Fort rebond des défaillances d’entreprises au premier trimestre 2023
Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité
Comme attendu finalement en fin d’année dernière, le nombre de défaillances d’entreprise a fortement augmenté au premier trimestre de l’année 2023 (+ 44 %). Si Altares assure que la France ne fait pas face à des chiffres records, le début d’année semble particulièrement inquiétant.
La tendance se confirme et les chiffres ne sont guère reluisants. Le premier trimestre de l’année 2023 est marqué par le nombre important de procédures collectives. En effet, ce sont quelque 14 317 procédures collectives qui ont été ouvertes depuis le début de l’année. Le niveau des défaillances d’entreprise augmente significativement (+ 43,6 %) par rapport au premier trimestre 2022. Après être pourtant tombées à des seuils historiquement bas en 2021, les défaillances retrouvent des niveaux d’avant crise. Dans le détail, les liquidations judiciaires directes (10 730 au T1 2023) sont au plus haut depuis 2017.
Avec 307 jugements prononcés ce trimestre, le nombre de procédures de sauvegarde augmente de près de 40 %. Les procédures de redressement judiciaire sont aussi en hausse rapide de 49,9 % pour 3280 jugements enregistrés, mais demeurent tout de même plus faibles qu’au premier trimestre 2019 (4 057). Les PME et ETI, elles, connaissent des difficultés monstres. Pas moins de 1 125 défaillances ont été prononcées au premier trimestre de l’année (+ 59 %), un niveau jamais observé depuis 2015. Les TPE ne sont elles aussi pas épargnées. À noter que la résistance des jeunes entreprises s’est accrue. En effet, seule une entreprise sur dix qui faillit a moins de deux ans. En tout et pour tout, ce sont près de 60 000 emplois qui seraient menacés en France.
Divers facteurs explicatifs
Parmi les secteurs les plus touchés, le transport de marchandises (360 défaillances enregistrées ; + 40 %) figure dans le trio de tête. Toutefois, comme l’indique Altares, ce début d’année 2023 « est loin de signer un record de défaillances » et ce malgré des chiffres particulièrement inquiétants. Le référentiel 2019 est même parfois dépassé et la spirale négative (et inquiétante) pourrait ne pas s’arrêter de sitôt. Plusieurs facteurs exogènes peuvent l’expliquer : l’inflation bien sûr, mais également la hausse des taux d’intérêt, renchérissant les coûts de financement et les tensions géopolitiques qui persistent. « Dans ces conditions, et en dépit d’une meilleure résistance des très jeunes entreprises, le niveau des défaillances d’entreprises devrait, comme envisagé il y a quelques mois, avoisiner voire dépasser le seuil des 55 000 », alerte d’ailleurs Altares.
La construction ne sort par la tête de l’eau
Le secteur de la construction fait face à une envolée des défaillances (3 379 ; + 42 %). Il demeure néanmoins sous le niveau de sinistralité du premier trimestre 2019, avec 3 521 défaillances enregistrées alors. Dans l’industrie manufacturière aussi les défaillances sont encore moins nombreuses qu’en 2019, restant tout de même importantes (548 ; + 38 %). Le bois et les matériaux de construction ainsi que l’imprimerie font office de bons élèves, tenant bon en ce premier trimestre, tandis que la métallurgie et la mécanique dépassent le référentiel du T1 2019. Le secteur des services aux entreprises présente de son côté une hausse globale significative de défaillances d’entreprise (+ 38 % pour 1822 procédures), un seuil qui n’avait plus été atteint depuis 2017 (1845). Les défaillances sont notamment plus importantes dans les activités de conseil en communication et les services d’architecture et d’ingénierie.