En un an, le niveau des défaillances est reparti (fortement) à la hausse
Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité
En 2023, près de 55 000 entreprises ont fait défaut en France contre 1 270 en 2022, soit une hausse de 34,3 % selon les données publiées tout récemment par la Banque de France. La phase de normalisation se poursuit et elle est violente. Et rien n’indique qu’elle prendra fin dans les mois qui viennent …
En octobre dernier, sur neuf mois glissés, la France avait enregistré pas moins de 41 000 défauts. En fin d’année, ce sont, selon le décompte de la banque de France, plus de 55 000 entreprises qui ont défailli. Un seuil extrêmement élevé et qui n’avait plus été atteint depuis 2017. Évidemment, tous les secteurs de l’économie sont touchés et le mouvement de rattrapage, observé depuis plusieurs mois et la fin des mesures d’aides publiques pour soutenir les trésoreries, continue. Aucun secteur n’est épargné donc et, bien entendu, certaines filières sont particulièrement en souffrance, notamment celle de la construction. Celle-ci renoue déjà depuis quelques mois avec son seuil pré-Covid. Elle était pourtant parvenue à résister durant de long mois à la torpille. Mais le secteur a fini par rompre (+ 38,7 % vs 2022), avec quelque 11 660 entreprises qui ont défailli en cumul, contre 8 404 en 2022.
Toutefois, chose notable, le rythme des hausses globales des défaillances sur un an enregistre un ralentissement. Le nombre annuel de défaillances enregistré en 2023 par ailleurs reste encore sensiblement inférieur au niveau moyen enregistré sur la période 2010-2019 (59 342). Mais la majeure partie de cette décennie était caractérisée par une conjoncture économique morose.
Néanmoins, alors que plus de 55 000 entreprises ont défailli en 2023, « elles n’étaient » que 41 270 en 2022 (+ 34,3 % d’une année à l’autre). Des chiffres et des taux qui ont bien entendu de quoi inquiéter et la spirale ne devrait, malheureusement, pas prendre fin de sitôt. À moins d’un miracle … Les très petites entreprises sont évidemment les plus touchées par ce mouvement. Mais les ETI, elles aussi, souffrent. Elles étaient 57 en fin d’année 2023 à défaillir contre 33 en moyenne sur la période 2010-2019 et 27 en 2022. Une explosion qui interpelle, forcément.
Personne pour sortir la tête de l’eau
Le décrochage est visible. L’industrie manufacturière, comme le secteur de la construction, a souffert et pas qu’un peu. Les tensions restent particulièrement marquées dans les activités d’imprimerie, de fabrication de matériel médico-chirurgical ou encore de transport routier. Le secteur du transport et de l’entreposage a par exemple enregistré 2 264 défaillances en 2023 contre « seulement » 1 741 en 2022.
Les niveaux de sinistralité pour les autres secteurs n’avaient au demeurant plus été observés depuis plus de dix ans. Dans l’activité des services aux entreprises, la hausse des défauts est aussi frappante. Les entreprises sont touchées de plein fouet par le phénomène et beaucoup sont concernées par l’ouverture d’une procédure de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire. Du nettoyage de bâtiments aux activités de conseils de gestion, la vague emporte tout sur son passage. Et elle n’a visiblement pas fini de faire des dégâts. L’accumulation de dettes et les prévisions économiques, bien que l’inflation pourrait être moins importante et marquée, devraient encore peser et fragiliser les trésoreries des entreprises, notamment les plus petites.