Deux mois après sa première levée de fonds, Pivot s’offre un financement à 20 millions d’euros
Par Mehdi Arhab | Le | S2p
Cet article est référencé dans notre dossier : Les Achats, ou le jalon indispensable pour passer de startup à scale-up
Pivot n’a pas fini de faire parler de sa solution. Deux mois seulement après sa première levée de fonds, le nouvel acteur du PtoP a bouclé une nouvelle levée de fonds en série A de 20 millions d’euros ; cela à un moment où les investissements se raréfient. Avec ce nouveau financement, elle se rêve en un futur leader européen. Mais avant de s’implanter sur le vieux continent, elle prévoit de renforcer ses effectifs en nombre et de peaufiner la construction de sa solution, pensée comme une plateforme unique qui articule la gestion des achats.
Alors que les cycles de financement s’allongent sensiblement et qu’il est, pour bon nombre de startups, bien difficile de lever des fonds dernièrement, d’autres parviennent, en un claquement doigt (ou presque), à convaincre les investisseurs de la qualité de leur proposition de valeur. C’est le cas de Pivot, nouvel acteur émergent dans le monde du logiciel achat, qui a annoncé avoir levé 20 millions d’euros, deux mois seulement après un premier tour de table de 5 millions d’euros en pre-seed. Un véritable exploit et, surtout, le signe d’un projet bien ficelé, séduisant et fort prometteur. La jeune pousse a bouclé cette opération auprès du pool de fonds et d’investisseurs qui la soutiennent, parmi lesquels Visionaries, Emblem, jeune fonds de venture capital français, Anamcara ou encore Oliver Samwer, le cofondateur de Rocket Internet.
Ce rêve éveillé n’est pas dû au hasard. Cette performance, Pivot la doit avant tout au travail de ses patrons et de ses équipes de développeurs, designers UX et autres. Tous ont redoublé d’effort et travaillé d’arrache-pied pour mettre sur pied un outil PtoP nouvelle génération. Et leurs efforts avaient d’ailleurs été récompensés (très) rapidement. Quelques semaines après sa création, Pivot remportait en effet au nez et à la barbe de certains grands noms du marché, l’appel d’offres publié par Voodoo, licorne française spécialisée dans l’édition de jeux vidéo sur smartphone. Tout comme beaucoup d’acteurs de la French Tech, la scale-up, lancée en 2013 et dont les jeux vidéo sont utilisés chaque jour par plusieurs dizaines de millions de joueurs, mettait sur pied son service achat et prévoyait d’élire son logiciel dédié.
Disposer de plus de fonds nous permettra forcément d’aller plus vite, d’autant que les premiers retours de nos clients sont très positifs
Un premier succès retentissant qui ne pouvait laisser envisager que de grandes choses pour Pivot. « Nous n’avions pas prévu de lever de nouveaux fonds si tôt, mais nos investisseurs nous ont demandé si nous étions en mesure d’accélérer le pas avec des financements plus conséquents. Répondre à cette question n’est jamais évident ; toutefois, dans notre cas, disposer de plus de fonds nous permettra forcément d’aller plus vite, d’autant que les premiers retours de nos clients sont très positifs », explique Romain Libeau, cofondateur et CEO de Pivot, qui, avec ses deux associés Marc-Antoine Lacroix, ancien CTO et CPO de la néobanque Qonto, Estelle Giuly, ancienne de Nuxeo, demeurent majoritaires.
Des recrutements en masse pour conquérir l’Europe
Si le plan de marche élevé après la première levée de fonds fonctionnait bien, Romain Libeau estime qu’il souffrait de quelques limites notamment pour commercialiser à plus grande échelle le produit. « Nous avions dès le départ prouvé que nous pouvions avancer vite et bien sur la construction du produit et sa commercialisation, mais il nous fallait cette petite chose en plus », indique-t-il. Et c’est désormais le cas avec ce nouveau financement. La startup espère bien toucher du doigt plus rapidement ses ambitions de croissance et grappiller, ici et là, quelques parts de marché. Ses dirigeants entendent pour cela renforcer très largement les effectifs afin de fignoler encore la solution, en construction constante à travers l’élaboration de nouvelles fonctionnalités. Plusieurs sont d’ailleurs dans les starting-block. Romain Libeau et ses associés ne s’en cachent pas : ils veulent faire de Pivot un outil modulaire, qui se calque aux besoins clients au plus haut degré de manière à ménager sa complexité et sa profondeur fonctionnelle.
