Légère progression des délais de paiement mondiaux
Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité
La dernière édition de l’étude sur les délais de paiement mondiaux de Dun & Bradstreet, qui s’appuie sur des données récoltées jusqu’au 31 décembre dernier, revient sur les grandes tendances en la matière à l’international.
À l’est, rien de nouveau : comme l’an dernier, les entreprises des Philippines et de Taiwan sont de loin les meilleures élèves en Asie quand il s’agit de rétribuer en temps et en heure leurs fournisseurs, affichant des délais de paiement bien meilleurs que la moyenne. Les entreprises de ces pays se révèlent en effet une nouvelle fois comme les payeurs les plus performants et ponctuels, tout secteur confondu. Le premier affiche presque les meilleurs pourcentages du continent pour tous les secteurs étudiés. Le deuxième présente quant à lui, comme en 2021, le meilleur rapport entre les pratiques de ponctualité les plus élevées et les retards les plus faibles du continent ; 69,5 % des organisations sondées du pays rémunèrent en effet leurs tiers fournisseurs en temps et en heure, quand seules 0,5 % d’entre elles accusent des retards de paiement dépassant les 90 jours. En revanche, la Thaïlande et les Émirats arabes unis ne se distinguent pas vraiment pour leurs qualités en la matière et leur ponctualité. Leurs retards, dépassant 90 jours, étant fréquents. Ils accusent d’ailleurs une forte augmentation.
En matière de délai de paiement, la Chine peut se satisfaire, puisque les entreprises du pays ont bien progressé et s’invitent à la table des meilleurs payeurs du continent. Si les Philippines enregistrent les meilleurs taux dans le secteur de la construction, la Chine, elle, enregistre les meilleurs délais de paiement dans l’industrie manufacturière. Les entreprises du secteur du BTP de l’empire du milieu ne sont à l’inverse pas aussi promptes au moment de payer leurs partenaires.
Petite alerte sur le continent nord-américain
Sur le continent nord-américain, la pandémie de Covid 19 avait provoqué une forte dégradation sur les habitudes de paiement. À la fin de l’année 2019, le pourcentage d’entreprises payant à temps leurs factures était de 54,9 % aux États-Unis, 49,9 % au Mexique et de 31,3 % au Canada. L’année 2021 avait été de meilleure facture, mais malheureusement, en 2022, les délais de paiement ne se sont pas franchement améliorés sur ces plaques géographiques. Si l’Oncle Sam connaît une amélioration de près de trois points en la matière, les délais de paiement se sont dégradés au Canada et au Mexique entre la fin d’année 2021 et la fin d’année 2022 (- 4,7 % pour les premier, - 6,6 % pour le deuxième). Toutefois, en décembre 2022, la part des « mauvais payeurs » n’a pas connu de changement notable, atteignant des valeurs de 2,8 % pour les États-Unis, 1,9 % pour le Canada et 1,4 % pour le Mexique.
Comme (très) souvent, ce sont les microentreprises et les petites et moyennes entreprises qui affichent les meilleures pratiques en matière de délais de paiement et, à mesure que la taille des entreprises augmente, le pourcentage de payeurs ponctuels perd des points. Les grands groupes américains et mexicains font toutefois figure d’exception, puisque leurs pratiques en matière de délais de paiement sont bonnes. Les PME mexicaines sont quant à elles les plus ponctuelles des trois marchés d’Amérique du Nord. Le Canada, lui, fait office de vilain petit canard, affichant néanmoins de meilleures pratiques de retards de paiement que ses voisins.
Les entreprises étasuniennes sont les plus promptes à rétribuer leurs tiers-fournisseurs dans le secteur de l’agriculture, de l’industrie manufacturière, dans le transport et la distribution (51,4 %), ainsi que dans les services et la finance (respectivement 60 % et 68,4 %). Le pays accuse en revanche la plus forte concentration de retards de paiement dans le secteur du transport et de la distribution (près de 5 %) et dans l’industrie minière (3,4 %). Au Mexique, les secteurs de la fabrication de produits métalliques et l’électronique ont connu une importante dégradation de leurs délais de paiement (- 27 % et - 21 %).
Les tendances se suivent et se ressemblent sur le Vieux continent
En Europe, les entreprises danoises et russes se distinguent comme en 2021 par leurs excellents comportements en matière de délais de paiement. La Pologne, elle, s’est considérablement améliorée en la matière (+ 6,4 %), tout comme les Pays-Bas (+ 5,7 %). Le Royaume-Uni et l’Irlande se démarquent d’une autre manière, en affichant le plus de retards de paiement (au-delà de 90 jours), mais là aussi la part de mauvais payeurs n’a pas été bouleversée dans les grandes largeurs (respectivement + 2 % et + 1,6 %). L’Allemagne a vu ses performances baisser en termes de paiement à échéance (- 2,5 %).
Là encore, même constat que pour la région Amérique du Nord, à mesure que la taille des entreprises augmente, le pourcentage de payeurs ponctuels perd quelques points. Les microentreprises et PME européennes affichent de loin les meilleurs comportements de paiement. Les petites entreprises polonais et bataves sont les meilleures en Europe du Nord. Les microentreprises et PME françaises ont également des attitudes très ponctuelles en matière de délais de paiement, tout comme les structures de ce type en Turquie.
Secteur par secteur, les entreprises suisses de la construction sont de loin les meilleurs payeurs, tout comme leurs cousines des services financiers (respectivement 75 % et 73 %). La Belgique, elle, enregistre de mauvaises performances dans le secteur des services (- 8 %) ; le secteur automobile en Allemagne, lui, dégringole (- 10 %), tout comme le secteur agricole au Royaume-Uni (- 16 %). En Russie, le secteur qui présente les plus mauvais résultats en matière de comportement de paiement est celui de l’énergie. En Europe du Sud, la Hongrie se distingue en étant le pays le plus performant dans absolument tous les secteurs, une performance notable. La France, elle, obtient des résultats pour le moins honorables dans le secteur de la construction (62 %), tout comme dans l’Agriculture (56 %). Le secteur du transport routier et de l’entreposage perd en revanche un peu de terrain en Italie (- 7 %) ; même chose pour le secteur de la construction lourde en Espagne (- 7 %).