Les retards de paiement en France diminuent
Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité
Dans son rapport pour l’année 2022 remis à Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des PME, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, l’Observatoire des délais de paiement informe que les retards de paiement ont été ramenés à moins de 12 jours. Malgré une conjoncture capricieuse, les PME continuent de se distinguer par leurs bonnes pratiques en la matière, les grands groupes, eux, doivent encore progresser.
Au regard du contexte économique, qui mêle, entre autres, inflation et tensions sur les chaînes d’approvisionnement, les craintes que les relations clients-fournisseurs se dégradent étaient légitimes. Bien heureusement, le constat global est (largement) rassurant. Comme l’indique l’Observatoire des délais de paiement dans son rapport annuel, qui s’appuie sur les chiffres du cabinet Altares, les délais de paiement en France ont de nouveau reculé en 2022. Alors qu’ils atteignaient en moyenne 12,4 jours en 2021, les retards de paiement ont été ramenés à 11,7 jours en moyenne au quatrième trimestre de l’année 2022. Avec cette moyenne, la France s’inscrit parmi les exemples à suivre sur le Vieux continent ; les pays du Nord - Allemagne, Belgique, Pays-Bas - demeurant les plus vertueux en la matière, avec des retards de paiement de moins de 10 jours en moyenne.
Le secteur de la construction en progression
Bonne nouvelle aussi, la proportion des « grands retards » - à plus de trente jours - retrouve son niveau d’avant crise sanitaire à 6 %, après avoir atteint près de 9 % au plus fort de la crise Covid. Une évolution positive qui touche pratiquement tous les secteurs d’activité, hormis les secteurs de l’hébergement-restauration-débit de boissons et le transport-logistique, dont les retards s’élèvent en moyenne à 16 jours. Le secteur du conseil et services aux entreprises voit a contrario pour la première fois ses délais passer sous le seuil des 60 jours. C’est également le cas pour le secteur de la construction pour la première fois depuis 2006. Dans le secteur public, les services de l’État ont, malgré́ une hausse de 14 % des demandes de paiement, affiché des délais globaux de paiement corrects. Ceci se sont à nouveau réduits de 1,5 jours entre 2021 et 2022 pour atteindre 14 jours. Les collectives territoriales et la fonction publique hospitalière doivent à l’inverse se ressaisir ; leurs délais de paiement moyens augmentant de plus d’une journée en moyenne. Ils s’établissent ainsi à 29 jours, ce qui reste toutefois très correct. « Une discussion sera prochainement engagée avec tous les acteurs pour publier les délais de paiement des entités publiques », a toutefois déclaré la ministre.
Les premiers à payer sont les derniers à être payés
Si les PME font office de bons élèves, les grandes entreprises doivent encore revoir leurs pratiques en matière de paiement. Près de trois quart des PME françaises rétribuent leurs tiers fournisseurs en moins de 60 jours. Elles restent en revanche la typologie d’entreprises la plus pénalisée par les retards de paiement, avec un effet pour le moins négatif sur leur trésorerie. La faute, le plus souvent, aux grandes entreprises donc. Si le paysage en matière de délais de paiement s’éclaircit, les entreprises du pays doivent maintenir leurs efforts, prévient l’Observatoire des délais de paiement. La conjoncture, encore elle, reste capricieuse et est synonyme de grande(s) incertitude(s). Des dérapages en matière de délais de paiement en 2023 sont possibles et la (bonne) tendance pourrait s’interrompre. Olivia Grégoire a d’ailleurs signalé que « nous ne pouvons entièrement nous satisfaire de la situation ».