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Les Achats, nouveau maillon fort de l’économie circulaire ?

Par Mehdi Arhab | Le | Environnement

Le dernier Club des Managers Achats a été le théâtre de débats passionnés sur la question, en vogue, de l’économie circulaire. Près de quarante directeurs et responsables achats, ainsi que deux institutionnels, sont revenus sur le rôle des directions achats dans la mise en place d’initiatives en la matière. Si elles peuvent être fondamentales, ces dernières sont aussi limitées par quelques barrières.

Le Club des Managers Achats : Les Achats, nouveau maillon fort de l’économie circulaire ? - © D.R.
Le Club des Managers Achats : Les Achats, nouveau maillon fort de l’économie circulaire ? - © D.R.

« Il ne s’agit plus d’essayer, mais de faire. L’économie circulaire n’est pas un concept, mais bien une notion concrète, en plus d’être une opportunité », expose d’emblée l’un des experts présents pour lancer les festivités. Alors que le contexte actuel en réclame davantage, la fonction achats commence à prendre conscience du rôle essentiel qu’elle peut détenir dans le développement des démarches d’économie circulaire, en stimulant la demande.

Pour autant, comme le rappellent certains intervenants, la question reste de savoir comment y mettre un pied. Cela malgré toute la bonne volonté du monde. « Le défi est de faire se rencontrer l’offre et la demande, mais ce n’est pas toujours simple. Comment opérer sur certains secteurs industriels ? », se demande l’un des directeurs achats, opérant dans le secteur pharmaceutique, au cours de l’une de ses prises de parole.

Des matières premières sur lesquelles rien ne peut être fait

En effet, si les déchets des uns peuvent devenir les produits et matières premières des autres, certains ne peuvent être réemployés - ou, du moins, le sont difficilement, comme le molybdène, un élément chimique, par exemple. À cela s’ajoute le coût plus important des achats circulaires ou encore l’impossibilité d’en faire sur la catégorie prestations intellectuelles. « Compte tenu des pénuries généralisées et du besoin de sauver notre modèle économique, nous ne sommes plus face à un choix », répond un des institutionnels, qui n’omet en rien les coûts immédiats de ces démarches, soutenant que cela se traduira par des gains de compétitivité à long terme.

Un effort doit donc être consenti par les donneurs d’ordres pour accompagner la création de filières de recyclage ; avec l’ambition d’allonger la durée d’usage des produits et de gérer plus efficacement leur fin de vie. Le programme achats circulaires et solidaires (Pacs) mené par l’institut national de l’économie circulaire, la Métropole du Grand Paris, l’ObsAR assure en ce sens l’accompagnement de directions achats dans leur projet pour dégager davantage de circularité.

De la nécessité d’une vision stratégique en interne et d’une législation efficiente

Toutefois, les directions achats se trouvent pour le moment soumises à des impératifs discordants. Pour amener leurs effectifs à adhérer à des actions d’économie circulaire, celles-ci doivent être appuyées par le top management. « Sans alignement stratégique, rien ne peut être fait. C’est une problématique de temps court et de temps long, il s’agit de laisser aux acheteurs le temps de réfléchir et agir », soutient l’un des responsables achats. 

Par ailleurs, sans réglementation plus détaillée, il sera difficile aussi pour les Achats de réaliser des avancées sur le sujet. Si la loi AGEC, promulguée en février 2020, va dans le bon sens, celle-ci reste bien trop focalisée sur l’information du consommateur. Elle ne dit rien de la nécessité de former le personnel et de la manière d’instaurer des organisations territoriales à la hauteur.