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CMA : Comment rendre vos achats IT plus durables ?


Une vingtaine de responsables, directeurs et directrices achats se sont réunis le 13 février dernier pour évoquer leurs achats IT. Et tous s’efforcent à les rendre plus vertueux. Certains ont apporté quelques éléments de réponse. Compte rendu, non exhaustif bien-sûr.

CMA : Comment rendre vos achats IT plus durables ?
CMA : Comment rendre vos achats IT plus durables ?

L’IT occupe toujours une place plus importante dans le quotidien de tout un chacun. Et il doit lui aussi penser sa mue. Les technologies doivent se plier à de nouveaux enjeux et répondre à de nombreux défis environnementaux qui pointent le bout de leur nez, rendant indispensable une réflexion sur des pratiques d’achats en la matière plus durables. Selon The Shift Project, le secteur numérique représente au moins 4 % des émissions mondiales de CO₂. L’Ademe estime qu’il représente près de 3 % de l’empreinte carbone en France. La prise de conscience vis-à-vis de l’empreinte environnementale de l’IT doit donc être chaque jour plus importante. Mais, bonne nouvelle, pour Nissrine Massaq, directrice des achats de Siemens Smart Infrastructure France, intervenante lors du club des managers achats, « elle progresse ».

S’engager dans une démarche d’achats responsables sur la famille d’achat IT comme elle l’a fait est donc une opportunité clé pour réduire son empreinte carbone. Et une démarche de ce type peut d’ailleurs être une source réelle de création de valeur pour l’entreprise. Quand bien même il prendra du temps, le développement de solutions numériques responsables plus sobres prend corps et n’est pas une simple vue de l’esprit. Certains donneurs d’ordre n’ont d’ailleurs pas attendu bien longtemps pour saisir les opportunités qui s’offrent à eux. Néanmoins, avant de se lancer dans cette aventure, faut-il peut-être connaître précisément l’empreinte carbone de ses achats, et ses achats IT évidemment. « Je n’ai, je dois l’avouer, aucune connaissance précise de l’empreinte carbone de nos achats », admet l’un des convives, directeur des achats d’un éditeur logiciel français. « Nous ne la connaissons pas non plus et nous devons d’ici peu savoir ce qu’elle représente », embraye une autre.

Des actions simples pour agir vite

Nous étions auparavant sur une garantie d’utilisation de 5 ans auparavant et nous l’avons fait passer à 7 ans désormais

Il n’en demeure pas moins que quelques petites actions ici et là peuvent être déployées pour obtenir des quick wins. Allonger la durée de vie des flotte mobiles et des ordinateurs de bureau peut en être une. Certaines entreprises ont en effet décidé de favoriser la maintenance et la réparation de leurs équipements. « Nous étions auparavant sur une garantie d’utilisation de 5 ans auparavant et nous l’avons fait passer à 7 ans désormais », illustre un directeur achats d’un établissement public. Dans le cadre d’accords de leasing, certaines entreprises ont allongé la durée d’utilisation de de leur PC et téléphones, contribuant ainsi à une réduction non négligeable de leur empreinte environnementale. Et du point de vue économique, elles y gagnent aussi.

Selon l’Ademe, le bénéfice économique de ne pas remplacer un ordinateur portable (évitement d’un nouvel achat) qui a l’âge de 3 ans alors qu’il fonctionne encore est considérable. Il est estimé à plus de 100 euros par an pendant la durée d’allongement (3 ans) soit une économie totale de plus de 300 euros. Le bénéfice environnemental de ne pas remplacer un ordinateur portable qui a l’âge de 3 ans alors qu’il fonctionne encore est quant à lui estimé à plus 60 kg CO2-eq sur la durée d’allongement. Des gains considérables lorsqu’ils sont rapportés à des flottes embarquant plusieurs centaines voire milliers d’équipements.

