Le Cigref ne cache pas son inquiétude face à la hausse des coûts des achats IT
Par Mehdi Arhab | Le | It
Le président du Cigref, Jean-Claude Laroche, dit se soucier de la hausse (injustifiée) des coûts informatiques. Des hausses qui ne peuvent, le plus souvent, pas se justifier par la seule tendance inflationniste du moment.
Dans un entretien accordé à notre confrère Bertrand Lemaire, rédacteur en chef de Républik IT - Le Média, Jean-Claude Laroche, président du Cigref, association qui se donne pour mission de « réussir le numérique et qui regroupe 155 membres, parmi lesquels de grands noms du CAC 40 et SBF 120 ainsi que des administrations publiques, a avoué s’inquiéter des coûts informatiques. Alors que l’inflation galopante n’aide déjà pas les donneurs d’ordre, l’association s’étonne de la hausse des coûts, presque délirante, réclamée par certains éditeurs, qui ont tout bonnement « fait exploser leurs prix, notamment ceux ayant des politiques décidées aux Etats-Unis », a expliqué le président du Cigref. Pour ce dernier, les tensions sur les chaînes d’approvisionnement ne peuvent expliquer une tendance haussière aussi délirante.
Étant donné les soucis de supply chain passés, nous avons constaté ponctuellement des hausses supérieures sur le matériel mais le problème est aujourd’hui assez contenu
« Nous sommes dans un contexte inflationniste mais, à activité équivalente, il n’y a aucune raison de constater des hausses de plus de 5 % entre 2022 et 2023. Sur la masse salariale propre, c’est de cet ordre. Étant donné les soucis de supply chain passés, nous avons constaté ponctuellement des hausses supérieures sur le matériel mais le problème est aujourd’hui assez contenu », a-t-il déroulé. Il évoque, en premier lieu, un changement de mode de comptabilisation des licences comme l’un des moyens utilisés par les prestataires pour faire avaler des hausses à leurs clients. « Certains entrent en négociation de renouvellement avec une hausse de tarif de plus de 100 % », a assuré Jean-Claude Laroche. Les hausses sont estimées en moyenne par l’association sont comprises entre 20 et 25 %. « Nous appelons les acteurs à la raison », a-t-il d’ailleurs lancé.
Des actions portées devant l’Autorité de la Concurrence
Face à une telle situation, le président du Cigref annonce que l’association s’est présentée devant l’Autorité de la Concurrence et que de nombreuses actions sont en cours, menées notamment par certains hébergeurs à l’encontre de Microsoft. Des membres du Cigref n’hésitent d’ailleurs plus à aller au contentieux. « Nous voulons des relations équilibrées entre les entreprises utilisatrices du numérique et leurs fournisseurs. Mais force est de constater que le rapport de force est permanent », a-t-il regretté, laissant entendre que le marché, comme certains le laissent entendre, s’était dernièrement peut-être retourné en faveur des preneurs d’ordres. L’espoir est toutefois tout sauf inexistant. Le Cigref, qui s’impose de plus en plus en Europe et qui ne cesse d’échanger avec des organisations similaires à la sienne, se démène et multiplie les initiatives. De plus, le marché européen est si important aujourd’hui, « que les actions menées à l’échelle de l’Union Européenne ont un véritable effet sur les fournisseurs », s’est félicité Jean-Claude Laroche.
Si des solutions européennes émergent pour répondre aux appels d’offres des grands groupes, avec une qualité de la réponse et une politique tarifaire meilleure que celle des acteurs américains, leur part de marché va vite croître
À cela s’ajoute l’émergence d’acteurs alternatifs, comme OVH sur le Cloud, qui pourraient mettre à mal l’hégémonie de certains grands prestataires et rééquilibrer le jeu. « Si des solutions européennes émergent pour répondre aux appels d’offres des grands groupes, avec une qualité de la réponse et, ce qui n’est pas dur, une politique tarifaire meilleure que celle des acteurs américains, leur part de marché va vite croître », a prédit le président du Cigref. Reste à savoir donc si la qualité sera au rendez-vous derrière pour les donneurs d’ordre.