Le contrôle de conformité RSE des fournisseurs en voie d’industrialisation
Par Guillaume Trecan | Le | Éthique et conformité
A l’occasion d’une matinale sur la gestion des risques fournisseurs organisée par Altares Dun & Bradstreet, le directeur excellence achats de Capgemini a expliqué comment le groupe est parvenu à mettre en place un parcours d’intégration dans Ivalua, permettant de filtrer les fournisseurs au moment de l’onboarding.
Que ce soit dans le domaine environnementale ou de l’éthique des affaires, la réglementation internationale s’est étoffée d’une manière spectaculaire ces dix dernières années et les cinq prochaines réservent encore leur lot de rendez-vous réglementaires : Mandatory Corporate Human Rights and Environmental Due Diligence et Minerais de conflit en Europe en 2021 ; Uyghur Forced Labor Prevention Act en 2021 aux Etats-Unis ; Child Labour Du Diligence Law aux Pays Bas en 2022 ; Human Right Due Dilligence Law Supply Chain Act en Allemagne en 2023…
« Le poids de la réglementation pèse de plus en plus sur les relations fournisseurs », confirme Antoine Héraud, responsable excellence achats du groupe Capgemini, 16 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 270 000 collaborateurs dans cinquante pays dont 450 dans la fonction achats. Pour la direction achats du groupe de services informatiques, avec un panel fournisseurs constitué de 70 000 entreprises dans le monde entier, l’industrialisation du contrôle de conformité réglementaire de ses fournisseurs était une obligation vitale. Ces contrôles de conformité réglementaire des fournisseurs - due diligence selon le terme consacré - sont désormais automatisés dans sa plateforme de Source to Pay, Ivalua.
Différents niveaux de contrôle selon la criticité
Selon la criticité d’un fournisseur, le process d’onboarding dans le SRM de l’entreprise est donc plus ou moins exigeant. Le fournisseur d’un achat de classe C à risque très faible fera seulement l’objet d’un questionnaire basique : le client interne a-t-il un doute ? Le pays du fournisseur est-il à risque ? Si les réponses à ces questions sont négatives, le fournisseur pourra être intégré dans le référencement de Capgemini sans plus de formalités. Tous les autres font l’objet d’un screening dans Ivalua, avec le concours d’Altares, d’enquêtes via des tiers spécialisés en local et du contrôle des responsables éthique et conformité du groupe. Selon sa criticité le fournisseur devra passer plus ou moins d’étapes de contrôle, mais le fait d’avoir défini à l’avance les règles qui s’appliquent dans tous les cas de figure permet au moins d’éviter des délais excessifs de vérification ou - pire encore - l’intégration de fournisseurs à risque.
Il n’y a que le back office achats qui est habilité à saisir de la donnée fournisseur et à la modifier
Avant de mettre en place cet outil, la direction achats a également clarifié le process achats du groupe et travaillé sur les règles d’on-boarding des fournisseurs pour faire en sorte de contrôler 100 % des créations de fournisseurs dans le système d’information achats. « Chaque opération achats faite dans tous les pays rapporte à la même ligne hiérarchique », précise Antoine Héraud, qui enfonce le clou : « il n’y a que le back office achats qui est habilité à saisir de la donnée fournisseur et à la modifier. »
Pour progresser sur le sujet, la direction du groupe de services informatiques entend à présent avancer sur trois axes. « En parallèle du processus de gestion des risques, nous avons une démarche de réduction de notre base fournisseurs », explique pour commencer Antoine Héraud, qui reconnait qu’avec une base de 70 000 fournisseurs, maîtriser les risques est un réel défi. Deuxième axe de progrès : pour mieux packager le dossier remis au responsable éthique et conformité du groupe, la direction achats ambitionne de recueillir dans Ivalua toutes les informations relatives aux fournisseurs. Enfin, face à la multiplication des critères de vigilance - corruption, cybersécurité, CO2… - la direction achats voudrait standardiser son approche de gestion des risques. Une standardisation qui pourrait prendre la forme de visa d’autorisation pour les fournisseurs.
Le grand retard des entreprises sur l’impact CO<sub>2</sub>
Le développement durable et en particulier la prise en compte des performances en matière de bilan carbone prennent une place de plus en plus importante dans les démarches de due diligence. Pourtant, si l’on en croit les résultats d’un sondage présenté par Ecovadis lors de la matinale Altares Dun & Bradstreet, peu de fournisseurs sont prêts à répondre à ces attentes et beaucoup doutent même de la sincérité de leurs donneurs d’ordres. Ils sont ainsi 46 % à estimer que, si le développement durable est important pour leurs donneurs d’ordres, ces derniers sont inactifs en la matière. Globalement, seuls 15 % des entreprises déclarent leurs émissions, parmi lesquelles seuls 18 % sont des ETI et 3 % des PME.