Nous avons ces derniers mois concentré nos efforts sur le recrutement et prévoyons de doubler de taille chaque année.
Alors qu’elle n’employait qu’une douzaine de personnes encore en octobre dernier, Pivot compte désormais 20 salariés dans ses rangs. D’ici le début d’année prochaine, elle devrait en compter près de 50. La majorité des équipes restera dédiée au produit. « Nous avons ces derniers mois concentré nos efforts sur le recrutement et prévoyons de doubler de taille chaque année. Disposer de plus d’éléments dans les équipes produits, techs et commerciales nous aidera évidemment à aller plus haut et plus vite », explique Romain Libeau. Ainsi, ce ne sont plus 50 mais 100 personnes qui pourraient consacrer leurs savoirs auprès de Pivot d’ici à la fin d’année 2024 et 200 d’ici à la fin d’année 2025.
Par ailleurs, les dirigeants de la startup visent 1 million d’euros d’ARR (revenu annuel récurrent) à l’horizon 2024. Un objectif qui sera vraisemblablement atteint, puisque Pivot est parvenu en l’espace d’un temps très court à se faire un nom et convaincre quelques startups et entreprises de la tech de jeter leur dévolu sur son outil. « Nous nous étions fixé l’objectif de signer au moins dix clients d’ici à la fin d’année. Nous sommes sur la bonne voie et il est même fort probable que nous le dépassions », se félicite Romain Libeau. Le challenger ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. La prochaine étape consiste désormais à conquérir le vieux continent. Face à la concurrence émergente, venue des États-Unis mais aussi d’Europe, Pivot espère bien tirer son épingle du jeu sans trahir sa culture d’agilité et sa vélocité. « Cette levée de fonds doit avant tout nous aider à muscler nos forces commerciales et le suivi clients pour conquérir des nouveaux marchés en Europe », fait savoir Romain Libeau.
Intégration native et interopérabilité
Alors que le marché est encore dominé par des outils lourds et pas toujours très adaptés à la structure et besoins de certaines entreprises, la solution portée par Pivot, qui intègre de l’IA, s’adresse en premier lieu à des entreprises de taille intermédiaire, du monde de la tech en premier lieu, employant moins de 5 000 personnes et sans enjeux liés à la gestion de la chaîne d’approvisionnement. L’outil doit exempter la Finance de nombreuses tâches chronophages, manuelles, afin de l’aider à maximiser sa productivité, en lui permettant de se consacrer à des tâches à forte valeur ajoutée. L’identification d’anomalies, ou encore de pistes d’économie sont quelques éléments qui font sa proposition de valeur. Son autre force est de s’intégrer facilement à l’environnement applicatif de l’entreprise.
En effet, la solution profite d’intégrations natives avec l’ERP et les outils métiers permettront dans tous les cas une implémentation en quelques jours seulement, sans même avoir recours à un intégrateur. Elle s’interface avec les ERP type SAP ou encore NetSuite d’Oracle, et est interopérable avec bien d’autres applications métiers, souvent isolées les unes des autres, comme Leeway pour la gestion du cycle de vie des contrats, LecaRH, Okta, Personio, BambooHR (SI RH) ou encore Slack, plateforme collaborative de communication. Les interfaces imaginées par les équipes de Pivot se veulent également intuitives. Celles-ci ont été travaillées de sorte à faciliter l’adoption par les utilisateurs, et éviter toute résistance au changement. Une chose notable qui pourrait bien, tant l’enjeu est central, lui permettre de bousculer l’ordre établi.