Défaillances d’entreprises : entre record et décélération
Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité
Le nombre de défaillances d’entreprises en France continue encore et encore d’augmenter, mais moins rapidement, indique Altares dans sa dernière étude trimestrielle. Si certains secteurs parviennent à tenir le cap, le BtoB dans son ensemble souffre très fortement.
Les mois passent et chaque trimestre, Altares se répète ou presque. Les défaillances d’entreprises en France au troisième trimestre 2024 sont au plus haut, mais une décélération se confirme maintenant depuis plusieurs mois. Maigre consolation quand l’on apprend que quelque 13 400 défaillances ont été enregistrées au troisième trimestre de l’année 2024, soit une hausse de 20 % sur un an. Mais les espoirs sont bel et bien là, insiste Altares. Différents signaux positifs sont observés par l’expert historique de la donnée d’entreprise. Mais pas de quoi se réjouir dans l’immédiat non plus … Les PME de + 50 salariés restent particulièrement vulnérables avec (+ 47 %) et les activités B2B sont toujours autant à la peine, particulièrement dans le transport et le commerce de gros, fait savoir Altares. La réalité est par ailleurs que dans l’ensemble, la barre des 66 000 défauts sur 12 mois glissés est franchie.
Dans le détail, le nombre de sauvegardes augmente peu (+ 4,7 %), restant sous les 300 procédures (291) et concentre seulement 2 % de l’ensemble des procédures. Les redressements judiciaires (RJ) connaissent en revanche une spectaculaire augmentation (+ 34,5 %) pour 3 816 jugements prononcés. Ils représentent désormais plus de 28 % des décisions. Dans le même temps, hausse des jugements de liquidation judiciaire continue d’être importante mais tombe nettement sous les 20 % (+ 15,6 %). Plus de 9 300 liquidations directes ont été prononcées, soit un peu plus de 69 % de l’ensemble des procédures. Dans l’ensemble, le risque s’accélère chez les employeurs. Plus de 8 entreprises sur dix défaillantes comptent moins de cinq salariés. Ce sont environ 11 600 très petites structures qui sont entrées en défaillance, un nombre en augmentation de 20 % par rapport au 3e trimestre 2023. Les PME de moins de cinquante salariés résistent davantage. 970 procédures ont été ouvertes, un nombre en hausse de « seulement » 13 %. Mais comme indiqué, pour celles qui en compte plus de 50, la situation est pour le moins inquiétante. Plus de 100 PME-ETI sont entrées en défaillance au cours de ce 3e trimestre.
Une situation inquiétante dans l’ensemble
Alors que le B2C se redresse, le B2B lui suffoque. Si le commerce de détail (+ 11 %) retrouve des couleurs, le commerce inter-entreprises lui est en grande difficulté. Au global, il accuse une hausse de + 40 % du nombre de défaillances. Le niveau de défaillances bondit de 43 % dans les matériaux de construction, de 44 % dans les biens domestiques et même de 53 % dans les machines et équipements pour l’industrie. Dans l’industrie manufacturière, l’augmentation des défaillances ralentit (+ 14 % ; 522). La situation s’améliore également dans la métallurgie-mécanique (- 6 % ; 76) ou l’imprimerie (- 38 % ; 31). Dans les activités de services à destination des entreprises, la situation n’est guère réjouissante. Le conseil (+ 41 % ; 337) et la sécurité (+ 39 % ; 99) enregistre de fortes hausses. Le transport de marchandises est toujours autant à la peine donc. Les tensions du B2B pèsent sur le secteur qui enregistre une augmentation de 39 % du nombre de défauts (391).
La construction tient bon malgré les difficultés. Les tensions restent palpables et pèsent encore et encore sur le secteur. Mais le niveau de sinistralité ne s’emballe pas. Du moins, pour le moment. Plus de 3 350 défaillances ont été enregistrées au cours du 3e trimestre 2024, « soit « seulement » 26 % de plus qu’il y a un an », écrit Altares. Le bâtiment surprend. Le second œuvre descend sous la moyenne globale de 20 % et s’établit à + 16 % (1596). De son côté, le gros œuvre rencontre plus de difficultés et affiche une augmentation de 33 % du nombre de défaillances (1019).