Certains acteurs, qui proposent des solutions locatives, favorisent de plus en plus la gestion circulaire des équipements et matériels de leurs clients, du réemploi jusqu’au recyclage. Après accord de financement et signature du contrat de location, ceux-ci passent commande auprès des fournisseurs qui livrent les équipements, permettant à leurs clients de préserver leur compétitivité, leur fonds propres, mais aussi d’appuyer leur démarche RSE. Tout cela alors que l’usage des nouvelles technologies ne cesse de s’accélérer et de s’intensifier ces dernières années. Un paramètre qui pousse d’ailleurs, depuis un moment maintenant, beaucoup de donneurs d’ordres à appréhender différemment la question du renouvellement constant de leur parc informatique.

Nous travaillons sur nos hardwares et le prolongement de leur durée de vie. En fin de vie, nous faisons intervenir des brokers, des EA souvent, en local et nous leur retournons notre matériel informatique afin qu’ils réparent nos équipements

« Nous travaillons sur nos hardwares et le prolongement de leur durée de vie. En fin de vie, nous faisons intervenir des brokers, des EA souvent, en local et nous leur retournons notre matériel informatique, acquis via nos contrats de location avec notre partenaire, afin qu’ils réparent nos équipements. L’idée est de donner une seconde vie à partir de pièces détachées », explique l’un des invités. Après avoir été reconditionnés, réparés, les actifs technologiques peuvent être remis sur le marché, par une plateforme partenaire par exemple. « Certains appareils font l’objet de dons à des associations ou des écoles, d’autres sont vendus à une filière locale. Ils font en amont l’objet de tests, sont réparés le cas échéant, puis mis à jour et nettoyés, avec un effacement complet des données via un logiciel type “Blanco“ », poursuit-il.

Travailler sur les usages

« Développer des stratégies autour du réemploi et du recyclage est intéressant, d’autant que cela permet de nouer des relations avec des acteurs de l’économie circulaire parmi lesquels certains Esat et EA. Cela permet de toucher à tous les enjeux de la RSE », avance une autre convive. D’autres entreprises privilégient quant à elles l’achat d’accessoires sans suremballage ou fabriqués à partir de matériaux recyclés, optant pour des produits reconditionnés et éviter des produits à forte obsolescence. À cela s’ajoute, pour certains, l’adoption de solutions cloud green, alimentées par des énergies renouvelables. « Les datas centers sont très gourmands en énergie. Il faut bien réfléchir à leur emplacement décarboné pour en limiter l’empreinte carbone, en optant plutôt pour un pays où le mix énergétique se trouve largement », estime l’un des convives.

En interne, certains groupes mènent par ailleurs des campagnes de sensibilisation auprès de leurs collaborateurs pour limiter les envois intempestifs de mail ou alors pour leur rappeler l’importance d’une utilisation raisonnée du matériel IT. « De notre côté, nous tâchons de changer les mauvaises habitudes en interne. Nous veillons à ce que nos logiciels installés soient bien utilisés, car s’ils ne le sont pas, leur empreinte carbone peut être considérable. En plus de sensibiliser les salariés, de les pousser à les utiliser, nous avons désormais instauré des dates d’expiration pour chacun de nos logiciels afin de limiter leur empreinte carbone s’ils ne sont plus utilisés », témoigne une directrice achats autour de la table.

Adopter des achats IT plus durables peut finalement reposer sur trois ou quatre actions essentielles : favoriser l’éco-conception et les produits durables ; optimiser la consommation énergétique des infrastructures ; allonger le cycle de vie des équipements et collaborer avec des partenaires engagés. Optimiser les infrastructures IT, notamment les data centers apparaît comme l’un des chantiers les plus importants mais aussi l’un des plus durs à mener. Les clés du succès sont à la portée de tous et résident dans une transition progressive. Reste désormais pour ceux qui ne l’ont pas fait à définir des objectifs clairs et des indicateurs de suivi adaptés pour mesurer les progrès réalisés.