Le niveau de défaillances en France repart à la hausse
Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité
Dans son analyse trimestrielle sur les défaillances d’entreprises en France, Altares Dun & Bradstreet remarque que le niveau de procédures collectives augmente très fortement dans presque tous les secteurs entre le 1er avril et le 30 juin 2022 en comparaison du 2ème trimestre dernier. Et la tendance ne devrait pas s’inverser.
Si le nombre de défaillances au deuxième trimestre reste globalement inférieur à celui du T2 2019, la hausse s’accélère assez fortement. En effet, par rapport à la même période de l’année 2021, le nombre de faillites d’entreprises a bondi de 49 %, avec un peu plus de 9 800 procédures engagées. « L’augmentation est nette, mais les niveaux restent encore inférieurs à ceux du printemps 2019 et ses 12 300 procédures », indique l’étude. Concernant les procédures de sauvegarde, leur nombre explose également et est au plus haut depuis 2018, augmentant de 75 %, avec 289 dossiers ouverts. Autre point d’inquiétude : les procédures de redressement judiciaire ne diminuent pas, bien au contraire (+55 % vs T2 2021) et représentent près d’un jugement sur quatre.
Les petites structures en délicatesse
Les jeunes entreprises sont les plus durement éprouvées, avec une explosion des défaillances (+136 % vs T2 2021) et 93 % des entreprises en cessation de paiement sont des TPE. Plus alarmant encore, le niveau de défaillances des PME est supérieur à celui du deuxième trimestre 2019. Altares dénombre 731 cessations de PME, contre 420 un an plus tôt (+74 %). Tous ces chiffres n’augurent rien de bon pour la suite et cela quelle que soit la taille et le secteur d’activité des entreprises. « Avec 800 entreprises qui tombent en défaut chaque semaine, les courbes laissent présager un total de 37 000 défauts sur l’année 2022 », prévient au demeurant Altares dans son analyse.
Paradoxalement, alors qu’elle enregistre généralement bon nombre de procédures, la région Ile-de-France résiste particulièrement mieux que la moyenne, avec une hausse de 28 % des défaillances au cours du deuxième trimestre. Les Hauts-de-France (+95 %), le Centre-Val-de-Loire, la Bretagne, la Normandie (respectivement +83 %, +80 % et +86 %) concentrent en revanche les plus fortes dégradations.
L’industrie manufacturière et l’agroalimentaire en grande difficulté
Le secteur de l’agroalimentaire peine à sortir la tête de l’eau et continue de plonger, avec 296 procédures ouvertes sur le deuxième trimestre 2022 contre 114 à la même période l’an dernier ; soit une hausse de 160 %. « Le secteur concentre essentiellement des artisans boulangers- pâtissiers qui portent la tendance globale » note Altares. La casse touche également l’industrie manufacturière, avec une hausse de 36 % par rapport au deuxième trimestre 2021. L’imprimerie, les activités du bois et matériaux de construction sont les plus tendues. La mécanique industrielle souffre aussi.
Le service aux entreprises et la logistique ne parviennent pas à sortir leur épingle du jeu
Une explosion significative des défaillances touche le secteur des transports et de la logistique, avec 432 procédures enregistrées contre 252 au T2 2021 (+70 %). Une agitation qui s’explique par les difficultés du transport routier de marchandises (+98 %). Concernant les services aux entreprises (+40 % de défaillances), les services administratifs aux entreprises, les activités de sécurité́, d’aménagement paysager et d’organisation d’événements sont aux abois.
La construction résiste un peu mieux
Dans le secteur de la construction, le nombre de défaillances augmente moins rapidement que la moyenne nationale. Mieux encore, le BTP enregistre un millier de procédure de moins vs 2019. Le gros œuvre se caractérise tout particulièrement par sa robustesse, le nombre de défauts augmentant seulement de 13 % par rapport à la même période en 2021. Le second œuvre ne connaît cependant pas la même fortune, subissant plus violemment les courroux de la crise, avec une hausse des défaillances de 47 % (soit 1141 procédures contre 774 en 2021). La situation est encore plus pénible pour les travaux d’isolation, de menuiserie bois et PVC, d’installation d’équipements thermiques et dans les travaux publics.
L’agriculture redresse la barre
L’agréable surprise revient au secteur agricole, qui voit la hausse des défaillances n’augmenter que de 8 % seulement. « Néanmoins, pour les activités de culture, en particulier celles de soutien aux cultures, l’augmentation de 44 % porte la sinistralité́ de ce 2e trimestre 2022 au-delà̀ de celle relevée au cours du même trimestre 2019 », conclut Altares.