Pour l’Adullact, le logiciel libre n’a pas à rougir face au logiciel propriétaire
Par Mehdi Arhab | Le | It
Le président de l’Association des développeurs, utilisateurs de logiciels libres pour les Administrations et les Collectivités territoriales (Adullact), François Elie, a rappelé tout récemment dans une interview la mission première de l’organisation : veiller au bon usage des deniers publics. L’Adullact accompagne en ce sens plus de 10 000 collectivités et établissements publics sur l’emploi de logiciels libres.
Dans un entretien accordé à Bertrand Lemaire, rédacteur en chef de Républik IT - Le Média, François Elie, président de l’Adullact, association fondée en 2002 comptant près de 400 membres directs, a défendu l’emploi de logiciel libre par les collectivités territoriales françaises et autres organismes publics tricolores. La structure s’attache d’ailleurs à produire et faire produire des logiciels libres, menant aussi une veille active de l’existant pour orienter au mieux ses adhérents et bénéficiaires. « Plus de 20 000 collectivités bénéficient des logiciels libres issus de nos travaux », assure-t-il d’ailleurs en préambule.
Pour un grand nombre de logiciels de niche, il existe un fort besoin mais, en face, peu ou pas d’offre
Ce dernier regrette au demeurant le manque d’offres à destination des professionnels de l’IT. Il juge ainsi utile de recourir au logiciel libre ; cela afin de répondre à des besoins métiers bien spécifiques essentiels. « Pour un grand nombre de logiciels de niche, il existe un fort besoin mais, en face, peu ou pas d’offre. Si les clients ne les font pas, personne ne les fera à leur place, soutient François Elie. Notre approche est de promouvoir, pour couvrir ces besoins, l’usage du logiciel libre ».
« L’argent public ne paye qu’une fois » !
En défendant l’usage des logiciels libres, gratuits donc et utilisables par d’autres, François Elie pointe surtout un certain manque - réel ou supposé - de rigueur et de transparence des éditeurs spécialisés. « Vous pouvez lancer tous les appels d’offres que vous voulez, si le produit n’existe pas, il n’existe pas », rappelle-t-il tout d’abord, avant de poursuivre, un chouia offensif : « les éditeurs font parfois des promesses pour remporter des marchés en mentant sur les fonctionnalités effectives, quitte à ensuite payer des pénalités si leur feuille de route change et si les fonctionnalités promises ne sont jamais développées. »
Il dénonce par la même occasion l’appât du gain des éditeurs face aux acheteurs publics. « Si un logiciel est commercial, l’éditeur va cibler chaque utilisateur et le faire payer au maximum », clame-t-il, rappelant que l’argent public ne doit pas servir des intérêts privés, mais bien être dépensé avec soin. Et ce, tout en rétribuant correctement et au juste prix le prestataire utilisé. « Le développement doit être payé, tout comme le support et la formation », expose le président de l’Adullact. Un propos qui résonne et s’accorde finalement parfaitement avec le slogan de l’association, « l’argent public ne paye qu’une fois ».
Le logiciel libre, libre dans tous les sens du terme
Un marché public ne concerne que des objets onéreux. Or le logiciel libre lui-même est gratuit
Contrairement à un logiciel propriétaire, qui lorsqu’il est acheté, est en réalité loué pour usage de licence, le logiciel libre ne doit, aux yeux de François Elie, pas faire l’objet d’une mise en concurrence dans un marché public. Et cela car la chose ne fait tout simplement pas sens. « Mettre en concurrence, dans un marché public, un logiciel propriétaire et un logiciel libre, c’est une très mauvaise manière de procéder. En effet, un marché public ne concerne que des objets onéreux. Or le logiciel libre lui-même est gratuit », explique-t-il, ajoutant au demeurant qu’aucun marché public n’est fondamental si la ressource existe en interne.