Baromètre OBSAR : les cartographies des enjeux RSE achats encore minoritaires
Par Guillaume Trecan | Le | Environnement
Les résultats du Baromètre de l’Observatoire des Achats responsables 2022 pointent l’omniprésence de la RSE dans les politiques achats privées et publiques, mais soulignent un manque d’outils de mesure et de pilotage.
Un premier chiffre du Baromètre Obsar 2022 donne une idée du caractère désormais incontournable des achats responsables : seuls 8 % des entreprises interrogées n’ont ni politique achats responsables ni le projet d’en mettre une en place. Pour les leaders en la matière, que l’Obsar compte parmi ses adhérents, on trouve même 23 % de répondants ayant une politique achats responsables en place depuis plus de dix ans.
Effet accélérateur de la crise
La crise - autant celle du Covid que celle des approvisionnements et l’inflation - a indéniablement eu un effet accélérateur sur la prise en compte des achats responsables. Dans le public cela se traduit en particulier par l’octroi de facilités de paiement aux fournisseurs (62 %) et, dans le privé, par la recherche de fournisseurs locaux ou régionaux (58 %).
Si la crise a obligé la Médiation des entreprises à monter au créneau (voir notre article sur le rapport annuel de l’Observatoire des délais de paiement), elle a aussi eu un effet accélérateur très net sur les labellisations Relation fournisseurs et achats responsables. « Nous comptons aujourd’hui 65 labellisés, rappelle le Médiateur, Pierre Pelouzet. C’est un nombre en forte croissance depuis un an ou deux et avec la mise en place du parcours national des achats responsables, nous avons bon espoir que d’autres entreprises nous rejoignent. »
Des enjeux identifiés mais peu de cartographies
Pour se mettre dans le sens de l’action, 76 % des personnes interrogées ont franchi l’étape de l’identification des enjeux en matière d’achats responsables. En revanche, grosse déception dès lors qu’il s’agit de passer aux choses sérieuses et d’établir une cartographie formalisée des enjeux et des risques - une obligation du label RFAR - les directions achats sont encore minoritaires (47 %), même si ce chiffre est en forte hausse sur un an (+ sept points). Il monte cela dit à 84 % dans les grandes entreprises (+ 14 points), incitées à se mettre en accord avec les obligations de la loi sur le devoir de vigilance.
Le manque d’indicateurs de mesure (44 %) est cité comme un des principaux freins au développement des politiques achats responsables. De fait, la moitié des répondants sur l’ensemble du panel et 70 % des entités publiques n’analysent pas les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
La question des ressources affectées à ces politiques est aussi très présente : le manque d’expertise en interne (42 %) et surtout le manque de temps et de ressources - item introduit pour la première fois - cette année et qui fait un tabac, remportant 68 % des suffrages. « Seul 10 % des organisations ont plus de cinq ETP dédiés aux achats responsables, beaucoup ont une personne, voire une personne à temps partiel sur le sujet », note le Médiateur des entreprises, Pierre Pelouzet.
La bonne nouvelle vient du fait que les problèmes de contraintes budgétaires (35 %) d’une part et d’objectifs contradictoires (32 %), d’autre part, sont plus bas que jamais.
Un critère des choix des fournisseurs
Même si les outils de pilotage ne sont pas tous en place et les ressources disponibles, la prise en compte de la RSE dans les achats est pourtant un fait, puisqu’elle se traduit par des pondérations dans l’appréciation des offres, supérieures à 10 % pour 46 % des donneurs d’ordres du secteur privé et pour 39 % du panel total.
Face à l’accroissement des coûts de matières, de transport et d’énergie, l’économie de la fonctionnalité (41 % dans le privé et 38 % dans le public) et la sobriété (35 % dans le privé et 37 % dans le public) trouvent également leur place dans les politiques achats.
La préoccupation des directions achats pour le recours à des entreprises locales et régionales est la première citée en matière d’impact sociétal des Achats, devant le fait de recourir aux secteurs du handicap, de l’insertion et aux PME.
Sur le plan environnemental, la réduction des déchets et la réduction des consommations énergétiques sont les deux principales actions engagées ; 73 % des répondants ont fixé des objectifs et (ou) défini des actions sur le premier sujet et 71 % sur le deuxième.
Dernière source de réjouissance pour les administrateurs de l’Obsar, la participation à l’enquête. Même si le nombre de répondants (254 personnes) est en baisse par rapport à l’an dernier (316 répondants), il reste plus élevé qu’en 2022 (143 répondants) et surtout avec des réponses plus complètes.