Délais de paiement mondiaux : légère éclaircie en Asie, en Europe et en Amérique
Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité
Dans la dernière édition de son étude relative aux délais de paiement, Altares Dun & Bradstreet dresse les grandes tendances en la matière au niveau mondial. Celle-ci s’appuie sur des données récoltées jusqu’au 31 décembre dernier et s’attache à analyser les pratiques de près de quarante pays sur cinq continents.
En France, la pandémie de Covid 19 avait nettement participé à l’allongement des délais de paiement des organisations professionnelles, peu importe le secteur d’activité, la géographie et leur taille. Entamée à l’automne 2020, l’amélioration des comportements en la matière s’est finalement confirmée au cours de l’année 2021, à l’exception du secteur de la restauration, lourdement ébranlé par la crise. Dans cette nouvelle étude, neuf marchés asiatiques ont été comparés, sans oublier le continent américain et européen. Altares D&B est ainsi revenu sur les différences entre leurs performances de paiement.
En Asie, Taïwan fait office de virtuose
Au sein de la géographie Asie, Taïwan, la Thaïlande et les Philippines font figure de bons élèves. En effet, les entreprises de ces pays se révèlent être de loin les payeurs les plus performants et ponctuels, tout secteur confondu. Taïwan présente par ailleurs le meilleur rapport entre les pratiques de ponctualité les plus élevées et les retards les plus faibles ; 70,8 % des organisations sondées rémunèrent leurs tiers en temps et en heure, quand seules 0,5 % d’entre elles connaissent des retards de paiement dépassant les 90 jours.
En revanche, Hong Kong et Israël sont pointés du doigt pour leurs retards fréquents, dépassant 90 jours. Cela concernant respectivement 79,6 % et 74,1 % de leurs entreprises analysées. La Chine, elle aussi, ne se démarque pas par ses bonnes habitudes. Le pays enregistre des pertes remarquables de 5,8 % pour le secteur alimentaire, de 4,9 % pour les institutions de dépôt et de 4,5 % pour les entreprises du BTP. Ce dernier secteur est également une source de tourment pour Israël, avec une nette diminution de la ponctualité de ses entreprises (- 6,2 %) au quatrième trimestre 2021 par rapport à celui de l’année 2020.
Concernant l’industrie manufacturière, les Émirats Arabes Unis disposent de la tendance la plus saine au quatrième trimestre 2021 ; les entreprises du BTP (80,9 %) et agissant dans le commerce de gros (57,7 %) des Philippines se distinguent quant à elles essentiellement pour leur assiduité. Concernant l’Inde, aucun secteur d’activité ne se particularise véritablement par des délais de paiement prompts.
Progrès en vue sur le continent américain
Alors qu’à la fin de l’année 2019, le pourcentage d’entreprises payant à temps leurs factures était de 54,9 % aux États-Unis ; 31,3 % au Canada et 49,9 % au Mexique, la pandémie de Covid 19 a provoqué une forte dégradation sur les habitudes de paiement. « La ponctualité avait tout bonnement diminué de moitié » en 2020, note Altares dans son étude.
Heureusement, à l’instar de la France, l’année 2021 a été synonyme d’amélioration. À titre d’exemple, le Canada a vu ses entreprises amender leurs habitudes de paiements ; comme l’illustre cette hausse de 7 points vs 2020. En décembre 2021, la part des mauvais payeurs a par ailleurs atteint 2,8 % aux États-Unis, 1,8 % au Mexique et 3 % au Canada. Des taux finalement peu différents par rapport aux années précédentes. Les petites et très petites entreprises affichent en outre les meilleures pratiques en matière de ponctualité. En revanche, les Etats-Unis présentent la plus forte concentration de paiements à plus de 90 jours pour ces classes.
D’autre part, à mesure que la taille des entreprises augmente, le pourcentage de payeurs ponctuels perd quelques points. Une tendance qui se confirme en ce qui concerne les plus grands groupes. Secteur par secteur. Il est à noter que le Mexique et les Etats-Unis disposent d’une longueur d’avance vis-à-vis du Canada. Les entreprises du premier pays sont, au quatrième trimestre 2021, plus efficaces en matière de délai de paiement dans les secteurs de l’agriculture, de la chasse et de la pêche (74,6 %), de la construction (70,2 %), de l’industrie manufacturière (49,8 %), du transport, de la distribution (56,9 %) et du commerce de gros (51,8 %).
Les entreprises étasuniennes sont les plus promptes à rétribuer leurs tiers-fournisseurs dans le secteur du commerce de détail et dans la finance. Au Canada, le secteur ayant connu les plus grandes difficultés sont les services de santé (- 19,2 %) ; au Mexique, le secteur de l’édition a été éprouvé lourdement (- 5 %).
Une situation disparate en Europe
Sur le vieux continent, le Danemark, la Russie, la Slovaquie et la Hongrie voient leurs entreprises afficher les délais de paiement les plus satisfaisants. À l’inverse, le Royaume-Uni, la Pologne, la Grèce, la Roumanie et le Portugal ne peuvent en dire autant. En opposition au quatrième trimestre de l’année 2019, les marchés qui ont montré les retournements les plus significatifs dans la classe des entreprises payant à échéance sont l’Irlande (- 14,3 %) et le Luxembourg (- 9,6 %). La Turquie (- 7,1 %), la Roumanie (- 5,9 %) et l’Espagne (- 3,6 %) ont eux aussi connu des détériorations importantes. Les Pays-Bas (+ 5 %), suivis de la Finlande (+ 4,6 %) et de la Belgique (+ 4,2 %) voient leurs entreprises cheminer vers des délais de paiement bien plus convenables.
Là encore, à l’imitation du continent américain, les micro-entreprises affichent les meilleurs comportements en termes de paiement. À propos des secteurs d’activité, l’Italie a subi une perte de 2 points sur services postaux et la production agricole, quand l’Espagne enregistre de son côté une chute de 11 points sur cette même division. Les entreprises allemandes, comme à l’accoutumée, ne manquent pas de bonnes pratiques et excellent tout particulièrement dans les secteurs du BTP, commerce de gros et de détail.