Pour la Bretagne et Paris 2024, le sourcing responsable est aussi local
Par Mehdi Arhab | Le | Environnement
Au cours d’un Webinar organisé par Silex, éditeur français de solutions de pilotage liées au sourcing, la direction des achats des JO de Paris 2024 et le service politique achats la région Bretagne ont partagé leur retour d’expérience sur le développement d’un sourcing favorisant des achats locaux et responsables. En opérant ainsi, elles ont pu accroître la pérennité de leur politique achats.
C’est au côté de Quentin Fournela, fondateur de la plateforme de sourcing dopée à l’intelligence artificielle Silex et animateur de ce webinar, que Céline Faivre, directrice générale adjointe numérique, achat et juridique de la région Bretagne et Sylvère Chamoin, manager achats de Paris 2024 ont expliqué pour quelles raisons leurs services respectifs avaient misé sur le sourcing responsable. Avec un montant d’achat de 2,5 milliards d’euros, pour un budget total du Comité d’organisation des JO de 3,9 milliards d’euros, la direction des achats de Paris 2024 mobilise 8 000 entreprises, principalement françaises et européennes. Les Jeux Olympiques constituent un chantier d’envergure, avec 39 sites de compétition et 36 sites d’entraînement, sans compter les différents villages qui accueilleront athlètes et journalistes.
La structure achats Bretagne, qui gère 250 à 300 millions d’euros par an, avait quant à elle adopté en juin 2018 un schéma des achats économiquement responsables. Celui-ci traduit une volonté politique portée par la région de stimuler l’économie, soutenir la croissance et l’emploi et rapprocher l’offre et la demande. Le service politique des achats de la région a fait de la commande publique un levier d’action et de performance répondant à ces objectifs.
Le sourcing pour favoriser les achats locaux et répondre à une volonté politique
Poussés par leurs ambitions en matière de transition énergétique et d’innovation, les Achats de la région se sont démarqués en donnant leur chance à des entreprises locales. En effet, 75 % des marchés attribués par la région le sont à des entreprises de la région, ce qui représente 80 % en volume. La vie du territoire s’en retrouve dynamisée. « L’acte d’achat est avant tout le fruit d’une collaboration entre opérateurs économiques », note Céline Faivre, qui précise : « Les enjeux de relocalisation sont au cœur de la politique publique en Bretagne et la commande publique doit y participer. La phase de sourcing est plus qu’importante car, par celle-ci, nous avons pu attirer des entreprises vers la commande publique », explique-t-elle.
Ainsi, les Achats ont trouvé des offres produits et de services répondant à des critères éthiques, sociaux et environnementaux bien précis. Tout cela s’inscrit finalement dans une tendance de plus en plus marquée, s’agissant des achats responsables, puisque, selon le baromètre EcoVadis 2021, 63 % des organisations professionnelles considèrent qu’il est primordial d’atteindre les objectifs de durabilité de leur organisation. Elles n’étaient pourtant que 25 % à se préoccuper du sujet en 2019 ; elles sont désormais de plus en plus nombreuses à devancer les contraintes règlementaires.
L’apport de la technologie au service des achats
Par ailleurs, à l’aide de la technologie et de solutions innovantes, telle que celle proposée par Silex, la commande publique bretonne a gagné en agilité. Silex a effectivement été intégré dans la stratégie et les processus achats par le service des achats de Bretagne et est interopérable avec les différents outils utilisés, tels que la plateforme Mégalis.
Le numérique et les plateformes créent les conditions de cette agilité, de l’innovation
« Le numérique et les plateformes créent les conditions de cette agilité et de l’innovation, affirme Céline Faivre. Il est primordial d’avoir ce type d’outils à disposition, qui sont nombreux, mais dont nous usons peu. Ils permettent un pilotage de la politique achats par la donnée et offrent aux opérateurs économiques des indications sur l’atteinte des objectifs », poursuit-elle. L’intégration des données et leur pilotage a en outre permis de mettre en avant des acteurs moins visibles. « En mettant les technologies à disposition de plus petites structures, les Achats peuvent mieux les accompagner et leur livrer des process plus efficients », renchérit de son côté Quentin Fournela.
Le souhait de faire différemment
En se fondant sur une meilleure connaissance du marché grâce aux plateformes ESS 2024 et Entreprises 2024, portée par le Medef et qui permet d’animer le marché PME français, les Achats des JO de Paris ont eux aussi identifié des acteurs innovants et opérationnels. Des réunions en amont sont de surcroît organisées dans diverses régions avec des chefs de petites entreprises pour leur présenter la politique achats et les inviter à rentrer dans la danse.
La politique achats des JO de Paris s’articule autour de cinq engagements majeurs : incitation de démarches circulaires, atteinte de la neutralité carbone, soutien à l’innovation sociale, inclusion des personnes éloignées de l’emploi et la participation à la création de valeurs sur les territoires. Concernant le premier point, des solutions de réutilisation, réemploi et des démarches d’écoconception sont privilégiées. Sur le deuxième point, des budgets carbones à ne pas dépasser ont été construits avec les tiers de la direction des achats Paris 2024. « Nous avons créé les conditions pour que les plus petits puissent monter à bord », commente Sylvère Chamoin, qui ajoute que la pondération varie, selon les types d’achats, entre 15 et 40 %.
« L’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques est avant tout une vision, qui se traduit par une stratégie responsable des achats, afin de laisser une incidence positive sur l’économie et les territoires hôtes, avant, pendant et après l’événement », développe Sylvère Chamoin.