Maisons du Monde concentre ses efforts environnementaux sur son scope 3
Par Guillaume Trecan | Le | Environnement
La marque de mobilier Maisons du Monde vient d’officialiser la création d’une gamme de produits éco-responsables. Ses fournisseurs sont évidemment en première ligne pour doubler les références entrant dans cette gamme d’ici à 2025. Ils sont aussi les premiers concernés par l’objectif de réduction de 25 % des émissions carbone.
Maisons du Monde se défend d’avoir créé un label de plus avec la gamme de produits « Good is Beautiful » qu’elle vient de créer et qui couvre 20 % de ses produits, soit 3 000 références. Elle s’appuie pourtant sur une vingtaine de labels et de certifications adaptés à la nature des produits : certification FSC et PEFC pour le bois ; OCS (Organic Content Standard) et GOTS (Global Organic Textile Standard) pour le coton ; RWS (Responsible Wool Standard) pour la laine recyclée, ou encore GRS (Global Recycle Standard) pour les matières recyclées. Le cahier des charges de la gamme Good is Beautiful est déjà étendu à une quinzaine de marques tierces de la marketplace de Maison du Monde et doit concerner, d’ici à 2025, 6 000 produits.
50 % des émissions carbone sur le scope 3
Cet effort mené par Maisons du Monde auprès de sa base de fournisseurs pour sourcer des produits plus respectueux de l’environnement va de pair avec ses objectifs de réduction de 25 % de ses émissions carbone. Sa consommation annuelle de 530 000 tonnes de CO2 repose à 30 % sur les déplacements des clients vers les magasins, 10 % sur le transport, 10 % sur ses achats d’énergie et 50 % sur les produits fabriqués par ses fournisseurs, soit le scope 3.
Nous ciblons matière par matière pour atteindre cet objectif. Les matières les plus carbonées sont le textile et la mousse de rembourrage des assises
Pour progresser, le directeur de la RSE, Rémi-Pierre Lapprend, a donc entrepris de passer au crible ses produits, depuis l’extraction de la matière première jusqu’à la sortie d’usine. « Nous ciblons matière par matière pour atteindre cet objectif. Les matières les plus carbonées sont le textile et la mousse de rembourrage des assises. Les différentes étapes de production du coton ou de la mousse de polyester sont très énergivores. Les assises font donc partie des familles de produits prioritaires » , explique Rémi-Pierre Lapprend.
Les prestataires de transport challengés
Si le transport ne représente que 10 % des coûts carbone de l’entreprise, il fait néanmoins l’objet d’une attention particulière, l’entreprise s’étant engagée à communiquer à ses clients l’impact carbone de leur livraison, après avoir signé la charte e-commerce de la Fevad. Les prestataires transport du groupe sont bien sûr mis à contribution. « Nous les challengeons sur la localisation de leurs centres logistiques et nous les choisissons en fonction de celui qui sera le plus proche de nos magasins », explique Rémi-Pierre Lapprend, qui cherche également à développer l’usage du ferroviaire vers l’Espagne et vers l’Allemagne, après l’avoir déjà mis en œuvre entre Avignon, près de l’entrepôt de Fos-sur-Mer où sont débarqués les produits du groupe venant d’Asie et l’Île de France, le Nord de la France et la Belgique.
Pour limiter le nombre de kilomètre parcourus par ses produits jusqu’aux magasins et aux clients, Maison du Monde s’apprête par ailleurs à construire un nouvel entrepôt en Normandie, à Heudebouville, ce qui lui permettra de faire débarquer une part de ses produits au Havre et de se rapprocher de ses marchés belges et allemands en fort développement.
Plus de livraisons en vrac
En adhérant à Fret 21, l’outil de calcul de l’Ademe, Maison du Monde a également pu comprendre l’incidence du transport sur les déplacements des clients vers les magasins, qui comptent tout de même un tiers du bilan carbone. « Cela nous a permis de comprendre que la livraison directe chez le client n’est pas forcément plus émettrice que la livraison en magasin, ne serait-ce que parce que, chez le client, nous arrivons à charger en vrac », note Rémi-Pierre Lapprend, qui explique qu’une livraison en vrac permet de transporter deux fois plus de produits qu’une livraison en palette. Même si la livraison en vrac nécessite de la conduite du changement pour être généralisée en magasin, elle sera étendue à l’ensemble des magasins entre 2022-2023 au gré des renouvellements de contrats des transporteurs.
Rapprocher les sources d’approvisionnement de l’Europe est également à l’ordre du jour, mais à la marge. « Nous avons des ambitions de sourcing un peu plus proche - en Europe notamment - que nous intégrons dans la sélection Good Is Beautiful, pour réduire les distances de transport, moins pour répondre à des enjeux RSE que de temps d’approvisionnement », explique la directrice de Maisons du Monde, Julie Walbaum, qui affirme qu’« une tonne transportée par bateau depuis Shangaï a la même empreinte carbone qu’une tonne transportée par camion depuis Varsovie. »
D’un point de vue empreinte économique et écologique, cela a du sens d’avoir un peu plus de production en Europe
Ces relocalisations se feront donc à la marge et sur des catégories de produits spécifiques, telles que la literie et les assises. « Ce sont des fabrications relativement mécanisées avec des matières qui peuvent se trouver en Europe. D’un point de vue empreinte économique et écologique, cela a donc du sens d’avoir un peu plus de production en Europe. Plus de la moitié de nos sofas sont d’ailleurs déjà fabriqués en France », explique Julie Walbaum.
Deux autres leviers achats à l’incidence limitée seront également actionnés l’énergie et les déchets d’emballage. Les consommations énergétiques des magasins doivent être réduites de 45 % en kilowattheure par mètre carré d’ici à 2025. En ce qui concerne les emballages logistiques, l’ambition de Maisons du Monde est de n’avoir que des emballages recyclés ou a minima recyclables. En 2022, le groupe ouvre un deuxième sujet sur l’emballage fournisseur. « Aujourd’hui fondé sur des cahiers des charges qualité, il devra intégrer demain des engagements environnementaux », annonce Rémi-Pierre Lapprend.