Risques fournisseurs : les défaillances d’entreprises pourraient exploser en 2022
Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité
Contrairement aux attentes et aux a priori, les faillites d’entreprises ont été bien moins nombreuses en 2020 et 2021 qu’en 2018 et 2019 dans le monde, comme le montre Dun & Bradstreet dans son étude annuelle sur le sujet. Mieux encore, dans certains pays, les défaillances ont atteint leur plus bas niveau depuis une décennie. En revanche, la tendance pourrait ne pas perdurer.
Ce rapport mondial sur les faillites couvre cette année les données de 43 marchés, dont la France. Près de la moitié d’entre eux a enregistré une baisse des défaillances d’entreprises, cela alors même que la pandémie de Covid a entraîné la fermeture de sites. Les plans gouvernementaux de soutien massifs à l’économie en 2020, ont en effet permis à de nombreuses organisations professionnelles de garder la tête hors de l’eau et d’éviter la banqueroute.
« Le soutien budgétaire fourni par les économies les plus en avance pendant la pandémie a représenté plus de 28 % de leur PIB, contre 2,6 % pendant la crise financière mondiale de 2008 », expose notamment l’étude. En outre, l’afflux de liquidités en provenance des marchés de la dette et l’indulgence des créanciers ont permis à de nombreuses entreprises d’échapper au pire. Pour résumer, la normalisation des dynamiques d’entreprises compte tenu de la pandémie a été retardée artificiellement.
Les défaillances devraient repartir à la hausse en 2022
De ce fait, les faillites devraient augmenter cette année, prévient Dun & Bradstreet. Malgré l’appui des pouvoirs publics, de nombreuses entreprises ont encore une épée de Damoclès au-dessus de la tête. « Si les bénéfices ne se matérialisent pas, la hausse probable des coûts du service de la dette, alimentée par l’inflation, entraînera une augmentation des faillites d’entreprises ou les obligera à emprunter des fonds supplémentaires », décrit dans cette étude Julian Prower, directeur général de la compagnie. De nombreuses entreprises, qui n’ont pas procédé à des transformations opérationnelles nécessaires à la suite de la pandémie, pourraient en effet connaître une crise « existentielle ».
L’Allemagne très exposée à la guerre en Ukraine
Au Canada, le nombre de faillites d’entreprises entre janvier et octobre 2021 a diminué de 30 % par rapport à la même période de l’année 2020. En Chine, la dynamique est similaire sur la même période, avec une chute de 27 % des défaillances d’entreprises. En raison des mesures drastiques prises par le pouvoir central chinois pour faire face à l’explosion épidémique, le quatrième trimestre 2020 avait été synonyme de pic de faillites. L’immobilier avait été l’un des secteurs les plus durement touchés dans le pays.
Les Etats-Unis ont vu le nombre de faillites commerciales diminuer de 12 % entre 2020 et 2021. Un peu plus de 19 000 entreprises ont ainsi mis la clé sous la porte. Il est à noter que le nombre total de défaillances d’entreprises dans le secteur des services a augmenté de 10 % en 2021, soit un peu plus de 14 000 entreprises. En Allemagne, les défaillances d’entreprises ont baissé de près de 14 % entre 2020 et 2021 outre-Rhin. Entre 2019 et 2020, elles avaient déjà diminué de 34 %. Pour contrer la conjoncture imposée par les confinements successifs, le gouvernement fédéral allemand avait étendu le soutien économique aux entreprises. Mais « l’invasion de l’Ukraine par la Russie pourrait exposer bon nombre d’organisations professionnelles allemandes à la hausse des intrants, ainsi qu’à des perturbations de la chaîne d’approvisionnement », explique l’étude.
Le Royaume-Uni, L’Espagne et l’Italie face à l’augmentation des défaillances
Les faillites en Russie ont diminué de 5 % entre janvier et novembre 2021 par rapport à la même période une année auparavant. Ainsi, plus de 6500 entreprises ont cessé leurs activités. Un nombre qui pourrait tout bonnement exploser en 2022, en raison des dégâts engendrés par l’invasion de l’Ukraine. Les sanctions imposées par la communauté internationale pourraient avoir un effet dévastateur sur le paysage des affaires russes. L’Ukraine
Entre janvier et septembre 2021, le nombre de faillites d’entreprises a explosé de près de 43 % en Italie versus la même période en 2020. Cela malgré des mesures de soutien et d’allègement de la dette introduites dès le début de la pandémie. À l’instar de L’Allemagne, la guerre en Ukraine impose de nouveaux défis au tissu entrepreneurial de la Botte. « Nous constatons une augmentation des risques d’insolvabilité », dit l’étude au sujet de L’Italie, qui demeure l’un des pays les plus industrialisés de l’Union européenne.
L’Espagne a, elle aussi, connu une augmentation de 40 % des défaillances d’entreprises sur la même période ; avec un secteur de l’hôtellerie et de la restauration particulièrement éprouvé. Le Royaume-Uni, bien que moins touché que les deux pays précédemment cités, a vu les faillites commerciales augmenter de près de 20 %, soit 13 098 entreprises liquidées. Aucun secteur n’aura été épargné entre janvier et novembre 2021. L’arrêt des restrictions lié au Covid et la fin des aides gouvernementales pourraient exposer les entreprises britanniques à des risques accrus de défaillances.