Médiation : « l’affacturage inversé est un élément pour sauvegarder ses relations fournisseurs »
Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité
Laurent Denoux, chargé de mission pôle acheteurs, chartes et labels de la Médiation des entreprises défend les bienfaits de l’affacturage inversé qui peine encore à convaincre les directions achats. La Médiation a créé un comité de mise en œuvre réunissant fédérations professionnelles, collectivités, entreprises et administrations pour porter cette solution.
La pandémie de Covid a rappelé aux donneurs d’ordres la nécessité de garantir leurs approvisionnements. Mais pour cela, leurs fournisseurs doivent perdurer. Des outils, tels que l’affacturage inversé, promu par la Médiation des entreprises offrent aux décideurs un moyen de les préserver. Ce dispositif leur permet de faire bénéficier les fournisseurs d’un paiement anticipé de leur facture à un taux faible. « Il existe des avantages pour tous les acteurs : le client, le factor et le fournisseur », résume Laurent Denoux, chargé de mission pôle acheteurs, chartes et labels de la Médiation des entreprises.
Pour l’acheteur, l’avantage réside dans sa maîtrise des risques achats et des risques de rupture de sa chaîne d’approvisionnement
« Pour l’acheteur, l’avantage réside dans sa maîtrise des risques achats et des risques de rupture de sa chaîne d’approvisionnement. En agissant ainsi, il soutiendra également la trésorerie de son fournisseur », défend Laurent Denoux qui complète : « le fournisseur bénéficie d’un règlement comptant, rappelle Laurent Denoux. C’est rapide, sécurisé et économique. Cela lui permettra de diversifier ses sources de financement et il disposera de trésorerie à faible coût ».
Un outil de bon sens encore sous utilisé
Alors que l’affacturage inversé constitue l’un des outils permettant de résister à la crise, celui-ci peine encore à décoller, suscitant les craintes de certains fournisseurs, qui redoutent l’image qu’ils renverraient auprès du donneur d’ordres et des banques. En 2020, les factors avaient pris en charge près de 220 milliards d’euros de nouvelles créances et de cela, seuls huit milliards d’euros avaient été traités par le dispositif, promu par la Médiation des entreprises. Néanmoins, depuis quelques années, comme l’évoque Laurent Denoux, le recours à cette solution ne cesse de croître. « Si ce n’est pas la seule solution, l’affacturage inversé est l’un des éléments de réussite pour sauvegarder ses relations fournisseurs », soutient-il en guise de rappel.
L’obstacle, vu côté client, est généralement d’ordre technique. Les donneurs d’ordre pensent que l’interconnexion de leurs outils avec le factor et leurs fournisseurs réclamera du temps
Si toutefois peu de motifs s’opposent à l’instauration du dispositif, sa technicité et le manque temps forment deux des freins majeurs à sa mise en place. « L’obstacle, vu côté client, est généralement d’ordre technique. Les donneurs d’ordre pensent que l’interconnexion de leurs outils avec le factor et leurs fournisseurs réclamera du temps et un investissement alors même que ces outils sont de plus en plus simples et rapides d’utilisation », souligne Laurent Denoux. Outre l’obstacle technique, les fluctuations des stratégies de financement des donneurs d’ordre ces derniers temps, provoquées par la crise, ne favorisent pas le développement du dispositif d’affacturage inversé collaboratif. « Au regard de la conjoncture, qui évolue rapidement, presque d’un mois sur l’autre, les changements de priorités de financement mutent. Cependant la conjoncture actuelle va dans le sens de l’usage du PFA », explique le chargé de mission pôle acheteurs, chartes et labels de la Médiation des entreprises.
Un changement de nom et un comité pour démocratiser le dispositif
Afin de faire la promotion du dispositif, renommé désormais paiement fournisseur anticipé (PFA), pour des besoins communicationnels, un comité de mise en œuvre a notamment été créé. « Nous avons réuni l’ensemble des parties prenantes qui nous semblaient pertinentes, à savoir les grandes fédérations professionnelles, un certain nombre de collectivités, entreprises et administrations, comme l’agence informatique financière de l’État, qui a mis en place Chorus », développe Laurent Denoux.
Avant d’être un outil de réduction des délais de paiement, ce dispositif est une solution de soutien à la trésorerie et à l’amélioration du BFR des entreprises
Reste maintenant à lever les craintes et rassurer les fournisseurs sur le sujet, pour populariser l’usage de l’affacturage inversé. En ce sens, la dématérialisation des factures pourrait lui donner un coup de boost et participer à son avènement. « Nous pensons que la dématérialisation des factures constituera une forme d’accélérateur pour ce dispositif. Ce qui est important pour le Médiateur des entreprises, c’est que ce dispositif de PFA soit, avant d’être un outil de réduction des délais de paiement, une solution de soutien à la trésorerie et à l’amélioration du BFR des entreprises et des TEP/PME en priorité ».