes pratiques métiers, en matière de systèmes d’information ou encore d’implémentation d’Ivalua. Ces partages ont énormément de valeur étant donné l’expertise que représente notre base de clients. Notre communauté s’étoffe également avec nos partenaires, intégrateurs ou cabinets de conseil. Nous comptons plus de 1 500 consultants ou experts certifiés Ivalua. Nous avons donc construit une plateforme communautaire pour qu’ils puissent y échanger. C’est d’ailleurs cette notion de co-innovation qui a prévalu au développement de notre Environnemental Impact Center. C’est également en écoutant notre premier client, les Caisses d’Epargne, que nous avons créé Ivalua.
Quelles sont les grandes préoccupations clients qui guident les développements sur Ivalua Buyer ?
Les questions environnementales sont une préoccupation importante sur laquelle nous avons mis beaucoup d’énergie. C’est un sujet particulier parce que c’est presque une nouvelle branche apparue dans le produit, mais ce n’est pas le seul. La gestion des factures électroniques est aussi un sujet important, en particulier en France, avec l’échéance réglementaire de 2024 qui impose aux grands comptes de passer par une plateforme dématérialisée partenaire pour toute la gestion de leurs factures. Nous sommes très bien positionnés sur ce sujet car nous avons déjà développé toute la partie dématérialisation des factures fournisseurs.
Nous investissons sur l’intelligence artificielle et nous l’incrémentons sur tout ce qui nous semble pertinent, comme le traitement des factures ou la gestion des contrats
Nous investissons aussi sur l’intelligence artificielle et nous l’incrémentons sur tout ce qui nous semble pertinent, comme le traitement des factures ou la gestion des contrats. Cela étant dit, nous travaillons sur plein de sujets fonctionnels et sur chacun, une équipe dédiée à l’innovation conduit des développements en profondeur : le sourcing ; les achats directs - où nous avons bénéficié de l’expertise de Direct Works, acquis en 2017 - ; le CLM ; l’e-procurement et les catalogues ; la facturation ; le paiement. Au-delà de ces grands thèmes, nous innovons aussi beaucoup sur la plateforme : reporting, analytics, moteurs d’intégration avec des systèmes tiers.
Direct Works est la seule société que vous ayez rachetée. Faire de nouvelles acquisitions n’est pas dans votre stratégie ?
Il est vrai que ce n’est pas au cœur de notre stratégie de croissance. Nous ne visons pas des acquisitions pour grossir. Nous ne sommes pas fermés à des acquisitions comme celle de Direct Works. Mais nous sommes très prudents dans nos choix et jusqu’ici, nous n’avons rien trouvé de critique pour nous, d’autant que nous avons une très bonne couverture fonctionnelle.
Nous avons pensé la plateforme comme étant ouverte mais nous voulons qu’elle soit le socle structurant pour la fonction achats
Comment appréhendez-vous la montée en puissance de la gestion du risque dans la solution ?
Nous avons créé un Risk Center, un cockpit global pour la gestion du risque fournisseur. Nos clients peuvent le gérer dans leurs interactions avec les fournisseurs avec les données qu’ils leur envoient, mais aussi avec des données de sources externes qui s’intègrent dans le Risk Center et leur apportent une vision 360°. Nous avons pensé la plateforme comme étant ouverte mais nous voulons qu’elle soit le socle structurant pour la fonction achats.
Quelles évolutions de la fonction achats percevez-vous dans votre communauté de clients ?
Dans ce monde incertain, nous percevons leur besoin d’une plateforme qui peut s’adapter rapidement. Ce qui nous donne un avantage concurrentiel. Depuis le début, nous avons construit une plateforme qui se configure facilement par rapport à leur problématique métier, ou encore leurs process. Nous avons aussi configuré des solutions par industrie pour répondre à une tendance forte que nous avons vu émerger et qui va s’amplifier.