Des clefs pour collecter les données RSE des fournisseurs
Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité
Le département RSE de l’Afnor et le cabinet Mozart Consulting ont livré quelques clefs sur lesquelles s’appuyer au moment de collecter les données RSE des tiers fournisseurs, lors d’un webinaire organisé par Altares - Dun and Bradstreet. Une opportunité pour de nombreuses directions achats, qui s’évertuent tant bien que mal à mieux les recueillir.
Si la RSE est sans conteste un élément incontournable des politiques achats, beaucoup de directions achats peinent encore à récolter des données fournisseurs en la matière de façon efficiente. Une question reste donc en suspens : sur quelles sources et sur quelles méthodes de collecte des données faut-il se reposer ? Alain Jounot, responsable du département RSE de l’Afnor et Victor Waknine, associé-fondateur du cabinet Mozart Consulting ont tâché d’apporter un éclairage sur le sujet, exposant quelques indicateurs significatifs, ainsi qu’une méthodologie profitable pour les directions achats.
Quatre entreprises sur dix évaluent leurs fournisseurs sur les données RSE
L’objectif de la RSE reste de répondre autant que faire se peut aux grands enjeux auxquels la planète et les individus sont confrontés. Toutefois, comme l’explique Laurent Luce, directeur marketing d’Altares - Dun and Bradstreet, seules 39 % des entreprises évaluent leurs tiers fournisseurs sur leurs données RSE. En cause, notamment, un manque de standardisation des données, avance-t-il. Pourtant, les entreprises ont tout intérêt à les recueillir, puisque la RSE constitue un levier des plus stratégiques pour tirer de la performance. « Le lien entre croissance et RSE est avéré », rappelle en ce sens le directeur marketing d’Altares - Dun and Bradstreet.
Néanmoins, ce taux devrait croître prochainement, étant donné qu’en 2023 de nouvelles directives européennes élargiront le reporting des démarches RSE pour les entreprises de 250 salariés. Ces directives leur imposeront de publier les données environnementales, sociales et de gouvernance sous forme de rapport extra-financier.
La RSE ne peut pas être certifiable, elle n’a de sens que si l’on évalue sa maturité et sa performance
La maturité RSE constitue un enjeu majeur
Pour disposer d’une démarche efficace, chaque direction achats doit définir les indicateurs les plus adaptés aux spécificités de son activité, en engageant l’entreprise dans une réflexion en interne, explique Alain Jounot. « La RSE ne peut pas être certifiable, elle n’a de sens que si l’on évalue sa maturité et sa performance. Elle se respire au sein d’une entreprise », a-t-il ajouté en complément.
Ces dernières années, nombre de labels se sont développés. Des dispositifs d’évaluation ont de fait été créés, se basant sur des cahiers des charges élaborés autour de KPI, des méthodes de scoring et des évaluateurs experts. Plus de 200 dispositifs ont été ainsi engendrés par l’Afnor, laquelle a également développé de nombreux référentiels sectoriels. Le Label engagé RSE, fondé sur la norme ISO 26000, permet par exemple d’illustrer la maturité d’une démarche de responsabilité sociétale, en faisant le lien avec l’ensemble des objectifs de développement durable (ODD).
Le choix de la forme des prises de décisions repose alors sur les questions centrales de la responsabilité sociétale, lesquelles sont définies par l’article 6 de cette même norme, avec les domaines d’actions relatives à chacune d’elles. Celle-ci permet par ailleurs de structurer sa démarche RSE et de planifier une majeure partie de ses futures initiatives stratégiques, tout en identifiant ses forces et ses axes d’amélioration, expose Alain Jounot.
L’importance d’une méthode d’analyse quantitative fiable
La proposition de valeur du cabinet Mozart Consulting prend appui sur le développement de solutions sociales et managériales innovantes. Celles-ci se concentrent principalement sur les aspects sociaux et sociétaux (transformation et performance sociale via audit SI RH, santé et qualité de vie au travail, ainsi que la responsabilité sociale et sociétale).
Le cabinet s’applique donc à mesurer à partir de données SI RH l’évolution du niveau d’engagement et de désengagement des collaborateurs et employeurs dans le temps, sur différents métiers et secteurs. Inventeur de l’indice de bien-être au travail (Ibet), calculé à partir de ces datas sociales, Mozart Consulting s’arc-boute sur un modèle d’analyse quantitative. Les acteurs sont alors classifiés selon la qualité du reporting dans l’atteinte des ODD (Social Advisor Index - SAI). Tout cela étant pondéré à la fin par un coefficient.
L’intérêt de cela réside ensuite dans l’analyse des corrélations entre l’Ibet, le SAI et la performance économique des entreprises, afin d’en connaître davantage sur l’engagement responsable des entreprises. Cette démarche permet ensuite aux entreprises, au moyen d’une approche contextuelle et sectorielle, d’adapter ses ambitions en matière de RSE et de se positionner de manière plus solide dans son écosystème.