Les achats responsables comme levier de croissance et de progression
Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité
BNP Paribas et le Resah ont effectué un inventaire de leur engagement dans le cadre de la Charte relations fournisseurs et achats responsables. Et les perspectives n’en sont que plus encourageantes.
Pierre Pelouzet, Médiateur des entreprises, fraîchement reconduit pour trois ans dans ses fonctions, le concède, sa définition des achats responsables est sobre et singulière : « les achats responsables cela consiste à se poser des questions ». Et c’est justement la démarche entreprise par Charles-Edouard Escurat, directeur général adjoint du Resah, le réseau des Acheteurs Hospitaliers et Laure Monset, responsable RSE au sein de la direction des achats du groupe BNP Paribas, présents avec lui lors d’une table ronde organisée par Celonis, société allemande spécialisée dans le process mining.
À la recherche d’un cercle vertueux
Avertis sur le sujet, ils sont revenus sur le long chemin parcouru par leur structure respective, toutes deux signataires de la Charte relations fournisseurs et achats responsables. Ils ont exposé par la même occasion les fruits de leur stratégie. « Nous avons signé la charte en 2010. Et le Label Relations fournisseurs est une façon concrète de s’engager avec nos partenaires. Nous sommes plus proactifs auprès de nos fournisseurs », fait savoir par exemple Laure Monset.
Championnes des achats responsables (voir notre article sur l’étude Ecovadis la Médiation), bon nombre de sociétés hexagonales ne se sont jamais arrêtées de miser sur cet instrument. Une plus grande attention à la qualité des relations fournisseurs, à l’impact social et environnemental des achats a effectivement contribué au bon fonctionnement de bien des entreprises et entités publiques. Dans une quête de perfectionnement de leur efficacité opérationnelle, de plus en plus de donneurs d’ordres s’éveillent alors sur le sujet. Mais tout cela réclame une application et un engagement au long cours.
Une réforme nécessaire des process internes
Si elle implique une révision des méthodes de travail d’un pan entier des sociétés l’adoptant, la Charte Relations fournisseurs et achats responsables est perçue par de nombreux acteurs comme un outil d’amélioration incontestable. Dépeints ici comme un « mouvement grandissant », les achats responsables permettent indéniablement de doper la valeur des entreprises.
Cela nous a apporté une forme de crédibilité auprès de nos fournisseurs
Dès lors, de nombreuses structures s’y essayent avec conviction et force. « En signant la Charte en novembre 2020, nous étions très heureux », avoue Charles-Edouard Escurat, qui a vu le Resah être labéllisé en décembre 2021. « Cela nous a apporté une forme de crédibilité auprès de nos fournisseurs. C’est quelque chose de reconnu », poursuit-il. Durant ce colloque, Celonis, par le biais de Fadi Naffah, son vice-président directeur général France et Moyen-Orient du groupe, a également annoncé sa signature prochaine de la Charte, affichant ouvertement son adhésion au projet et son souhait de réduire son empreinte carbone.
Nous avons mis en place une organisation au cours de l’année 2019. Puis la crise est arrivée. Cela s’est révélé être un test grandeur nature
D’autre part, il est approuvé par tous au fil des débats qu’acheter responsable permet d’optimiser sa fonction achats. Et tout cela, en réduisant potentiellement les coûts, comme l’affirme Pierre Pelouzet, lequel se félicite de voir « cette prise de conscience des acteurs économiques » et « les barrières tomber. » Entre patience, continuité et recherche de cohérence permanente, la marche à suivre exige néanmoins une feuille de route précise. « Pour bien commencer, nous nous sommes fixés des objectifs. Nous avons mis en place une organisation au cours de l’année 2019, explique de son côté Laure Monset. Puis la crise est arrivée. Cela s’est révélé être un test grandeur nature. Mais tout cela a démontré que nous avions gagné en agilité. »
Les délais de paiement au cœur des échanges
Tandis que les entreprises n’ont de cesse de vouloir maîtriser au mieux leurs process de bout en bout, du sourcing au paiement, la fonction achats doit poursuivre son renouvellement. Et pour cause, la crise engendrée par la pandémie de COVID-19 a rappelé que l’écosystème des achats n’était pas infaillible. « L’objectif est de faire changer les comportements et les mentalités, lance Pierre Pelouzet. En cause, les délais de paiement, peu tenus par instants. « Les délais de paiement sont des indicateurs comme d’autres de l’entreprise, qui démontrent ou non son efficacité opérationnelle », souligne Laure Monset. Le Médiateur des entreprises et Président de l’Observatoire des Achats responsables abonde dans le même sens. « Nous comptions 15 jours de retard de paiement en moyenne sur l’année 2020, contre 10 en 2019. La crise est passée par-là, mais il n’y aucune raison de payer en retard dans les faits. Un certain nombre d’entreprises avaient même arrêté de payer leurs fournisseurs, rompant de manière brutale leurs contrats. »
Du reste, afin de prétendre au Label Relations fournisseurs et achats responsables, qui se déclinera en trois niveaux - bronze, argent et or - les sociétés doivent se soumettre à de multiples KPI, dont des délais de paiement fixés à trente jours et d’autres comme la part d’achats inclusifs. De cette façon, pour maintenir les équipes sous bonne pression, les entreprises se plient à des audits externes, dans l’espoir d’aiguillonner la confiance entre tous les acteurs.
Pour autant, tous s’accordent sur la fiabilité et l’efficience des directions achats en France d’ordinaire. En effet, si la fonction achats n’est pas la seule raison du maintien à flot de l’économie nationale, elle a certainement contribué à sa bonne tenue et ce même par une mer largement agitée.
Quelques chiffres :
Il y a dix ans, 100 médiations entre acteurs étaient réalisées. En 2019, 1300 saisines ont été dénombrées, trois fois plus en 2020.
La Charte Relations fournisseurs et achats responsables compte pas moins de 2500 signataires.
65 organisations privées ou publiques sont labéllisées.
En 2020, en moyenne, les retards de paiement s’établissaient à 15 jours, soit cinq de plus qu’en 2019